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RÉVOLTE RÉVOLUTION RHÉTORIQUE RICHESSE SAGE, SAGESSE SAINT, SAINTETÉ SALUT SANCTION SAUVAGE SAVANT SAVOIR schisme schème SCIENCE

RÉVOLTE Mouvement de refus, se traduisant par des actes (souvent violents), qu’un homme, seul ou en groupe, oppose à sa condition présente.
RÉVOLUTION Etym. : l’accomplissement d’un cycle. En astronomie, les révolutions des planètes. Le mot a pris assez tard un sens politique : bouleversement radical, rapide et souvent violent, dans l’ordre social et les institutions politiques d’un pays. Cette acception politique conserve quelque chose de la signification originelle : la révolution n’opère pas seulement un changement du pouvoir, elle est censée clore une période, et en ouvrir une autre ; repartir à zéro. De toutes les révolutions : 1789, 1917, “Révolution nationale” de Vichy (même de Gaulle, en 1944, parle de révolution), aucune n’a échappé au fantasme de la “page blanche”, de la “table rase”.

RHÉTORIQUE Platon la définit comme « l’art de conduire les âmes par la parole ». C’est l’ensemble des techniques de persuasion, par tous les moyens dont dispose le discours. La rhétorique s’est constituée, depuis des siècles, en discipline technique très élaborée.
RICHESSE Notion qui déborde le domaine économique (richesse intellectuelle, culturelle, morale). Mais même dans l’ordre économique, ne pas conf. avec l’argent. Toute richesse n’est pas financière : la terre, les forces productives, la compétence, la population sont des richesses.
SACRE Est sacré ce à quoi il ne faut pas toucher. Autour du sacré sont élevées des barrières, réelles - comme les murs du temple ou de l’église - ou symboliques (des interdits) ; en deçà de ces barrières s’étend le domaine profane. Le sentiment du sacré est peut-être l’élément le plus essentiel de la religion, avant même la croyance en des divinités.
SACRIFICE Sacrifier, c’est toujours détruire, réellement ou symboliquement : sa vie, son bien, son amour, son bonheur. Mais une destruction n’est sacrifice que si elle est vouée à un être ou une valeur supérieurs (à soi-même, à ce qui est sacrifié) : Dieu, être aimé, patrie, honneur. Exemples du sacrifice : Vio-letta dans la Traviata de Verdi, Jean Valjean dans Les misérables de Hugo.

SAGE, SAGESSE L’idée de sagesse a un sens essentiellement pratique : « art de vivre la meilleure vie possible » (Marcel Conche). C’est la sôphrosunè grecque, à distinguer de la sophia, connaissance rationnelle, au contenu théorique. C’est pourquoi la traduction de philosophie par “amour de la sagesse” n’est guère satisfaisante. Mais Descartes fait remarquer que la sagesse va plus loin que « la prudence dans les affaires » ; il ne suffit pas, pour être un sage, de mener au mieux la barque de ses intérêts égoïstes. « Le sage est l’homme capable de répondre d’une manière compréhensible, voire satisfaisante, à toutes les questions qu’on peut lui poser au sujet de ses actes, et de répondre de telle façon que l'ensemble de ses réponses forme un discours cohérent. Ou bien encore, ce qui revient au même : le Sage est l’homme pleinement et parfaitement conscient de soi » (Alexandre Kojève). Celui qui n’a pas atteint cet idéal sera rangé, au mieux, parmi le vulgaire ; au pire sera taxé de folie (chez les stoïciens, en particulier). SAINT, SAINTETÉ C’est l’idéal moral de l’humanité, la vertu personnifiée. Mais il n’y a de sainteté que dans un rapport à la transcendance, à un absolu posés comme réels (Dieu, par ex.) : la sainteté est au fond une idée religieuse. Les philosophies pratiques les plus exigeantes, dans la mesure où elles ne fondent pas l’idéal de l’humanité sur une norme transcendante, ignorent la notion de sainteté (Spinoza, par ex.). -> Absolu, idéal, transcendance.
SALUT Le fait d’être sauvé (au sens des expressions : devoir son salut à..., la planche de salut). Faire son salut, c’est se sauver, ce qui suppose qu’on pouvait se perdre. La notion de salut répond donc à une conception fondamentalement binaire, c’est tout ou rien : sauvé ou damné, paradis ou enfer. C’est le pouce levé ou baissé des empereurs romains. Bien sûr, le salut est d’abord une notion religieuse ; mais perdre ou sauver son âme, cela peut aussi se concevoir hors de toute référence à Dieu ou à un au-delà. Les sagesses de l’Antiquité, celles de l’Orient, et même les rationalismes modernes les plus rigoureux sont pour une large part des pensées du salut (par ex. Spinoza).

SANCTION Conséquence d’une conduite, en tant que je mérite cette conséquence. La sanction n’est pas toujours punition, mais aussi récompense. La réussite à l’examen est la sanction d’une année studieuse. La sanction peut découler de ma conduite comme un effet naturel : j’ai mangé trop de tarte, la sanction est une indigestion. Elle peut aussi être administrée par une autorité : j’ai bien travaillé, je reçois un bon point ; j’ai mal travaillé, je suis interdit de sortie.
SAUVAGE Ce que la civilisation (humaine) n’a pas transformé. Est sauvage ce qui n’a pas été cultivé : une contrée, un homme. Vient du latin silva, la forêt (la forêt est par excellence la nature à l’état sauvage ; pour cultiver, il faut défricher). L’homme sauvage, bon ou méchant, est naturellement un mythe : « Il n’y a pas [...] de sociétés sauvages qui nous découvriraient l’homme en sa nudité primordiale, tel que tout juste advenu à lui-même, antérieurement au procès cumulatif de travail sur soi et sur l’environnement qui constitue la civilisation » (Marcel Gauchet). C’est à tort qu’on attribue à Rousseau la fiction du “bon sauvage” ; le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité dit tout autre chose.
SAVANT Celui qui sait. L’appellation de savant pour désigner l’homme de science a cédé la place à celle de chercheur. Evolution significative : la science a désormais conscience de se trouver devant une tâche infinie. Le vrai savant est celui à qui ce qu’il sait permet de mesurer l’étendue de ce qu’il ignore.
SAVOIR Savoir, c’est connaître. En ce sens, savoir s’oppose à ignorer, mais aussi bien à croire, en tous les sens du mot. Le savoir se distingue de l’ignorance, mais aussi de l’opinion ou de la foi. Il n’y a de savoir que vrai. Savoir, c’est savoir qu’on sait, et comment on sait. Alors que la croyance serait bien en peine de dire au nom de quoi elle croit. Je ne sais pas bien un théorème mathématique, si je ne sais pas comment je le sais, c’est-à-dire si je n’en connais pas la démonstration.
SCEPTICISME, SCEPTIQUE
Est sceptique celui qui suspend son jugement, c’est-à-dire déclare ne pas savoir, et ne pas pouvoir savoir. Le sceptique n’est pas celui qui nie ou critique telle ou telle thèse, car cela est encore affirmer qu’on sait (la fausseté de la thèse). Le scepticisme n’est pas une démission paresseuse devant les difficultés de la connaissance, ni une déception désabusée. C’est une position, fermement tenue et défendue par celui qui juge impossible de parvenir à une certitude.
Contr. : dogmatisme. -► Certitude, dogmatisme.
schisme Rupture d’une communauté religieuse, d’une Eglise, dont une partie se sépare en raison de désaccords sur le dogme ou de ses rites. Ex. : le schisme de 1054 qui a donné naissance, au sein du christianisme, à l’Eglise orthodoxe.
schème Presque syn. de schéma. Structure abstraite, le dessin d’ensemble d’un objet, d’un processus. Le schème ne conserve que ce qui est essentiel, général, pour laisser de côté le particulier, l’accidentel. Comme un schéma expliquant le fonctionnement du moteur à explosion néglige les détails propres aux modèles des différentes marques. -► Accident, essence, particulier.
SCIENCE Du latin scire, savoir. Mais il ne suffit pas de savoir quelque chose pour qu’on puisse parler de science. « Science, signifie un système de connaissances, c’est-à-dire une totalité de connaissances reliées ensemble, par opposition à leur simple agrégat » (Schopenhauer). La science est donc un savoir systématique. Les sciences particulières ne sont qu’une approximation de cet idéal. Car elles sont toujours en recherche, et jamais achevées. Une théorie scientifique est un schéma en attente de vérification, et toujours susceptible d’être rectifié, voire abandonné. Un discours ne mérite même d’être appelé scientifique que s’il s’expose à ce risque. Le discours figé, arrêté, assuré d’être définitif est par définition non scientifique ; c’est un dogme. La science, c’est la fin des sciences, aux deux sens du mot fin : les sciences visent à l’édification d’un système rationnel des connaissances, mais quand nous disposerons de la Science, nous n’aurons plus besoin des sciences. Ce qui n’arrivera sûrement jamais. -> Savoir.
SCIENCES EXPÉRIMENTALES Parmi les sciences, sont expérimentales celles qui peuvent et doivent recourir à l’expérimentation pour élaborer leurs connaissances. Par ex. : la physique, la chimie, la biologie. Mais pas les mathématiques ou l’astronomie. -> Expérimentation, science.

SCIENCES HUMAINES Autrefois (jusqu’au xixe siècle), l’expression désignait les sciences développées par l’homme (y compris les sciences de la nature). Aujourd’hui, on entend par “sciences humaines” les disciplines qui ont la réalité humaine pour objet : histoire, linguistique, sociologie, psychologie, démographie, économie,... Cette appellation fait difficulté, parce que la scientificité de ces disciplines est problématique. -> Scientificité.
SCIENTIFICITÉ, SCIENTIFIQUE Scientificité : caractère de ce qui est scientifique, de ce qui a valeur de science. “Scientifique” étant un titre valorisant, une dignité, un label d’objectivité, un grand nombre de disciplines cherchent à se parer de cette appellation. D’où la nécessité -comme pour le vin - de contrôler l’appellation, en définissant des critères de scientificité. -> Critère.
SCIENTISME « Etre scientiste, ce n’est pas croire en la vérité (relative) des sciences, c’est faire de la science une religion, autrement dit attendre d’elle la révélation d’un absolu, aussi bien théorique (la vérité en soi) que pratique (le bien objectif) : c’est prétendre retrouver, dans et par les sciences, cette conjonction du bien et du vrai que le Dieu défunt assurait » (André Comte-Sponville). Le scientisme s’est épanoui au XIXe siècle, au temps des plus beaux succès de la démarche scientifique ; il durera probablement autant que la science elle-même. -> Absolu, objectif, pratique, révélation, théorique.
SCOLASTIQUE Nom : on appelle scolastique l’enseignement (schola signifie en latin école) dispensé dans les universités européennes, de la fin du Moyen Age à l’époque classique (xe - xviie siècle). Cet enseignement, unifiant théologie et philosophie, avait fini par se figer dans le commentaire servile des œuvres d’Aristote. L’adj. “scolastique”, nettement péjoratif, sert à qualifier une doctrine ou un enseignement dogmatiques, enfermés dans la répétition de la tradition, fermés à la recherche et à la remise en question.
SÉMANTIQUE La sémantique est la partie de la linguistique qui étudie les problèmes de signification des mots.


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