Devoir de Philosophie

L'OCCULTISME (dossier)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Comme pour la plupart de ces sociétés, l'histoire véritable de la

Fraternité des Rose-Croix est d'autant plus malaisée à reconstituer que

la plupart des témoignages écrits qui s'y rapportent sont hautement

suspects aux yeux d'un historien moderne. Ils sont l'oeuvre d'occultistes

soucieux de rattacher leurs propres pratiques à une tradition aussi

ancienne que possible, parfois de rivaux ou d'adversaires enclins à

contester l'authenticité des rites initiatiques concurrents. Les textes

récents, qui font remonter les sociétés secrètes actuelles soit aux mystères

grecs, soit à la construction du temple de Salomon (comme font les

francs-maçons), reposent plutôt sur le désir de leurs auteurs que sur des

preuves historiques. Par contre, nous l'avons vu, les doctrines hermétistes

et gnostiques qui ont trouvé leur plus riche expression chez les

alchimistes de la Renaissance peuvent revendiquer à bon droit l'héritage

de la kabbale et celui des philosophes hellénistiques, retrouvé grâce aux

Arabes. Cet héritage fut-il déjà recueilli par les Templiers, comme

l'affirment certains auteurs ? L'initiation chevaleresque, comme le note

Luc Benoist, possédait un caractère ésotérique. En Terre sainte, les

Templiers eurent avec l'Islam des contacts qui n'étaient pas toujours

guerriers. L'anéantissement brutal de leur ordre par les rois de France

comporte une part d'inexpliqué qui a favorisé les extrapolations les

plus fantastiques. Il en a été de même de l'extermination des Cathares.

Dans l'un et l'autre cas s'est propagé jusqu'à nos jours, abondamment

repris ces dernières années par des auteurs à succès, le mythe du trésor

caché à la fois spirituel et matériel, où l'on peut reconnaître un des

archétypes de l'occultisme, proche parent de la pierre philosophale et

de l'illumination suprême réservée aux initiés des sectes gnostiques.

Mais même en écartant les interprétations hasardeuses des commentateurs

complaisants, on trouve, à travers des oeuvres littéraires connues

et des productions artistiques, la persistance de thèmes ou de symboles

qui attestent, comme en pointillé et dans une sorte de film interrompu,

la continuité souterraine d'une tradition occultiste.

« R ien n'est plus difficile, sinon impossible, que de cerner claire­ ment ce qui, par nature, se donne pour secret et caché.

Le langage de la pensée logique, né de la philosophie grecque et affiné depuis la Renaissance par l'effort patient vers une connaissance rationnelle de l'univers, semble inapte à donner une définition univoque d'un ensemble de pratiques et d'attitudes d'esprit qui revendiquent précisément un autre mode de connaissance, souvent présenté comme supérieur à la pensée rationnelle et transcendant la science.

En s'es­ sayant à une description objective de l'occultisme, on risque de se trou­ ver à chaque pas en contradiction avec tel ou tel aspect d'une doctrine occultiste ; péril d'autant plus malaisé à éviter qu'à l'intérieur même de ce domaine obscur abondent les contradictions, les imprécisions, voire les condamnations réciproques.

Et l'on risque à peine moins de choquer ou d'irriter certains adversaires farouches de l'occultisme, héritiers du scientisme du siècle dernier, qui épuisent contre leurs ennemis les flèches du carquois rationaliste, en s'étonnant naïvement de leur inéfficacité.

Mais, à quelques coups qu'on s'expose, il vaut la peine d'en parler, puisque l'occultisme existe.

Il fleurit depuis des millénaires, il conti­ nue de prospérer dans nos sociétés occidentales, au point de donner l'impression d'un renouveau de vigueur.

La question demeure ouverte de savoir s'il s'agit d'une résurgence réelle ou seulement d'un affleure­ ment plus visible, lié aux mutations culturelles de notre temps.

Les artistes magdaléniens gravaient sur les parois de leurs cavernes des silhouettes de bisons percés de traits.

Si prudente que doive être notre interprétation de l'art préhistorique -Leroi-Gourhan l'a prouvé - nous pouvons tenir pour probable que ces images préfiguraient, prépa­ raient la réalité souhaitée.

Aujourd'hui même, à Paris, à Toulouse ou à Los Angeles (ces noms ne sont pas tout à fait choisis au hasard), des envoûteurs percent d'aiguilles, à la demande du client, une poupée figu- 1. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles