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Analyse du tableau de Piero della Francesca : Conversation Sacrée

Publié le 22/02/2012

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Dès ses premières oeuvres, on voit que Piero della Francesca privilégie les couleurs claires et lumineuses qui viennent probablement de sa formation florentine auprès de Domenico Veneziano. Il adopte sans l'ombre d'un doute les canons en vigueur à la Renaissance, puisqu'il applique les règles de perspective qu'il souligne en situant les scènes dans le cadre de majestueuses architectures de goût classique. Piero tend à réduire les figures à des formes idéales, solides et droites comme des colonnes ; il se montre par ailleurs très attentif au niveau de la représentation des détails et du paysage. Or, cette dernière caractéristique lui vient en droite ligne des oeuvres des peintres flamands qui se trouvaient à la cour de Ferrare et d'Urbin. Les oeuvres de Piero della Francesca sont riches en symboles et en significations cachées, ce qui laisse supposer qu'elles s'adressaient aux commettants cultivés des cours seigneuriales italiennes. Ce grand retable, à l'origine plus grand que le tableau actuel, fut exécuté par Piero della Francesca vers 1472 pour Frédéric de Montefeltro, duc d'Urbin. La tableau se trouvait dans l'église Saint-Bernardin à Urbin. Il fut probablement commandé par le duc de Montefeltro et par sa femme Battista Sforza pour célébrer la naissance de leur fils Guidobaldo. Ce tableau apparaît comme le sommet du parcours artistique de Piero della Francesca, peintre natif de Borgo San Sepolcro, qui travailla longuement à la cour d'Urbin.

« Dans la cuvette de l'abside, en forme de coquillage, est suspendu un oeuf d'autruche, emblème chargé de sens,évoquant la naissance et la résurrection du Christ, ainsi que la maternité de Battista Sforza, commanditaire duretable avec son mari Frédéric de Montefeltro. On reconnaît le duc dans le soldat armé agenouillé devant la Vierge ; devant le trône de la mère de Dieu, le puissantseigneur a déposé son bâton de commandement. Le pivot de la composition est l'Enfant Jésus endormi, dont le sommeil préfigure la crucifixion. En vertu d'une iconographie qui s'affirme à la Renaissance, l'Enfant Jésus est nu et porte un collier de corail autourdu cou. Dans la troupe nourrie d'anges et de saints qui entourent la Vierge, on peut voir à gauche l'effigie de saint Bernardinde Sienne, protecteur de l'église à laquelle le tableau était destiné. A côté de lui, saint Jérôme qui frappe sa poitrine d'une pierre en signe de pénitence, et saint Jean-Baptiste. De l'autre côté figure sain François qui montre les marques des stigmates. Derrière lui on entrevoit la tête massacrée de saint Pierre, martyr dominicain, tandis qu'à côté de lui figure unévangéliste.

Le tableau est peint dans le respect de la perspective, avec un point de fuite central, situé à la hauteur des yeuxde la Vierge. Il avait sans doute des dimensions plus importantes, et toute la scène convergeait vers le point où figure l'oeufd'autruche. La Vierge figure exactement à la verticale de l'oeuf, et son visage ovale reproduit la forme parfaite qui la surplombe. L'harmonie de la composition dérivait de la répétition d'un schéma circulaire, évident surtout dans l'architecture. En effet, la disposition des saints autour de la Vierge fait écho à la structure semi-circulaire de l'abside. Ce tableau devait être placé sur le maître-autel de l'Oratoire de Saint-Bernardin, construit selon des canonsrenaissants par Francesco di Giorgio. L'intérieur de l'oratoire, avec de grands arcs en plein cintre encadrant l'espace de l'abside et des chapelles latérales,présente beaucoup d'affinités avec l'architecture représentée par Piero dans le retable de Brera. Piero della Francesca travailla longtemps pour les seigneurs d'Urbin, et réalisa différentes oeuvres, parmi lesquelles laFlagellation, actuellement à la Galerie Nationale de la ville. Le peintre exécuta un double portrait des deux époux, Frédéric de Montefeltro et Battista Sforza, actuellement auxOffices. L'invention de Piero della Francesca, qui consiste à situer la conversation sacrée destinée à l'église Saint-Bernardindans une grande niche architecturale sera amplement reprise par les peintres vénitiens de la fin du XVe siècle,comme le démontre le retable de San Giobbe peint par Giovanni Bellini.. »

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