Annie Fratellini, l'auguste pionnière

pourrait ainsi pallier les insuffisances de la formation dues à la dislocation des grandes équipes traditionnelles : apprentissage et transmission spontanés, qui prévalaient naguère, n’ont pu survivre après l’effondrement des dynasties du cirque. « Il était normal que ce soit une Fratellini qui se batte pour une école du cirque », écrit Annie Fratellini dans ses Mémoires (Destin de clown). À ceux qui doutent de la nécessité de professionnaliser les métiers de la piste, le couple répond que l’URSS s’est dotée dès les années vingt d’une école de ce type, une innovation qui n’est certainement pas étrangère à la réputation internationale du cirque russe.

L’école du cirque Annie Fratellini-Pierre Étaix ouvre ses portes en 1974. L’année suivante, les élèves présentent leur premier spectacle au Festival d’Avignon. En 1977, l’école, qui vient de créer un diplôme reconnu par l’Éducation nationale, installe son chapiteau à la Villette. Au cours des années quatre-vingt, Annie Fratellini et son compagnon mettent en place un enseignement pluridisciplinaire, et se montrent soucieux de réintroduire une dimension artistique dans les performances

Annie Fratellini appartenait à l'une des plus grandes dynasties du cirque. Aux côtés de son mari, Pierre Etaix, qui lui a redonné foi en un métier qu’elle croyait condamné, elle n’a pas ménagé ses efforts, jusqu’à sa mort survenue le 1er juillet 1997, pour créer et développer une école du cirque de renom. A travers celle-ci, et grâce à ses talents d’artiste clown, de musicienne, de comédienne, elle aura réussi à insuffler une vitalité nouvelle à la tradition déclinante de la piste.