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ANTOINE WATTEAU, GILLES

Publié le 18/05/2011

Extrait du document

  • 1684-1721 
  • Ecole Française
  • Inventaire: M. I. 1121 
  • Toile; H. 1,84 — L. 1,49

« WATTEAU 1684-1721 LA renommée de Watteau, le peintre le plus exquis de l'école française du XVIIIe siècle, a passé par des alternatives d'admiration et de décri qui jettent un jour curieux sur les variations du goût.

Ses contemporains lui rendaient justice.

Il trouva, jeune encore, de chauds partisans par­ mi les amateurs et les marchands.

Il suffit de rappeler son ami Jean de Jullienne qui lui éleva après sa mort le plus durable monument en faisant graver à ses frais la majeure partie de son œuvre peint et dessiné, le financier Pierre Crozat qui lui ouvrit sa galerie de tableaux italiens et ses portefeuilles de dessins ou encore Gersaint qui lui commanda la plus fameuse des ensei­ gnes pour sa boutique du Pont-Neuf.

La pastelliste vénitienne Rosalba Carriera parle avec enthousiasme de « l'inimitable M.

Watteau», et le roi de Prusse Frédéric II, qui rafla ses meilleures toiles en recommandant toutefois à ses rabatteurs de bien marchander, confesse qu'il« préfère les touches de Watteau à celles de Rembrandt ».

Brusquement, vers r 745, le goût change.

L'antiquomanie commence à exercer ses ravages.

L'archéologue Caylus reproche aigrement à Watteau d'être incapable de composer« rien d'hé­ roïque ni d'allégorique, encore moins de rendre les figures d'une certaine grandeur>>.

Diderot déclare avec une risible assurance: «Je donnerais dix Watteau pour un Teniers».

Pour les Davidiens, le maître de l'Embarquement pour Cythère n'est qu'un «peintre de bambochades».

Cette incompréhension s'est prolongée pendant cent ans.

C'est aux frères de Goncourt que revient le mérite d'avoir «revalorisé» l'œuvre de Watteau en le remettant à sa vraie place parmi les plus grands génies de l'école française, entre Poussin et Delacroix.

PouR comprendre Watteau, il faut commencer par écarter l'idée naïve et radicalement fausse de ceux qui se représentent l'homme d'après ses tableaux, sous les espèces d'un élégant cavalier, coquetant et marivaudant avec de jolies femmes dans une Cour d'amour, cueillant voluptueuse­ ment les roses de la vie.

Il en a surtout connu les épines.

Ce prince charmant était le fils d'un pauvre couvreur de Valenciennes.

Cet épicurien était un malade, un valétudinaire fiévreux, de tempérament instable, atrabilaire qui mourut phti­ sique à 37 ans.

Il suffit de regarder son portrait dessiné par lui-même et gravé par Boucher: ce visage hâve, ces pommettes saillantes, ces joues creuses, ce regard triste, ces lèvres amères, pour diagnostiquer sa maladie.

En réalité, ce peintre de la joie de vivre dans le décor le plus riant et le plus raffiné a vécu comme un condamné à mort.

Si la fièvre qui le consumait a assombri son caractère, elle a en revanche mûri précocement son génie; elle l'a surtout affiné, aristocratisé.

Un Watteau bien portant n'aurait été peut-être qu'un vulgaire Lancret.

Ajoutons que le sentiment de la brièveté de la vie, de l'imminence de. »

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