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Arts primitifs de 1930 à 1939 : Histoire

Publié le 17/12/2018

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Dans Tintin au Congo, qui paraît en noir et blanc en 1931, le célèbre petit reporter est accusé (à tort, bien entendu !) par le vilain sorcier des «Babaoro’m» de lui avoir volé son fétiche sacré. Il est probable que le maréchal Lyautey aurait bien ri si l’on avait osé lui faire le même grief, tandis qu’il inaugurait la même année à Vincennes «son» Exposition coloniale. Tout, dans cette gigantesque cérémonie à la gloire de l’Empire français, respire la bonne conscience et même, du moins dans les discours, la bonne volonté. «Coloniser, proclame Lyautey dans le numéro spécial de l'IIllustration, c’est gagner à la douceur humaine les cœurs farouches de la savane et du désert.»

 

Avec sa reproduction grandeur nature d’Angkor Vat, ses quatre hectares réservés à la seule A-OF et ses 22 600 000 visiteurs (autant dire tous les Français en mesure de se déplacer), l’«Expocolo» est d’abord une grande parade militaire, mais aussi surtout l’étalage impressionnant du «butin» qui s’amoncelle dans l’énorme bâtiment central (alors futuriste par l’usage inédit du béton) de Lapradc et Jaussely: seul vestige de l’événement encore visible aujourd’hui, ce «musée des Colonies1» sera solennellement rebaptisé en 1960 par Malraux, aussitôt après la proclamation des indépendances, «musée des Arts africains et océaniens». Malgré la richesse de ses collections, ce musée n’est une nouveauté ni dans l’esprit ni dans la forme : ce sont les Belges qui ont fait œuvre de pionniers. Le roi Léopold II, fasciné par l’Afrique, a dès 1897 posé les fondations et réuni les collections du célèbre musée du Congo à Tervuren, aux portes de Bruxelles. Le pays de Tintin peut aussi s'enorgueillir d’avoir produit l’archétype du «collectionneur d’art nègre» à titre privé puisque, dès 1900, un curieux esthète du nom de Pareyn arpente les quais d’Anvers à la recherche de ces «fétiches» dont les formes étranges vont exercer une influence considérable sur l'art du xxc siècle.

 

En 1906, Derain visite la salle «ethnologie» du British Muséum, puis achète à Vlaminck une de ces statuettes Fang du Gabon que l’on trouvait alors aux puces pour trois sous et qui, aujourd’hui, font aux enchères des millions de francs. Braque, Lhote, Maillol,

histoire

« ARTS PRIMITIFS.

Les objets vemts d'Afrique entltuusiasmelll peimres et intellectuels qui rejeuem, tlll nom de at urt • premier •.

l'académisme e1 le formalisme européens.

Ils rl'l ie n nem fJOr ailleurs /'awmtion des nlmologues.

Ci-comre: Bakola du Gabon (Haut Ogooue); Cl'l objet rituel ffi bois.

recouvert de feuilles de métal douées.

représente une figure gartfinme des ossemems tl'tmcêtres cOIIIl'llltS dans le panier qu'elle surmOI///'.

© D.

Destahlt• · t\1ttsét, de /'Hommt• ARTS PRIMITIFS.

Um• image ramenie par la mission Dakar-Djibouti: la réparatio11 des poteries avec de /'albuplaste.

©M.

Griaule· Musée de l'Homme utilitaires, il faut extraire les caractères esthétiques.» Avec Paul Rivet et Michel Leiris, il transformera ce vieux Trocadéro en «musée de l'Homme» à l'occasion de l'Exposition de 1937, qui marque à la fois la rupture avec !'«exotisme colonial» et l'entrée en scène des peuples colonisés comme parties prenantes d'une histoire universelle.

Au cours des années trente, donc, les publications et les expositions se succèdent, réévaluant sans cesse un domaine dont la richesse s'affirme.

Les Parisiens découvrent l'art du Bénin en 1932, les New-Yorkais The African Negro An au musée d'Art moderne en 1935, ainsi que les Anversois en 1939.

Les premiers ouvrages docu­ mentés paraissent sous les signatures aujourd'hui prestigieuses d'A­ dolphe Basler (l'Ar! chez les peuples primitifs, 1929), Dennis Duerden (African Art), Charles Ratton (Masques africains, 1931), Karl Kjiers­ meiers (Centres des scy/es de la sculpture africaine, 1935) et bien sûr Michel Leiris dont l'Afrique fantôme (Gallimard, 1934) sera long­ temps la bible des africanistes.

Mais les personnages les plus influents de cette marche passionnée vers l'universalisation de l'art, cc ne sont ni les artistes, ni les esthètes, ni les ethnologues ...

LEs «ANCÊTRES» AUX ENCHÈRES Car depui� la fin du XIx• siècle, le marché de l'art a établi sa règle du jeu, et les. »

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