AU THÉÂTRE DE DAUMIER

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AU THÉÂTRE 1860 Peintre français XJxe siècle Huile sur toile 98 x 90 cm ----------------------------- Anal yse • Daumier a consacré au théâtre bon nombre de toiles où figurent tant les interprètes que les spectateurs.

Ici, au premier plan à gauche, on peut voir dans la pénombre un auditoire tenu en haleine par J'action dramatique représentée sur la scène illuminée.

Daumier est considéré comme l'un des plus grands témoins de son époque.

Même s'il peut être rattaché à la veine réaliste qu'exprima Géri­ cault dans ses portraits , et s'il puisa l'essentiel de son inspiration dans la réalité sociale, Daum ier reste un artiste isolé dans les œuvres duquel on peut discerner une inquiétude fondamentale , un sens tragique de la vie dans les grandes villes.

Dans Au Théâtre, on retrouve cette tendance dans les tonal ités sourdes , la prédilection pour les grandes masses, l'at mosphère parfois fuligi­ neuse noyée dans un clair-obscur diffus.

Ses déformations grotesques font penser à certaines œuvres tardives de Goya comme les « dessins noirs », ou les fameuses peintures de la Quinta del Sordo, mais indubitablement les œuvres de La Fontaine , d'Homère et de Cervantès ont stimulé sa fantaisie.

La méthode de travail de Daumier est d'ailleurs plutôt instinctive, hâtive, et remonte à son habitude du travail sur pierre lithograph i que, rapide, journali s tique.

Un pein­ tre qui travaille de mémoir e, jamais sur le vif, étranger par conséquent aux nouveautés de l'im­ pressionnisme , à une époque où ses confrères découvraient le soleil, la nature , l'air pur.

L'œuvre C L'état de conservation du tableau n'est pas des meilleurs : la peinture est quelque peu écaillée.

Ce problème est malheureusement fréquent dans les œuvres de Daumier qui travaillait souvent hâtive­ ment , sans grand souci de perfe ction technique .

Le peintre tira lui-même une lithographie de ce sujet, ave c quelques variantes, publiée dan s Le Charivari en 1864.

Da umier et le co nci erge Ana tole + Le concierge de Daumier , un nommé Ana· tole, était un homme inquiet.

Interrogé par l'ar­ tiste, il avoua un jour qu'il adorait l'opéra· comique mais qu'il était trop pauvre pour y aller.

Daumier lui répondit que lui-même, tout en pouvant y entrer gratuitement, n'y allait jamais : par des libations si abondantes qu'il arrivait complètement iv re au théâtre , interrompant les acteurs, tapant sur Je ventre de ses voisins en criant «Nous autres notaires ! » et chantant à gorge déployée.

C'est ainsi que le brave Anatole fit rayer Je nom d'Honoré Daumier de la liste des entrées permanentes et naître sa réputation de franc buveur ! Du même peintre : PICTO 683 à 689 Photo Artothek, Munich.

e Nardini Editore, 1992.

VPC Larousse-Laffont pour l'édition f rançaise 1992 16-25. »