Baroque et classicisme
Publié le 17/01/2022
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Expliquez et appréciez ce parallèle entre baroquisme et classicisme par Gabriel Rey (Humanisme et surhumanisme, 1951) : «Le classicisme est artificiel pour une bonne part, mais il est simple, comme le vrai qu'il veut atteindre et exprimer. Le baroquisme est naturel, mais vise à l'effet. Exprimant la sensation, il cherche la sensation. Il n'est pas soucieux de l'œuvre elle-même, mais de la surprise qu'elle provoquera, de l'impression qu'elle fera. Encore une contradiction de l'esprit surhumaniste se réclament du naturel et de la sincérité, et les trahissant pour l'effet à produire.« Dans son livre Baroque et renaissance poétique (José Corti.1955), Marcel Raymond, étudiant «la formation des sentiments et des attitudes qui ont rapport au baroque«, estime qu' «il ne peut s'agit que d'un certain potentiel vital ou spirituel qui exige d'être dépensé, d'une certaine tension, ou poussée élémentaire, qui draine les puissances de la vie et les force à se manifester spontanément par des structures et des formes auxquelles la stabilité sera probablement ce qui manquera le plus. Une sorte de «Sturm und Drang«, un enthousiasme premier, antérieur même à toute détermination d'idées ou de sentiments, à toute vision, à tout choix délibéré dans la riche étoffe du monde ou dans le répertoire universel des symboles, voilà ce qui devrait conduire naturellement à l'expression baroque. Il arrive que ce dynamisme profond se soumette à la mesure. Un freinage, un filtrage, une concentration des pouvoirs humains, une croissante maîtrise de l'esprit, une multiplication des gênes opposées à la diffusion psychique peuvent imposer progressivement à une création qui semblait le refuser, un style classique.« Que pensez-vous de cette façon de voir le passage du baroque au classicisme ? Comment répondriez-vous à cette question posée par Jacques Roger {XVIIe siècle français. Le Grand Siècle, Seghers, 1962) : «Qu'est-ce que le baroque ? Est-ce une passion pour la vie jaillissante ou pour l'ordonnance grandiose et théâtrale, un abandon aux ivresses des sens ou le triomphe du trompe-l'œil, une mélancolie un peu morbide ou le goût des constructions monumentales ? Est-ce, enfin, autre chose qu'un anticlassicisme ?« «(Le baroque) s'éparpille comme l'eau, il se multiplie, s'élance, rebondit, se déverse en cascades, se divise en ruisselets. Il court, ne se laisse pas prendre, sourd à nouveau après avoir disparu. De la chambre d'Arthénice aux cabarets des goinfres, des cercles gassendistes aux tréteaux de Tabarin, canons, rubans, dentelles, coups d'épée, point d'honneur, il est là, comme l'eau tant aimée des poètes du temps parce qu'elle leur ressemble trop. Toutefois, de ces eaux diversifiées le classicisme, après les avoirs canalisées, adoucies, apprivoisées, groupées, fera jaillir ses grandes eaux.« (Cl. G. Dubois, Le Baroque, profondeurs de l'apparence, Larousse, 1973.) Cette image vous semble-t-elle rendre compte de l'évolution du baroque au classicisme ? «En présence des manifestations dites baroques, il faut avant tout essayer d'oublier les critères et les valeurs définis à propos du classicisme ; en effet, si le classicisme est un art de l'objet regardé, entendu ou lu, le baroque est un système complexe qui veut mouvoir pour l'émouvoir le sujet regardant, entendant et lisant, par un appel, une provocation s'il le faut, au terme desquels le spectateur se transforme en un acteur du drame. Dans le baroque, il y a prédominance du point de vue du sujet sur l'autonomie de l'objet. Il n'y a donc pas d'opposition entre le baroque et le classique, mais une différence fondamentale de point de vue ; entre les deux regards, il n'y a pas une contradiction mais une altérité irréductible.« (B. Chédozeau, Le Baroque, Nathan, 1989.) Pensez-vous qu'il y ait cette «différence fondamentale« entre baroque et classicisme ? «Il y a un héros baroque, semble-t-il, dans des personnages qui cherchent les situations et les conflits extrêmes pour s'imposer aux autres dans le bien ou dans le mal ; ils puisent dans cette attitude de défi leur satisfaction majeure ; et, selon notre analyse, les plus significatifs de ces héros seraient ceux qui sont représentés comme tentant de faire revivre en eux un idéal antérieur. Ces héros se livrent à d'extraordinaires exploits non pour restaurer l'ordre du monde ou pour vaincre le mal, mais pour affirmer une identité peut-être indécise et angoissée. Chez le héros baroque, il y a plus que chez tout autre héros, le souci du regard des autres ; cet être qui se veut ou se sent d'exception s'entoure de faste et d'ostentation. On le lie généralement à la mentalité féodale et noble ; on peut le rattacher aussi à une mentalité tridentine qui fait jouer au clerc, face au laïc, un rôle majeur, et l'honnête homme que la France oppose très vite au héros baroque sera un laïc revendiquant la plénitude de ses droits et un domaine propre, soustrait au regard du clerc. Sans être un pédant ou un cuistre, l'honnête homme s'intéressera à la culture de son temps, aux sciences - ce qu'ignore le héros baroque, être de conviction pour qui le Livre n'est pas une occasion de savoir mais une possibilité d'affirmation de soi. Cette volonté de revendication d'un champ autonome du laïc est au cœur de l'attitude des gallicans dans leur lutte contre les ultramontains partisans de Rome et du Saint-Siège ; alors que le héros baroque n'est pas lié à la terre, à un espace défini, l'honnête homme sera très vite l'homme d'une nation et plus encore d'une patrie.« B. Chédozeau, Le Baroque, Nathan, 1989.) Etes-vous d'accord avec cette comparaison entre le héros baroque et «l'honnête homme« classique ?
«
Le Jeune Mendiant de Murillo, 1645, musée du Louvre .
Comme le Caravage, Murillo peint des personnages populaires avec un grand réalisme et des effets de lumière saisissants.
Une peinture à effets
En peinture, Pietro da Cortona décore
de fresques monumentales les plafonds
du palais Barberini.
Annibal Carrache,
originaire
de Bologne, recouvre la voûte
de la Grande Galerie du palais Farnèse
de scènes mythologiques.
Le Caravage donne
un rôle déterminant au contraste entre
l'ombre et la lumière dans ses tableaux
poignants ; il
est aussi le premier peintre
italien à s'intéresser à la nature morte.
Le caravagisme, avec son réalisme
et son luminisme, trouvera de nombreux
adeptes dans l'Europe entière.
La façade occidentale de la basilique
Saint:Jacquesde-Compostelle est l'œuvre de /'architeae baroque Fernando Casas y Novoa .
En Espagne
En Espagne, puissant foyer catholique, l'art
reflète l'exaltation religieuse de l'époque.
En architecture, la décoration surchargée
du baroque se retrouve à Saint-Jacques
de- Compostelle.
Jose Churriguera couvre
de statues et de colonnes torsadées
le retable de l'église San Esteban,
à Salamanque.
Les statues des processions
sont d'un pathétisme émouvant.
En peinture, Zurbaran, Ribera ou Murillo
s'inspirent du clair-
obscur et
du réalisme
douloureux
du Caravage.
En France
résiste
au baroque européen .
Mais elle est tout
de même touchée par le mouvement
comme le montrent à Paris l'église
Saint-Paul-Saint-Louis, édifiée
par le jésuite
Étienne Martellange,
et l'église
du Val-de-Grâce, commencée en 1645
par François Mansart.
Pour le parc
de Versailles, Pierre Puget réalise
des sculptures qui lui valent le
surnom
de Bernin français .
Le clair-obscur du peintre
Georges de La Tour s'inspire du caravagisme.
Les frères Le
Nain peignent les paysans
avec beaucoup
de réalisme, et l'œuvre
de Simon Vouet est man i festement proche
du baroque.
En Europe du Nord
et du Centre
Le baroque est le style impérial de Vienne
et celui de Prague .
L'Angleterre , quant à elle,
protestante et puritaine, résiste au baroque ,
mais les
constructions de Christopher
Wren , après l'incendie de Londres
en 1666, s'inspirent de celles
de Francesco Borromini , architecte italien.
En Hollande, nombreux sont les peintres
qui vont se former à Rome.
L'architecture
est hostile aux formes baroques , mais l'art
de Rembrandt avec ses effets de lumière
dénote un goût pour la peinture italienne.
Il en est de même dans les Flandres
avec le style
violent et coloré de Rubens.
EN SAVOIR PLUS
LE ROCOCO
Au début du xvm• siècle, en réaction contre le
classicisme de la Cour, naît à Versailles le style
rococo, une forme exubérante du baroque
qui s'étend
dans toute l'Europe.
La peinture
s'éclaircit, les murs et les boiseries dorées se
couvrent de rubans, de fleurs, de coquillages
ou de rocaille (d'où son nom).
Oppenordt et
Meissonnier sont les initiateurs de ce style,
qui s'épanouit sous le règne de Louis XV.
En
peinture, l'amour et ses frivolités sont les
thèmes favoris de Watteau, Fragonard et
Boucher..
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