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Courbet : UN ENTERREMENT À ORNANS

Publié le 14/09/2014

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Avec cette scène sans grandeur située dans un lointain bourg de province, Courbet tire «son premier coup de canon«. Le scandale — qui contribue au succès — embrase le Salon de 1850-1851 où le tableau est exposé. La plu­part des critiques dénoncent le «culte rendu à la laideur«, la «glorification de la vulgarité, de la trivialité odieuse'. La toile, présentée avec une autre à l'argument tout aussi médiocre, les Casseurs de pierres, devient, malgré l'artiste, le symbole de la nouvelle esthétique réaliste, à laquelle la plupart des critiques refusent leur soutien. À l'Enterrement est reproché son sujet commun, mais aussi la laideur des figurants. Les cibles préférées des commentateurs sont les bedeaux avec «leur trogne frottée de ver­millon, leur attitude avinée«. L'un des cri­tiques voit dans la toile une «caricature ignoble et impie«, réunion de masques grima­çants à la manière d'Honoré Daumier, d'autant plus insupportable qu'elle prend pour prétexte une circonstance qui devrait être entre toutes sacrée.

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« «Des panathénées modernes» Travaillant à son tableau dans le grenier d ' Omans , Courbet remarquait: •Je travaille à l'aveuglotte, je n'a i aucune reculée •.

Les cri­ tiques du temps , qui voient le tableau dans une salle étroite, auraient pu dire de même.

Dignement installé au Louvre, puis au musée d'Orsay , Un enterrement à Ornans est visible désorma is avec tou t le recul nécessaire, qui permet de juger l'œuvre dans son e nsemb le, comme le voulait l'artis te, au lieu de s'arrêter seulement aux détails.

Aucun tableau de Courbet ne montre , mieux que celui -ci, toute la science du peintre.

Visiteur assidu de la galerie espagnole du Louvre où le roi Louis­ Philippe, jusqu'en 1848, exposait son admi­ rable collection d'œ uvres espagnoles, Courbet Cett e hu il e s ur t oile d e format monum ent al (3 15 cm d e ha ut et 668 cm de larg e), peinte en 184 9, a f igur é a u Sa lon de Par is en 1850 - 185 1 apr ès a voir été ex posée à Ornan s, puis à Besa nç o n et à Dijon dan s la pre mière mo itié d e l'a nnée 1850 .

Apr ès la mort de Co urb e t, l'œ u v re pas sa dan s la c ollec ti on de sa s œur Jul iette, h é rit ière d u peintre.

Elle en fit don à l'État en 1881 , de so rte qu' Un enterr em en t à Orn ans entra a u Lou vre en 188 2, au grand d am de quelque s c ritiqu es.

L 'œ uvre est co nse rvée a uj ourd 'hui a u m usée d' Orsay.

Un enterrement à Ornans, Gustave Courbet (Paris, mu sée d 'Orsay ).

en garde le souvenir.

Il l'exprime dans le sujet choisi - la mort, comme dans le célèbre tableau du Greco , /'Ente rrement du comte d'Orgaz, qui ne faisait pas partie de la collec­ tion de Louis-Philippe mais que Gustave Courbet ne pouvait ignorer - et dans le tra­ vail contrasté des blancs et des noirs, appris, par exemple , de Velazquez.

Mais le pein tre se souv ient aussi des œuvres hollandaises.

Il a voyagé en Hollande en 1847, e t a vu les grands tableaux de Frans Hals ou de Rembrand t représentant des compagnies, des syn dics ou autres bourgeois réunis en assem­ blées solennelles de confréries dans le cos­ tume de leur fonction .

I!Enterrement n'est pas sans parenté avec ces anciens portraits de groupe et cette ressemblance est ainsi justifiée par Champfleury: •On dira que les bourg­ mestres et les échevins d'Amsterdam sont des gens importants; mais le maire d'O rnans , l ' adjoint d'Ornans, [ ...

] le chien d'un rentier d'Ornans n'ont-ils pas l'importance historique L es Casseu rs de pierres , Gustave Courbet (œuvre détruite).

de bourgmestres et d'éc hevins flamands? • Ajoutons à ces réminiscences , qui donnent au tableau ses lettres de noblesse, le groupement irréaliste des personnages qui forment une frise digne des œuvres antiques en arrière de la fosse et le crâne humain qui , sur le rebord de celle-ci, rappelle le crâne d'Adam rep ré­ senté par tous les anciens peintres dan s l es Crucifixion.

Ces éléments montrent quelle dis­ tance Co urbet a vou lu établir entre son œ u vre et la scène de genre.

Le suje t qu'i l a repré­ senté, loi n d'ê t re trop prosaïq u e, garde le mystère des cérémonies.

Courbet ne peignait pas d'anges parce que, disait-il , il n'en avait jamais vu.

Mais c'est aussi l'insaisissable que le maître du réalisme choisit ici de rendre : le face à face de l'homme avec la mort et sa méditation sur l'au -delà.

-+ Voir auss i : p.

164-165 (L'E nterrement du comte d'Orgaz); p.

170-171 (Le Banquet des officiers de Saint-Georges ).. »

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