CRANACH Lucas : JUDITH

« I CRANACH Lucas JUDITH Vers 1530 Peintre allemand Analyse h^ Vêtue d'un costume duxviesiècle et coiffée d'un chapeau rouge à plumes, Judith a ici les traits d'une jeune fille blonde, aux longs cheveux bouclés retombant sur les épaules et la poitrine. Cette dernière est particulièrement mise en valeur par le profond décolleté de la robe en velours et par de nombreux ornements : des col liers, des chaîneset un collet en étoffesertiede perles.

Les manches très amples laissent émerger celles, bouffantes, de lachemise.

Les mains cachées par des gants blancs, la jeune femme tient la tête barbue et tranchée d'Holopherne, qui repose sur le parapet : dans sa main gauche une épée, pointée vers le haut, renforce le geste de l'assassinat.

Le fond sombre donne plus de relief encore à l'héroïne, figurée le regard fixe, glacial et légèrement perplexe.

Cranach a insisté sur l'aspect macabre àl'aide decertains détails, comme le cou tranché d'Holopherne, au pre mier plan. picto KUNSTHISTORISCHES MUSEUM 160a VIENNE XVf siècle Huile sur bois 87 x56 cm L'œuvre ULe tableau fut exécuté sous lerègne de Jean le Constant, c'est-à-dire entre 1526 et 1532.

Cranach reçut àcette époque de nombreuses commandes de nus féminins et de scènes mythologiques :l'ensem ble est aujourd'hui éparpillé àtravers les musées du monde entier, et notamment au Louvre. Figurées comme des Vénus botticelliennes, ces femmes peintes se détachent généralement sur un fond sombre, isolées. On est très loin avec ces pro ductions des œuvres religieuses qui caractérisent la période précédente de l'artiste. Une signature et ses variantes •^ La signature de Cranach l'Ancien se trans forme à partir de 1509 : les ailes du dragon, jadis levées, sont désormais baissées. Cechangement a étéinterprété de diverses manières.

Pour cer tains, il correspondrait au moment où Cranach se seraitretiré de son atelier, laissant la succession des affaires à son fils Lucas le Jeune. Mais les œuvres connues de Cranach postérieures à 1537 semblent invalider cette thèse : car aucune rup ture stylistique ne les affecte. L'autoportrait des Offices exécuté en 1550, trois ans avant la mort Du même peintre : PICTO 157 à160b © Nardini Editore.

1995.Liriade pour l'édition française,1995, du peintre, atteste lui-même une continuité créa tive. Ilsemble par ailleurs que la longue collabo ration du fils avec son père (de 1537 à1553) ait à la fois changé et forgé la personnalité de Lucas leJeune : il est donc difficile, comme souvent dans ce genre de situation, de parvenir toujours àdistinguer les deux peintres.

Sans doute le fils cadet de Cranach secontenta-t-il de poursuivre l'œuvre paternelle, sans en rénover le style, devenu, dans la phase la plus tardive, quelque peu sec et monotone. Photo Kunsthistorisches Muséum, Vienne ;JJH. »