Critique, rejet et réhabilitation des techniques traditionnelles de fabrication : de Vers une architecture à Learning from Vernacular.
Publié le 25/11/2024
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Critique, rejet et réhabilitation des techniques traditionnelles de fabrication : de Vers une
architecture à Learning from Vernacular.
En 1917, en présentant sa Fontaine à l'exposition de l'Armory Show de New-York Marcel
Duchamp va durablement ébranlé l'idée même de ce que peux être l'art.
Alfred Stieglitz, photographie de la Fontaine de Marcel Duchamp, 1917.
Marcel Duchamp est à cette époque membre directeur de la Société des artistes indépendants de
New York (Society of Independent Artists, SIA) dont son ami Walter Arensberg est directeur
administratif.
Le principe de la société, fondée en décembre 1916, est que tout artiste peut en
devenir membre en remplissant un simple formulaire.
Pour son premier salon, qui se tient à New York à partir du 9 avril 1917, la Société américaine
autorise librement tout membre à exposer l'objet de son choix moyennant un droit s'élevant à six
dollars : en principe, aucun artiste ne pouvait être refusé pour « raisons esthétiques ».
Dans ces conditions, Duchamp décide d'envoyer sous le pseudonyme de R.
Mutt un urinoir en
porcelaine comme sculpture destinée à l'exposition.
L'auteur masqué passe alors pour un artiste
parfaitement inconnu, originaire de Philadelphie et bien sûr, personne ne reconnaît Duchamp
derrière ce nom.
L'appareil sanitaire envoyé par R.
Mutt n'est pas exposé au prétexte que « sa place n’est pas dans
une exposition d’art et que ce n’est pas une œuvre d’art, selon quelque définition que ce soit ».
La
décision est prise par William Glackens, le président de la SIA, au terme d'un vote à la majorité qui
a réuni les membres du comité directeur, la veille du vernissage, contrairement au principe suivant
lequel il n'y a pas de jury.
Les motifs plus précis invoqués pour refuser l'envoi de Richard Mutt auraient été :
1.
l'objet est « immoral et vulgaire » ;
2.
l'objet est un plagiat ou plutôt une « pièce commerciale ressortissant à l'art du plombier ».
Walter Arensberg défend Richard Mutt du fait que le droit d'admission a été payé , qu'une forme
séduisante a été révélée, libérée de sa valeur d'usage et que quelqu'un a accompli un geste
esthétique ».
Au moment où Duchamp apprend que l'objet de Richard Mutt est refusé, il démissionne du comité
directeur de la société — sans dévoiler toutefois son lien avec R.
Mutt — et Arensberg fait de
même.
William Glackens propose que Richard Mutt expose ses arguments, qui légitimeraient la présence
de l'urinoir.
Cette confrontation n'aura évidemment pas lieu.
La question était de savoir si R.
Mutt
était « sincère » ou si quelqu'un a agi par provocation en utilisant un nom de plaisantin pour faire un
canular.
La polémique s'enclenche seulement à la suite de la publication d'un article anonyme paru dans The
Blind Man, une revue fondée à l'occasion du salon par Duchamp : The Richard Mutt Case.
En
défense de R.
Mutt, il y est écrit : Les seules œuvres d'art que l'Amérique ait données sont ses
tuyauteries et ses ponts.
L'argument consiste à démontrer que l'important n'est pas que Mutt ait
fabriqué cette sculpture avec ses mains ou non, mais qu'il ait choisi un objet de la vie quotidienne en
lui retirant sa valeur d'usage avec un nouveau titre et un nouveau point de vue ; conséquemment, la
création consiste en une nouvelle pensée de l'objet.
Louise Norton signe un article intitulé Le
bouddha de la salle de bains.
À la question Est-ce sérieux ou est-ce une blague ?, elle répond :
c'est peut-être les deux.
https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/media/9iSAbvi
0n notera ici que Duchamp croise en quelques sorte les intentions du Deutscher Werkbund.
Si les
seconds veulent associer l'art et l'industrie dans la production d'une esthétique industrielle qu'on
appelle pas encore design, Duchamp lui part de l'objet industriel pour lui donner par sa simple
sélection et exposition le statut d'œuvre d'art par l'usage du concept de ready-made.
Son admiration pour les hélices d'avion découvertes pendant sa visite de l'exposition aéronautique
de Paris avec Constantin Brancusi et Fernand Léger en 1912 en était le préambule et le procès de
1927 entre Brancusi et l'état américain en sera l'épilogue.
« J'ai pensé à un cadeau pour Arensberg qui possédait déjà tout ce que la fortune permet
d'acquérir : alors je lui ai rapporté une ampoule d'air de Paris.»
Marcel Duchamp
Au lendemain de la première guerre mondiale, Marcel Duchamp produit une œuvre discrète,
réservée à son principal collectionneur, l'américain Walter Arensberg.
Ce n'est pas la première fois que Duchamp produit une œuvre à la fois souvenir et clin d'œil adressé
à un ami (cf Bilboquet, 1910).
Que peut-on trouver de plus immatériel et d'invisible que de l'air ?
En juillet 1919, Marcel Duchamp, qui vit alors aux États-Unis, retourne pour quelques mois en
France.
Sur le point de retourner en Amérique, probablement vers la fin de l'année 1919 ou au tout
début 1920, Duchamp réfléchit au cadeau qu'il pourrait ramener à son ami et mécène Walter
Arensberg.
Ce dernier était tellement riche et tellement comblé que la tâche se révéla ardue.
Il fallait
assurément quelque chose d'inattendu et d'original : Aussi je lui ramenais une ampoule d'Air de
Paris.
Voilà les données en notre possession : vers la fin 1919, Marcel Duchamp pénètre dans l'officine de
Robert Oudinot, pharmacien.
Apercevant une ampoule dont la forme l'intrigue ou le séduit, il
demande au pharmacien d'en vider lecontenu.
L'air (de Paris) pénètre dans l'ampoule et le
pharmacien la referme au moyen d'un bec Bunsen.
Si l’authenticité de Air de Paris comme véritable ready-made est parfois contestée du fait de la
forme originale de l'ampoule qui a suscité quelques doutes, on la retrouve entre autres dans le
catalogue du fabricant Ch.Benois dès 1906.
Page de l’Accessoire de pharmacie, 1906.
La mariée mise à nu par ses célibataires, même conçu par Duchamp entre 1915 et 1923, également
connu sous le titre Le grand verre est une œuvre majeure de l'artiste.
Ici encore, le support de l'œuvre joue la carte de l'invisibilité.
Le Grand Verre est composée de deux
panneaux de verre assemblés, peints pour partie à l'huile, et comprenant des inserts en plomb, de la
poussière.
Ok,,,,,,,
En utilisant le verre Duchamp affirme encore un peu plus la planéité de la peinture en faisant
disparaître le support de la couleur et de la forme qui semblent flotter dans l'air.
Mais où sont passés les murs ?
Un mur-rideau (ou façade-rideau) est une façade légère sans fonction porteuse.
Posée sur la
structure d’un bâtiment, cette enveloppe est le plus souvent constituée de verre et de métal.
Le murrideau apparaît avec l’avènement de l’industrialisation de l’architecture.
Il connaîtra ses
développements les plus impressionnants avec les gratte-ciel.
Dans les années 1920, le verre est désormais fabriqué en série et à échelle industrielle.
Il est
considéré par les architectes d’avant-garde comme un matériau qui révolutionne l’architecture.
Le
mur aveugle en brique doit être abandonné pour une architecture transparente, légère et lumineuse.
La façade des ateliers du Bauhaus est un mur-rideau complètement indépendant de la structure de
béton.
Comme pour l’usine Fagus que Walter Gropius( a construite en 1911, aucune allège, aucun
linteau n’encadre ces vitres : de simples châssis en acier dessinent un fin quadrillage.
L’impression
de légèreté qui se dégage de la façade est aussi obtenue grâce aux soubassements du bâtiment,
peints en gris foncé.
Lors de l’inauguration en 1926, des projecteurs avaient été installés à
l’intérieur du bâtiment pour donner l’impression d’un immense cube lumineux placé en apesanteur.
Usine Fagus, walter Gropius et Adolf Meyer, 1911-1913
Façade du Bauhaus de Dessau.
Vue d'intérieur du Bauhaus en 1926..
Le bâtiment du Bauhaus possède un certain nombre de “défauts” dus principalement à des
malfaçons mais aussi à un manque de connaissance des matériaux nouveaux qui sont employés.
• Le mur-rideau n’est pas du tout isolé : il fait très froid dans les ateliers en hiver et on y
étouffe en été, à tel point que la pose de rideaux opaques est nécessaire.
• La condensation provoquée par ces grands écarts de température attaque la menuiserie
métallique des ouvertures.
• Comme à la villa Savoye de l’architecte Le Corbusier, le toit terrasse n’est pas étanche : des
infiltrations et ruissellements endommagent les intérieurs.
L’entretien et l’intendance sont
difficiles et coûteux… Mais l’on sait qu’un bâtiment ne peut être parfait, et le geste de
Gropius est si moderne que le Bauhaus reste un symbole dans l’histoire de l’architecture
contemporaine.
Le pavillon Mies van der Rohe, également connu sous le nom de pavillon allemand, est un
emblème majeur de l'architecture moderne.
Son histoire commence en 1929.
Conçu par l'architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe avec
l'aide de sa collaboratrice, Lilly Reich, le pavillon a été construit pour l'Exposition internationale de
1929 à Barcelone afin d'accueillir la réception officielle réunissant le roi Alphonse XIII et les
autorités allemandes.
Par son côté innovant, le pavillon est alors censé représenter le caractère
démocratique et progressiste de la République de Weimar.
Le pavillon est démantelé dès la fin de l’exposition, mais une copie à l'identique est reconstruite
entre 1983 et 1986 sur le même emplacement....
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