FIDELIO de Ludwig van BEETHOVEN
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
opéra allemand du XIXème siècle de Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827)
singspiel en deux actes
livret allemand de Joseph Sonnleithner et Georg Friedrich Treitschke (d'après le drame de Jean-Nicolas Bouilly, Léonore ou l'Amour conjugal)
créé en 1814 à Vienne
«
tombe et lui apportent du vin et du pain.
Pizarro surgit.
Il dégaine un poignard pour tuer Florestan, mais Léonores'interpose et le menace d'un pistolet avant de révéler son identité.
A ce moment, une trompette retentit : c'est leministre, Don Fernando (b).
Il fait mettre aux fers Pizarro et rend la liberté à Florestan.
Tous chantent un hymne auSeigneur et à la gloire de «la femme qui s'emploie à sauver son époux».
ANALYSE
un singspiel grave et lumineux
Fidelio est une oeuvre singulière, aussi bien dans la production de Beethoven que dans l'histoire de l'opéra.
Le génie symphonique du compositeur a donné à croire qu'il n'était pas doué pour le théâtre lyrique.
De fait, l'ouverture restela page la plus populaire, et l'on a qualifié de «symphonique» la construction de Fidelio, opéra dans lequel l'orchestre, très nourri, joue un rôle très important.
Pourtant, il s'agit là d'une nouvelle étape dans l'histoire del'opéra allemand.
Comme L'Enlèvement au Sérail ou La Flûte enchantée de Mozart, Fidelio respecte en effet la règle du singspiel : le découpage entre dialogues parlés et morceaux musicaux.
Mais, alors que le singspiel viennois se cantonnait dans les sujets bouffons, l'opéra de Beethoven, après quelques scènes qui rappellent cette traditioncomique, bascule dans la tragédie, avant de s'élever à des hauteurs spirituelles tout à fait insolites.
Le climat initial est celui d'une comédie légère.
L'artifice du travesti, typique du dix-huitième siècle, favorisel'éclosion d'une situation équivoque : la fille du geôlier, Marceline, est amoureuse, sans le savoir, d'une femme, etses projets de mariage, encouragés par son père, jettent dans l'embarras l'héroïne, Fidelio-Léonore.
Nulle trace deperversité, pourtant, dans le déguisement de Léonore, contrairement à ce que l'on observe dans Les Noces de Figaro ou Cosi fan tune : il a comme enjeu la vie de Florestan et loin de servir à des manoeuvres de tromperie ou de séduction, il est le signe même de sa fidélité conjugale («Fidelio»).
L'arrière-plan comique n'a qu'une fonction decontrepoint, car le vrai sujet de l'opéra est grave : c'est le combat de l'amour et de la liberté contre l'oppression etl'injustice.
Cet affrontement du Bien et du Mal est figuré de manière aussi manichéenne que dans La Flûte enchantée de Mozart.
Cependant, l'univers de Fidelio, bien que stylisé, n'est pas merveilleux.
Le singspiel s'engage peu à peu dans la tragédie la plus réaliste et la plus noire, à mesure que l'on s'achemine vers l'immonde cachot où croupit Florestan.Beethoven dénonce en effet une pratique fréquente à son époque, la détention politique.
L'épisode le plus saisissantest le «mélodrame» entre Rocco et Léonore au deuxième acte : leur chuchotement, pendant qu'ils creusent à coupsde pioche, la fosse où doit mourir Florestan, est ponctué par les grondements des contrebasses.
Les personnagessont très tranchés : le méchant Pizarro s'oppose à l'ange Léonore.
L'aria du gouverneur au premier acte est une série d'éructations plutôt qu'un chant.
Léonore, héroïne d'opéra atypique, préfigure les grandes héroïneswagnériennes.
Elle allie énergie et tendresse, comme le montre son récitatif («Abscheulicher», Monstre horrible) suivid'une très pure aria, mélodie romantique avant la lettre, où par une impulsion très beethovénien-
ne, la révolte fait place à la confiance et l'espoir : «Komm, Hoffnung» (Viens, espoir).
Tout l'opéra décrit en effet un mouvement dialectique et ascensionnel.
La comédie bourgeoise, avec son humanitégentille et médiocre, pitoyable et résignée (Rocco, Marceline, Jaquino), se convertit en tragédie héroïque ; on passede l'obscurité sordide de la prison à la lumière de la liberté et de l'amour retrouvés.
A cet égard, le célèbre choeurdes prisonniers, à la fin du premier acte, montre bien que même devant les pires horreurs, l'humanisme altier ducompositeur ne capitule pas : leur adieu à la lumière s'achève par un appel exalté à la liberté.
Le deuxième actes'ouvre sur une vision plus sinistre encore.
Dans son cachot humide, Florestan, presque mort de faim, exprime sadétresse.
Pourtant, dans son magnifique monologue, les plaintes, exprimées avec dignité, se dénouent en une sorted'extase : l'humiliation physique ne s'accompagne d'aucun avilissement moral.
Au plus fort de la tragédie se préparecette joie qui explose dans le duo final des époux : «0 namenlose Freude !» (0 joie indicible).
Le choeur final, pleinde sérénité et de noblesse («O welche Lust», 0 quel plaisir), annonce le fameux hymne à la joie de la neuvièmesymphonie.
Les personnages dépassent l'anecdote dont ils sont issus pour devenir les porte-parole d'un messageuniversel, où Beethoven exprime sa foi dans l'amour conjugal et dans une humanité délivrée de ses chaînes.
Ce singspiel grave et lumineux, tout imprégné de l'esprit et de la sensibilité des Lumières, marque le début de l'opéra romantique allemand incarné au dix-neuvième siècle par Weber et Wagner..
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