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FRA ANGELICO

Publié le 25/06/2012

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Les deux seules paroles qui nous soient parvenues de lui (par Vasari) sont que « la peinture exige beaucoup de calme« -le calme même qu'il faut pour la contemplation- profondément, la paix du coeur-, et que « pour peindre les choses du Christ, il faut vivre avec le Christ «. Effectivement, sa manière de renouveler l'iconographie traditionnelle, imperceptible dans un ordre purement conceptuel, consista toujours dans les accents de qui prend une vue personnelle, de qui se laisse assimiler par les mystères en cause.

« Comment définir cet esprit? Il est comme le sourire le plus humain de la grâce surnaturelle.

Il exige une certaine euphorie extérieure de la civilisation, des mœurs, même de l'état politique.

Il naît d'un équilibre entre la cellule et le monde; entre les certitudes qui fondent la vie, sans qu'elles aient encore à se défendre sérieusement contre les atteintes de la critique, et un goût de la recherche, plein encore de confiance et de candeur; entre les puissances de sensibilité aigui­ sées, rendues délicates par la vie de l'esprit, une raison claire, un cœur compatissant et doux, un regard contemplatif qui va au delà des apparences.

Les deux seules paroles qui nous soient parvenues de lui (par Vasari) sont que « la peinture exige beaucoup de calme» -le calme même qu'il faut pour la contemplation- profondé­ ment, la paix du cœur-, et que « pour peindre les choses du Christ, il faut vivre avec le Christ ».

Effectivement, sa manière de renouveler l'iconographie traditionnelle, imperceptible dans un ordre purement conceptuel, consista toujours dans les accents de qui prend une vue personnelle, de qui se laisse assimiler par les mystères en cause.

On s'aperçoit alors qu'il vivait avec le Christ par une foi très théologique en la valeur actuelle des mystères du salut, mêlant sa vie et celle de ses frères aux scènes de l'Evangile.

Il transfigurait tout par la vertu des Béatitudes évangéli­ ques, en particulier de la plus haute, la paix, et de la plus convaincante, la douceur.

C'est de la Passion et de la Croix qu'elles rayonnaient pour lui au suprême degré.

Ainsi donnait-il une ex­ pression familière à la plus haute inspiration, et, en retour, il nous acclimate à l'atmosphère du Paradis.

Car sa façon de vivre avec le Christ n'était pas seulement sublime, elle était toute simple, selon la dévotion de son temps, où l'on tenait compagnie par l'imagination- celle du cœur et celle des yeux - au Christ, à la Vierge, aux saints, aux anges, dans les épisodes de l'histoire évangélique, sur la terre et dans Je ciel.

A cette mystique-là de l'Incarnation correspondirent tout naturellement ses moyens d'art.

D'un tel réalisme de la foi, d'un tel réalisme de l'amour, qui se complaisait dans le Christ selon la chair, un réalisme plastique procéda.

Mais il fut discret, parce qu'il demandait à la figure de ce monde d'évoquer pour l'âme la substance des choses qu'on espère.

La certitude sans problème et la joie de la conscience heureuse conférèrent aux ordonnances, aux gestes, aux visages, aux plis des vêtements îe calme.

L'euphorie du cœur suscita l'eurythmie, l'aisance à se mouvoir dans l'ordre spirituel engendra un art d'arabesque plus que de volume; la pureté d'un regard enfantin rendit aux couleurs leur éclat franc sur les panneaux, la délicatesse de leurs accords dans les fres­ ques, toujours leur candeur.

Cet art tomba bien rarement dans la sentimentalité, parce que le sentiment en était trop juste.

Son intention d'édifier ne lui causa nul préjudice, parce qu'elle n'avait rien d'un calcul, qu'elle ne différait en rien de la joie dont il était le plus sincère langage.

Enfin, puisque toute l'œuvre de Dieu à ce cœur était fraternelle, il y avait dans cet art le principe d'une souplesse merveilleuse.

On le voit bien en ces histoires de saint Etienne et de saint Laurent qu'il peignit au Vatican pour Nicolas V, sans doute vers 1448 - 1450: voilà que, le vieux maître découvrant la grandeur de Rome, sa manière prenait une ampleur nouvelle, en même temps qu'elle gagnait encore en bonhomie.

En vérité, il était ouvert à tous les renouveaux.

Mais de l'angélisme il avait plus la pureté et la compréhension universelle que la puissance.

Pour faire la synthèse la plus riche, intégrant au monde de Dante· celui des temps nouveaux, sur le plan le plus élevé qui fût jamais, il ne lui a manqué qu'un tempérament de peintre plus vigoureux.

( MIUk du Louur•, Paris.) P.~R.

RÉGAMEY Dominicain 109. »

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