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Frans Hals : LE BANQUET DES OFFICIERS DE SAINT-GEORGES

Publié le 14/09/2014

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Né à Anvers entre 1581 et 1585, mais fixé à Haarlem dès son enfance, Hals réside dans cette ville jusqu'à sa mort, en 1666, et y devient un célèbre portraitiste.

Formé vers 1600-1603 dans l'atelier de Karel Van Mander, peintre maniériste et auteur fameux d'un Livre de peinture publié en 1604, Hals travaille comme artiste indépendant à partir de 1610 envi­ron. Il adopte alors un style bien différent de celui de son maître, échappant totale­ment à l'influence italienne et à la ten­dance maniériste prépondérantes dans le Nord à la fin du xvi« siècle.

 

En 1616, le premier grand portrait de groupe qu'il réalise, le Banquet des offi­ciers de la garde civique de Saint-Georges, le rend célèbre. En 1633, il est

Dans ce contexte, un peintre, Frans Hals, accède à la célébrité en représentant les bour­geois de son temps aussi exactement et simple­ment que possible. Les portraits qu'il réalise sont ceux d'individus, hommes et femmes, peints dans de sobres et riches habits, isolés sur un panneau. Mais la spécialité qui assure sa renommée est la production de portraits de groupes où les notables de la ville sont montrés ensemble, réunis pour un conseil d'administra­tion ou un banquet de leur confrérie.

« Le Banquet des offi ciers de la garde civ ique de Sa int-G e o r ges a été command é à Frans Hal s, lui­ même membre de c ette garde , pour décorer la salle où se réuni ssai ent les notables qui la dirigeaient.

La peinture a é té exécut ée en 1616 et elle est demeu rée en place jusqu 'à l a fin du xv11• siècle, date à laquelle elle a été transportée au Prinsenhof , la r é sidence occasion ­ nelle du stadhouder - le gouverneur des Provinces-Unie s.

Elle est aujourd 'hu i conserv ée au musée Frans Hals de Haarlem .

Van Eyck, à Quentin Metsys, à Gérard David ...

d'austères et parfois féroces portra its de leurs contemporains ainsi que des scènes de genre .

Si le peintre se laisse influencer par un courant pictural plus récent et venu d'Italie, c'est par celui du Caravage, représenté sur place par Ge rrit Van Honthors t ou Hend rick Ter Brugghen : un art qui prend le peuple pour sujet et peint des scènes d'auberges, ripailles et concerts, dans des éclairages nocturnes.

La peinture de Frans Hals réussit cette paradoxale synthèse : transposer le réalisme et les sujets bourgeois des primitifs flamands dans la lumière contrastée et les fortes couleurs des pein tres caravagesques.

Portraits de groupe Ce n'est pas que le Banquet des officiers de la garde civique de Saint-Georges soit le prem ier portrait de groupe qui ait jamais été peint.

Déjà, Van Eyck, dans les Époux Arno/fini, avait repré­ senté ensemble deux personnages bourgeo is : le banquier Giovanni Arnolfini et sa femme.

Et les donateurs figurés en train de prier sur les côtés des polyptyques, comme dans /'Adora tion des bergers de Rogier Van der Weyden, son t aussi des portraits de groupe.

Mais c'est un trait socia l spécifique des villes flamandes qui explique le développemen t particulier de ce genre de peintu res dans la région.

Les villes des Pays-Bas du Nord, en effet, ont la particularité de posséder des milices, c'est-à­ dire des confréries ou corporations à caractère militaire, gardes civiques réunissant la popula ­ tion masculine des différents q uartiers, sous la direction de leurs notables.

Occuper une posi­ tion de responsabilité à l'intérieur de ces milices est une ma rque de prestige .

Les offi­ ciers des gardes urbaines en viennent donc à souha iter qu'une image immortalise leur réussite : ils chargent les peintres de réaliser de grandes compositions les montrant ensemble, pour orner les salles où ils se réunissent.

Les premie rs tableaux de corpo ration superpo- sent des figures à mi-corps, sans manifester aucun souci d'une mise en scène : le portrait de la Confrérie des arquebusiers d'Amsterdam, peint par D i rck Jacobsz en 1529 (Amsterdam, Rijksmuseum), en est le plus ancien exemple .

Plus tard, dans les années 1580, Cornelis Cornelisz Van Haarlem (1562-1638) organise de façon plus théâtrale ses portraits, en disposant autour d'u ne table les personnages qu'il repré­ sente.

Ses tableaux accumulent encore les figures, de sorte à portraiturer un maximum de membres des milices sur un minimum d'espace, mais le principe d'organisatio n qui inspire la peinture de Frans Hals se trouve ainsi posé.

Une joyeuse cohorte La grande nouveauté du Banquet des officiers de la garde civique de Saint-Georges, par rapport à ces tableaux, réside dans la transformation d'un por­ trait qui ressemble à un catalogue de têtes en une scène profondément animée .

Autour des figu res, un air nouveau circule.

Le banquet a lieu dans une pièce, suggérée par la présence d'un rideau, de lignes d'architecture et d'une fenêtre, au milieu de la toile, ouvrant sur un paysage.

L'obliquité des poses, personnages se penchant les uns vers les autres ou s'écartant pour mon­ trer le rôti, est soulignée par le jeu des écharpes qui barrent les poitrines en diagonale.

Traversan t la composition dans le fond du tableau, un étendard forme une diagonale plus marquée qui a pour écho, au premier plan, un autre drapeau reposant incliné sur l'épaule de l'homme qui ferme la peinture à droite .

Surtout, par endroits tout au moins, une manière de peind re formidablement libre vient donner à ce groupe de bourgeois un caractère d'audace qui lui permet de traverser les siècles.

Partout dans le tableau, la symphonie des noirs et des blancs, rompue sur le côté et à 11 avant par le jeu discret des touches vertes, voit son rythme souligné par le rouge éclatant des écharpes et des bannières .

La touche, méticuleuse lorsqu'il s'agit de peindre les motifs tramés de la nappe ou les reflets de la lumière sur la vaisselle d'étain, s'inscrit en longues traînées pour rendre le retour du drapeau sur la hampe au-dessus du capitaine et forme des empâtements sur les plis du rideau .

Dès lors devient possible la spontanéité des poses et des expressions : le portrait sur le vif, tel qu'aucun peintre n'a su encore le tenter.

Chaque personnage est représenté dans une attitude conforme à son tempérament.

Le peintre n'hésite pas à reprodu ire des aspects bonhommes ou quelque peu triviaux : ventres épanouis et joues couperosées .

«Ce qui meurt alors, c'est l'image italienne de l'homme», écrit Mal raux, évoquant ce manque d'idéalité.

~ Voir aussi : p.

98-99 (Les Époux Arno lfini); p.

110 - 111 (L'Ado ration des bergers).

Malle Babbe, Frans Hals, 1633-1635 (Berlin, musée d 'État).

La libené avec laquelle la touche est posée dans ce pon rait d'une femme du peuple vaguement sorcière a des prémices dans la facture du Banquet des officiers de la garde civique de Saint-Georges.

Frans Hals N é à Anvers entre 1581 et 1585 , m ais f ixé à Haarlem d ès s on enfan ce, Hal s réside dans ce tte vill e jusqu 'à sa mort , en 1 666, et y d e vient un cé lè bre portrait iste.

Fo rmé ve rs 16 00- 1603 dan s l' ate lie r de Karel Va n Mander , peintr e mani éris te e t a uteur fameux d 'un Livre de pein ture publi é en 160 4, Hals trav a ill e comme artist e i ndép end ant à pa rtir de 16 1 O envi ­ r o n.

Il a d opt e alo rs un styl e bien d iff é rent de celui d e s on maîtr e, écha pp ant to ta le­ m ent à l'i nf luen ce itali en ne et à la ten ­ d an ce man ié ris te pré pond érant es dans le Nord à la fin du xvie s iè cl e.

En 1616 , le prem ier grand portr ait de group e qu'il réa li se, le Banquet des offi­ ciers de la garde civique de Saint­ Georges , le rend c él èbre.

E n 1 633, il est choisi pour exéc uter le tab leau de co nfré­ r ie d e la Compagnie du capitaine Reynier Read , des tiné à Ams ter dam.

En 1 6 41 , ce so nt les Régents de l'hôpital Saint e-Élisabeth , à H aa rle m.

De no u­ ve au x R ége nts et R ége ntes , pour l'ho s­ pice d es viei ll ard s, d ate nt de 1 664 : le pein tre a alor s plus de quatr e -v ingts an s.

L es portra it s de gro upe émaille nt ainsi la car ri è re de Fran s Ha ls e t a ssuren t so n r eno m.

P ourt ant , le p ein tr e, ma rié deu x fo is , p è re de neu f enfants, co nnaît des diffic ul­ tés financières : en 1 654, son mo bilier est sa is i: en 1662, il doit d em and er un s ubside à la mun ici palit é d e H aa rlem.

So n sort pré fi­ g ure ce lui de Re mb randt , plus jeu ne de v in gt ans, po rtraitis te lui a ussi, qui conn aît, com me Hals, un e vieillesse miséra ble .. »

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