Devoir de Philosophie

Georges Seurat

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

seurat

Georges Seurat est essentiellement connu pour sa technique originale du pointillisme, qui consiste à élaborer un tableau à l'aide de petites touches agencées selon de rigoureux principes scientifiques. Fier, mais extrêmement timide, Seurat passe le plus clair de son temps à étudier ou à peindre dans la solitude de son atelier. Intensément secret, il garde jalousement ses dernières découvertes et n'en parle même pas à ses plus proches amis. Seurat est attiré par les mêmes sujets que ses contemporains impressionnistes : paysages marins, été au bord de la Seine et artistes de cabaret, mais au lieu de capter les impressions fugitives, il donne à son monde une atmosphère d'ordre et de paix. La carrière de Seurat se concentre sur 12 ans de patiente activité, au bout de laquelle il meurt tragiquement, probablement d'une méningite, à l'âge de 31 ans.

seurat

« « Ils voient de la poésie dans ce que je fais, disait-il.

Non, j'applique ma méthode et c'est tout.

>> Cette méthode, il l'a résumée en quelques phrases qui ont la sécheresse d'un théorème.

Il distingue dans le tableau ce qui forme sa luminosité, sa coloration et sa composition: le ton, la teinte et la ligne.

Dans chacun de ces éléments, il cherche la loi des contrastes et la loi des simi­ litudes.

« L'harmonie., dit-il, c'est l'analogie des contraires, l'analogie des semblables.

» Cette synthèse que Cézanne avait faite des matériaux laissés par l'impressionnisme, Seurat la refait à son tour, mais au lieu de simplifier le monde, de le reconstruire par plans et par volumes comme Cézanne, il n'hésite pas à pousser l'analyse plus loin encore.

Sa démarche passionnée fait penser à celle d'Uccello découvrant cette« douce perspective» qui lui faisait perdre le sommeil.

L'oRIGINALITÉ extraordinaire de Seurat vient de ce qu'il ne passe pas de l'analyse à la synthèse, comme font les autres peintres, et qu'il refuse de dissocier la construction du tableau de son éla­ boration créatrice.

La première vision qu'il a du monde est en effet simplifiée à l'extrême, ainsi qu'en font foi ses dessins crépusculaires- qui sont plus contrastés et souvent plus colorés que ses peintures - où l'accidentel n'a déjà aucune place et qui, pour beaucoup, auraient été le point d'achèvement de l'œuvre.

Le miracle est qu'il parvienne ensuite à éclairer ces images noc­ turnes grâce à son « système lumineux» et qu'il puisse en faire une analyse aussi minutieuse sans perdre aucune de ses qualités constructives.

La « méthode » de Seurat nous intéresse beaucoup moins que cette vision grandiose qu'il avait du monde, et il faut bien dire qu'elle l'a quelquefois trahi.

Dans ses dernières œuvres, le Chahut ou le Cirque, il a cherché en vain à exprimer plus de joie, plus de mouvement et n'a créé que des personnages pétrifiés.

Ce qu'il lui faut, c'est la chaleur torride d'un jour d'été, l'architecture d'un port ou d'un navire, le miroitement de l'eau ou du sable, le soleil et le calme surtout.

Là, peuvent vivre ses personnages qui semblent parfois sortir des grandes mosaïques byzantines.

Les garçons de la Baignade sont peut-être les frères de ces gamins de Courbevoie qui, après avoir regardé les peintures de Seurat, prenaient des pierres et crevaient ses toiles.

Sans le savoir, le peintre leur a donné la noblesse que les statuaires grecs donnaient aux dieux.

PIERRE MAROIS. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles