GONÇALVES
Publié le 24/06/2012
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E. Bertaux a écrit: « Ce Portugais a su peindre à l'huile ses personnages de taille naturelle avec une franchise et une perfection que n'atteint aucun de ses contemporains, en Espagne, en France ou en Italie. Il égale les maîtres flamands pour le rendu des étoffes précieuses et des armures luisantes comme pour l'accentuation implacable des portraits virils. Le blanc des robes des moines agenouillés sur un des volets du triptyque ...
«
ne manquerait pas de laisser entrevoir un fond bleuté de paysage, et à la même époque, un Italien
aurait flanqué les seconds plans d'architectures.
Dans la composition de Gonçalves, la masse
concentrée des personnages, disposés les uns au-dessus des autres
et remplissant les panneaux
de haut en bas sans perspective linéaire ni aérienne, évoque, selon nous, la densité et le sens
décoratif et mural de la tapisserie du XVe siècle, transposée dans une matière d'une autre fluidité
et profondeur.
Le
dessin de Nuno Gonçalves est précis et synthétique, modelant par méplats
comme
un sculpteur, et le sens presque géométrique des volumes aurait pu faire de ce peintre
du moyen âge un des maîtres du cubisme ...
La couleur est une des magies des panneaux de Nuno
Gonçalves.
Parmi la tonalité générale et austère des bruns, vibrent les rouges des brigandines
et les verts sourds du pourpoint royal.
Et l'or et le carmin des dalmatiques ont des transparences
lumineuses
de vitrail.
Malgré l'exactitude minutieuse de chaque détail de vêtement et d'armure,
on ne note pas la moindre trace de fignolage, tant est fort le sens de la hiérarchie des valeurs.
E.
Bertaux a écrit:
« Ce Portugais a su peindre à l'huile ses personnages de taille naturelle
avec
une franchise et une perfection que n'atteint aucun de ses contemporains, en Espagne,
en
France ou en Italie.
Il égale les maîtres flamands pour le rendu des étoffes précieuses et des
armures luisantes comme pour l'accentuation implacable des portraits virils.
Le blanc des robes
des moines agenouillés
sur un des volets du triptyque des princes est l'un des miracles de la peinture
ancienne ».
En opposition aux peintres espagnols du XVe sièck, Gonçalves ne peint pas les ors
avec
de l'or, mais les suggère avec plus d'illusionnisme, en les enrichissant de toutes les nuances
du jaune.
Le réalisme des portraits de Nuno Gonçalves est dû à sa vision de la forme, au contour
précis comme d'un Holbein et au sens plastique des volumes comme d'un sculpteur, le tout enve
loppé
de lyrisme et de rêve comme une émanation des âmes.
C'est un des plus grands portraitistes
de tous les temps.
Ni l'Ara pacis d'Auguste et le sentiment civique qui anime ses cortèges, ni
l'Agneau mystique et son symbolisme chrétien, ne contiennent une force expressive supérieure à
l'Adoration de saint Vincent.
Ces panneaux sont les vraies Lusiades du XVe siècle qui, avant d'être chantées par
Camoëns, ont été peintes, un siècle auparavant, par Gonçalves.
Pourquoi ce peintre, dont le génie a dominé toute la peinture péninsulaire de son temps,
apparaît-il isolé dans l'histoire de l'art portugais, sans précurseurs ni disciples? D'abord, c'est
le fait
du génie d'être seul; Van Eyck non plus n'a pas eu de précurseurs à sa taille, et quant
aux disciples, en réalité, ni Greco, ni Velasquez, ni même Goya n'en ont eu.
Quelques
panneaux du Musée de Lisbonne, sûrement de l'époque et du style de Gon
(;alves, mais sans
la qualité du maître, sont plutôt œuvres d'atelier.
Nous lui avons attribué,
J.
de Figueiredo et moi, les cartons des quatre tapisseries flamandes racontant la prise d' Arzila
et Tanger par le roi Alphonse, en 1471; on y retrouve en effet son sens épique dans la compo
sition
et la même noble dignité dans le réalisme des portraits.
GONÇALVES Polyptyque de.
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