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Nuno Gonçalves

Publié le 17/04/2012

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connu entre 1450 et 1480 Peintre qui, en 1450, fut nommé au service du roi Alfonse V et peignit, vers 1465, l'admirable polyptyque de l'Infant pour la cathédrale de Lisbonne, aujourd'hui au musée de la ville (deux grands panneaux et quatre volets sur lesquels on reconnaît aisément l'infant Henri le Navigateur et des membres de la famille royale) ainsi que quatre autres peintures sorties de son atelier qui était réputé. Peut-être est-il l'auteur de cartons de tapisseries tissées à Tournai (et retrouvées à Pastrava) commémorant les luttes du Portugal en 1471. Un rapprochement a été établi entre l'art de Gonçalves et celui du "Maître de 1456" dont le Louvre possède L'Homme au verre de vin. La parenté de style et de technique donnerait à penser que ce peintre pourrait avoir été le maître de Gonçalves ; I'un et l'autre marquent, en effet, une influence de Jean van Eyck qui, on le sait, fit un séjour au Portugal de 1428 à 1429.

« ne manquerait pas de laisser entrevoir un fond bleuté de paysage, et à la même époque, un Italien aurait flanqué les seconds plans d'architectures.

Dans la composition de Gonçalves, la masse concentrée des personnages, disposés les uns au-dessus des autres et remplissant les panneaux de haut en bas sans perspective linéaire ni aérienne, évoque, selon nous, la densité et le sens décoratif et mural de la tapisserie du XVe siècle, transposée dans une matière d'une autre fluidité et profondeur.

Le dessin de N uno Gonçalves est précis et synthétique, modelant par méplats comme un sculpteur, ct le sens presque géométrique des vQlumes aurait pu faire de ce peintre du moyen âge un des maîtres du cubisme ...

La couleur est une des magies des panneaux de Nuno Gonçalves.

Parmi la tonalité générale et austère des bruns, vibrent les rouges des brigandines et les verts sourds du pourpoint royal.

Et l'or et le carmin des dalmatiques ont des transparences lumineuses de vitrail.

Malgré l'exactitude minutieuse de chaque détail de vêtement et d'armure, on ne note pas la moindre trace de fignolage, tant est fort le sens de la hiérarchie des valeurs.

E.

Bertaux a écrit: «Cc Portugais a su peindre à l'huile ses personnages de taille naturelle avec une franchise et une perfection que n'atteint aucun de ses contemporains, en Espagne, en France ou en Italie.

Il égale les maîtres flamands pour le rendu des étoffes précieuses et des armures luisantes comme pour l'accentuation implacable des portraits virils.

Le blanc des robes des moines agenouillés sur un des volets du triptyque des princes est l'un des miracles de la peinture ancienne».

En opposition aux peintres espagnols du XVe siècle, Gonçalves ne peint pas les ors avec de l'or, mais les suggère avec plus d'illusionnisme, en les enrichissant de toutes les nuances du jaune.

Le réalisme des portraits de Nuno Gonçalves est dû à sa vision de la forme, au contour précis comme d'un Holbein et au sens plastique des volumes comme d'un sculpteur, le tout enve­ loppé de lyrisme et de rêve comme une émanation des âmes.

C'est un des plus grands portraitistes de tous les temps.

Ni l'Ara pacis d'Auguste et le sentiment civique qui anime ses cortèges, ni l' Agntau mystique et son symbolisme chrétien, ne contiennent une force expressive supérieure à l'Adoration de saint Vincent.

Ces panneaux sont les vraies Lusiades du XVe siècle qui, avant d'être chantées par Camoëns, ont été peintes, un siècle auparavant, par Gonçalves.

Pourquoi ce peintre, dont le génie a dominé toute la peinture péninsulaire de son temps, apparaît-il isolé dans l'histoire de l'art portugais, sans précurseurs ni disciples? D'abord, c'est le fait du génie d'être seul; Van Eyck non plus n'a pas eu de précurseurs à sa taille, et quant aux disciples, en réalité, ni Greco, ni Velasquez, ni même Goya n'en ont eu.

Quelques panneaux du Musée de Lisbonne, sûrement de l'époque et du style de Gon­ çalves, mais sans la qualité du maître, sont plutôt œuvres d'atelier.

Nous lui avons attribué, J.

de Figueircdo et moi, les cartons des quatre tapisseries flamandes racontant la prise d' Arzila et Tanger par le roi Alphonse, en 1471; on y retrouve en effet son sens épique dans la compo­ sition et la même noble dignité dans le réalisme des portraits.

REYNALDO DOS SANTOS Président de l' Acadlmie des beaux-arts Lisbonne. »

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