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Grand oral du bac : La danse moderne

Publié le 15/11/2018

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danse

La Judson Church

Le premier « concert » donné en juillet 1962 dans une église désaffectée, la Judson Church (New York), par un groupe informel de jeunes chorégraphes marque le début d'une nouvelle ère pour la danse moderne.

Très vite, le Judson Dance Theatre devient le sanctuaire des postmodernes. Pour eux, la technique et la virtuosité ne sont jamais un but en soi. Dans un même élan de liberté, les performers

 

- comme ils se nomment, plutôt que dancers - rejettent le spectacle au sens de « représentation » au profit de la « performance », illustration d'une action en marche.

ENTRE RUPTURE ET REINTERPRETATION

 

La danse moderne se développe sans relation directe avec la danse classique. Elle ne naît pourtant pas du néant. Ses principes sont dégagés par trois hommes qui, sans être danseurs, élaborent des théories qui donnent à la danse à naître un socle sur lequel s'appuyer.

LES SOURCES DE LA DANSE MODERNE

Les PRÉCURSEURS ET THÉORICIENS

 

Chanteur de formation, le Français François Delsarte (1811-1871) bâtit et enseigne une théorie qui codifie les relations entre le geste et l'émotion. Il décortique le mouvement qu'il dissocie de la pensée.

Pédagogue et compositeur, le Suisse Émile Jaques-Dalcroze (1865-1950) est le père de la gymnastique rythmique, apparue en 1911, qui tend à harmoniser les mouvements du corps, les impulsions psychiques et la musique.

Occupant une place fondatrice dans l'histoire de la danse moderne, le Hongrois Rudolf von Laban (1879-1858) est l'inventeur en 1926 de la « Labanotation », un système de notation chorégraphique qui est au danseur ce qu'une partition est au musicien. Il s'attache à définir point par point les différentes composantes du mouvement : spatiale, gravitaire, rythmique.

Les pionnières américaines

Les futures grandes danseuses américaines viennent au monde dans un pays où la tradition de la danse est moins forte qu'en Europe et ou la danse classique est quasi inexistante. C’est dans la vieille Europe qu'elles font carrière et triomphent.

La première, Loïe Fuller (1862-1928) a recours à l'électricité pour réaliser de fascinants effets de lumière. Drapée de vastes voilages qu'elle anime par son mouvement, elle imite le papillon.

• Libre de toute convention, Isadora Duncan (1878-1927) fascine ses admirateurs par son charisme.

Elle conçoit la danse comme l'expression d'un mouvement instinctif et naturel. Rejetant tout décor, elle danse pieds nus, vêtue d'une fine tunique. Dotée d'un port de tête dionysiaque, Isadora Duncan danse sa vie, en communion avec le monde.

L'écoLe Denishawn

Prêtresse de la danse moderne, Ruth Saint-Denis (1877 1968) est en revanche un pur produit américain. Elle se fait connaître dès 1906 par ses danses d'inspiration orientale. Elle poursuivra dans cette voie en signant avec son époux, le danseur Ted Shawn (1891-1972) de nombreux spectacles empreints de spiritualité.

Parallèlement, le couple fonde à Los Angeles, en 1915, la Denishawn School (1915-1931), première école de danse moderne. Tandis que Ruth met l'accent sur une mobilisation du corps - autonomie multiaxiale des bras, des épaules et du tronc -, Ted élabore une technique qui réhabilite la danse masculine et place le torse au centre du mouvement.

L'expressionnisme aLLemand

La danse moderne allemande, dite « d'expression », se caractérise par l'alternance de solos et de danses de groupe, par la dénonciation qu'elle exprime d'une société qui va à sa perte et par la professionnalisation de la communauté chorégraphique, qu'elle inaugure.

A elle seule, Mary Wigman (1886-1973) symbolise cette période de la danse allemande. Ancienne élève de Dalcroze, assistante de Laban, elle crée dès 1914 la Danse de la sorcière, son premier solo qu'elle interprète masquée et assise. Elle se consacrera toute sa vie à la création, l'interprétation et l'enseignement.

Proches de la transe, les danses d'introspection de Mary Wigman, révèlent ses états intérieurs.

Son pouvoir d'évocation passe par la commande instinctive du mouvement et par une musique limitée aux percussions.

Les années 1970 :

UN CREUSET D'INFLUENCE

 

C'est la danseuse et chorégraphe américaine Carolyn Carlson (née en 1943) qui contribue à faire connaître la danse moderne à un large public français. Pédagogue, elle forme les danseurs à l'improvisation et à la composition. Référence pour la danse moderne, Carolyn Carlson suscite de nombreuses vocations.

En 1974, elle est engagée comme « étoile-chorégraphe » à l'Opéra de Paris et prend la direction du Groupe de recherches théâtrales (GRTOP). Durant six ans, et en marge du corps de ballet, elle travaille avec sa petite cellule et crée de nombreuses pièces (L'Or des fous, les fous d'or, 1975 ; Wind, Water, Sand, 1976 ; Yeor of the Horse, 1979 ; The Architects, 1980).

Le style Carlson se reconnaît par sa gestuelle lente, ses longs étirements soudain brisés, sa plasticité.

Dans le même temps, le concours « le Ballet pour demain », à Bagnolet, s'impose, dès 1969 et durant vingt ans, comme le baromètre de la nouvelle danse française. Ses palmarès révèlent les chefs de file de ce qu'on appellera « la génération Bagnolet ». 

danse

« • Au sein de la Judson Church, les artistes de l'après-guerre.

On assiste notamment • Toutefois, faute d'avoir conscience axent leur travail sur la recherche du • L'exemple de MDguy MDrin (née se livrent a des recherches et a des a un refoulement de la danse que la danse moderne a son propre mouvement- Odile Duboc, Daniel en 1951), expérimentations qui leur permettent expressionniste, pleine de vitalité langage gestuel.

tous ces créateurs Larrieu, Dominique Bagouet -,d'autres illustre ce de dégager les fondements d'un langage avant-guerre, mais trop liée a J'histoire se heurtent, très vite a la difficulté exploitent un théatre d'images -Maguy mouvement nouveau.

Leur premier souci est de récente du pays.

de se renouveler et beaucoup Marin, Karine Saporta -, puisent leur de standar- rapprocher l'art de la vie -ils dansent • Toutefois, le studio de Mary Wigman s'épuisent, faute de techniques.

inspiration disation.

dans la rue, les parcs, sur les toits - reste actif jusqu'en 1960.

Et la Folkwang dans des Explorant le et de redécouvrir le mouvement Hochschule fondée par Kurt Jooss à Essen LES ANNtES 1970 : thèmes forts mouvement, - marcher, courir, sauter.

L'accumulation, est encore aujourd'hui un grand lieu UN CREUSET D'INFLUENCE comme celui elle l'utilise en d'une part- succession de mouvements de formation des danseurs en Europe.

• C'est la danseuse et chorégraphe de la sexualité mélangeant simples répétés chacun plusieurs fois -, • Trois femmes s'affirment comme américaine Carolyn Carlson (née en - lrDn·CIDudr danse et le minimalisme, d'autre part, sont les héritières de la danse d'expression 1943) qui contribue à faire connaître la GDIIottD- ou contemporaine, ballet et théatre.

au centre de leurs réflexions gestuelles.

alemande.

Danseuses et chorégraphes, danse moderne à un large public se penchent Notamment avec Mory B (1981), son • Deux autres aspects des travaux Suzanne Linke, Reinhild Hoffmann et français.

Pédagogue, elle forme les sur la œuvre fétiche, et ses relectures de menés à la Judson sont importants : Pina Bausch sont de la même génération danseurs à l'improvisation et a la symbolique Cendrillon (1985) ou Coppélio (1993).

l'improvisation et l'influence et se sont relayées à la direction composition.

Référence pour la danse du corps -Régine Chopinot Philippe • Chez Ange/in PreljocDj (né en des philosophies orientales.

de la Folkwang.

c'est pourquoi on moderne, Carolyn Carlson suscite de Decouflé.

1957), le goOt du geste juste et rapide - les a surnommé « les trois cousines ».

nombreuses vocations.

• Malgré des préoccupations A nos héros (1986)-n'exclut pas fiGURES DE LA POSTMODERN DANCE • En 1974, elle est engagée comme et des champs artistiques différents, l'élévation, les pas de deux et portés - • Parmi les grands noms de la « étoile-chorégraphe » à l'Opéra quelques traits communs se dégagent : Hommages aux ballets russes (1993).

postmodern de Paris et prend la direction du goOt pour le détail et la sophistication, dance figurent Groupe de recherches théâtrales scénographies importantes, espaces Yvonne (GRTOP).

Durant six ans, denses et une certaine théâtralité.

RDiner, et en marge du corps de ballet Steve Paxton, elle travaille avec sa petite cellule Meredith et crée de nombreuses pièces Monk, (L' Or des fous, les fous d'or, 1975; Lucinda Childs, Wind, Woter, Sand, 1976; Y eor of • En France, la danse contemporaine Karole Armitage the Horse, 1979 ; The Architects, 1980).

est idéalement prise en charge par ou Twyla • Le style Carlson se reconnaît par les pouvoirs publics.

Sous l'impulsion Tharp, chorégraphe du film Hoir.

• Mondialement connue, PinD BDusch sa gestuelle lente, ses .ll!.ngs étirements de Jack Lang.

ministre de la Culture en • Quant à Marie-Claude Pietragalla, • Figure de proue du mouvement (née en 1945) a bouleversé Je monde soudain brisés, sa plasticité.

1981, une politique de décentralisation ex-étoile de l'Opéra de Paris, son postmoderne, Trisha Brown (née de la danse et celui du théatre avec • Dans le même temps, Je concours favorise l'implantation de nombreuses œuvre en tant que chorégraphe - en 1936) apparaît comme la star de son Sacre du printemps (1975), « Je Ballet pour demain », à Bagnolet, compagnies, contribuant a la formation Socountolo (2000), Ivresse et la danse contemporaine.

Son œuvre ses Sept Péchés capitaux ( 1976) s'impose, dès 1969 et durant vingt ans, et à la fidélisation d'un large public.

Métamorphose (2003) -reflète s'inscrit dans l'exploration des jeux et son Barbe-Bleue (1977).

comme Je baromètre de la nouvelle les influences classique et moderne.

de la gravité et du mouvement continu.

• Fluide et lyrique dans les premières danse française.

Ses palmarès révèlent CLASSIQUES ET MODERNES : années, la danse de Bausch évolue vers les chefs de file de ce qu'on appellera UNE CRISE D'IDENTITÉ LA VOIE BELGE : LE DÉCLOISONNEMENT un abandon apparent du mouvement « la génération Bagnolet ».

Sont • Partant du postulat qu'un danseur DES ARTS Son travail est fondé sur J'introspection notamment distingués Dominique classique peut tout danser, les • La Belgique, où Je décloisonnement et l'improvisation.

Bagouet, Jean-Claude Gallota, François directeurs de compagnies classiques des arts est pratique courante, tient • Sur scène, les danseurs parlent Verret Daniel Larrieu, Régine Chopinot font appel à des chorégraphes une place importante dans la création lE BUTO OU LA DANSE DES TÉNÉBRES chantent mais dansent finalement Maguy Marin, Philippe Decouflé, contemporains.

Pionnier en la matière, chorégraphique contemporaine, grace • Profondément traumatisé par les très peu.

Ils portent des habits de ville Joëlle Bouvier et Régis Obadia ...

J'Opéra de Paris a sollicité dès 1973 notamment à l'implantation à Bruxelles bombes d'Hiroshima et de Nagasaki, et évoluent dans un décor imposant le talent de Merce Cunningham, de Mudra, l'école de formation le Japon sort de la guerre et tente - champs d'œillets, gazon, qui y a créé Un jour ou deux.

complète des danseurs fondée par de faire cohabiter des modes de vie lit de tourbe ...

• De leur côté, les chorégraphes Maurice Béjart (1970).

occidentaux ultramodernes avec une • Le thème favori de Bausch reste contemporains résistent mal culture millénaire.

La danse japonaise la condition humaine qu'elle exprime aux propositions venant des grandes reflète ce même conflit.

à travers J'incommunicabilité entre institutions classiques.

De Daniel MAURICE BÉIART : • La danse des ténèbres, Dnkoku buto, les sexes, l'amour, Je désir, la frustration, Larrieu à Angelin Preljocaj en passant POUR UNE DANSE TOTALE naît en 1959 la peur, la solitude ...

par Lucinda Childs et Suzanne Linke, sous tous se sont confrontés à l'aventure.

• Dégagé de toute convention l'Impulsion • Quant à la formation des danseurs, elle chorégraphique, décorative et de Tatsumi • Avec l'ouverture du Centre national associe cours classiques et modernes.

musicale, Maurice Béjart (né en 1927) Hijikata et de de danse contemporaine d'Angers refuse les clivages.

Puisant dans Kazuo Ohno.

MJu 68, LE DÉTONATEUR (1978), une politique de promotion WIWAM fORSYTHE, les sources classiques, modernes Parmi leurs • En France, les évènements de mai de la danse moderne s'esquisse.

LE CHOI�GRAPHE DE L'AN 1000 ou ethniques, il les mélange et les nombreux 1968 secouent l'institution de la danse A/win NikoiDis (1910-1992), • Directeur du Ballet de Frandort absorbe au point de ne plus les disciples classique.

Nombres de danseurs celui-là même qui a formé Carolyn l'Américain William Forsythe (né en dissocier.

Ainsi de « Bolero• (1961) à figurent s'interrogent sur l'inadéquation Carlson, est nommé à la tête de 1949) est le symbole de l'intégration « Arepo» (1986), Maurice Béjart a fait Carlotta Ikeda et Ushio Amagatsu.

entre leur langage et ce qu'ils veulent cette école professionnelle.

de la modernité par le monde classique.

de son Ballet du XX' siècle (1960-1992), • Nouvelle forme d'expression, le buto exprimer.

• Forsythe n'a rien d'un révolutionnaire.

installé à Bruxelles puis a Lausanne, est ancré dans un rythme lancinant • C'est dans cette mouvance que LES ANNÉES 1980 : Il utilise des procédés mis au point par le vecteur de sa conception novatrice.

proche de celui du nô, le théâtre le Ballet Théâtre contemporain voit DES IDENTITÉS MUIJIPLES d'autres chorégraphes.

Néoclassique, Celle d'une danse totale qui se veut traditionnel.

Il utilise une gestuelle le jour.

Implanté à Amiens en 1968, • La danse contemporaine française il exploite les codes de la danse moderne.

«une cérémonie pour le plus grand qui lui est propre : yeux révulsés, puis à Angers à partir de 1972, Je B.T.C.

se distingue par son approche nouvelle • Son style est marqué par la distorsion nombre».

jambes et pieds rétractés vers l'intérieur est une vitrine de la création de l'émotion, sa capacité à inventer un et la cassure des corps, la complexité en des postures recroquevillées contemporaine française et étrangère.

mouvement qui reflète un état intérieur.

des enchaînements, les déséquilibres • Sortie des rangs de Mudra, Anne -à l'opposé de« l'en dehors» classique.

• La contestation secoue aussi l'Opéra Ainsi se développe l'idée d'une danse et l'improvisation collective.

Teresa de Keersmaeker (née en 1960) • Tout aussi caractéristique est l'aspect de Paris.

Tandis que le directeur d'auteurs.

• Il s'Impose dans les années 1980-1990 impose son style : combinaisons du danseur : corps quasi nu, fardé du Ballet, Michel Descombey, institue • Présenté comme le chef de file de comme le chorégraphe de l'an 2000 répétitives, mouvements en spirale, de blanc.

en marge de la compagnie une cellule la nouvelle génération, Dominique et remplit les salles d'un public complexité rythmique.

Si la chorégraphe • Ses thèmes de prédilection sont de création, les danseurs Brigitte Ba gouet (1951-1992) s'est distingué par hétéroclite.

adepte du concert-danse s'appuie sur la la naissance, la sexualité et la mort.

Lefèvre et Jacques Garnier fondent son inventivité, sa recherche gestuelle partition musicale, elle intègre aussi • Si le buto demeure un mouvement à La Rochelle le Th éâtre du Silence.

et un style élégant qui s'est traduit LA STANDARDISATION textes et images vidéo à ses spectacles - marginal au Japon, il trouve en Europe, • Dans le même temps, le danseur en particulier dans le Saut de l'ange DE LA DANSE CONTEMPORAINE Rosas donst (1983), Mikrokosmos et particulièrement en France, un accueil Félix Blaska quitte le Ballet de Marseille (1987), Jours étranges (1990) ou • Aujourd'hui, la mission des (1987), Toccata (1994).

très favorable dans les années 1980.

dirigé par Roland Petit et monte Necessita (1991 ).

chorégraphes n'est plus de découvrir • Venus des arts plastiques, Jan Fabre - sa propre compagnie.

Son succès • Le foisonnement qui caractérise de nouvelles formes d'expression, Do un'oltro focdo del tempo (1993) - LE CORPS PElOU DE L'ALLEMAGNE immédiat dépasse les frontières.

De cette période se traduit avant tout mais de faire accéder un public ou Vim Vandekeybus -un vrai symbole, • Comme le Japon, l'Allemagne est son côté, Vittorio Biaggi, venu de chez par une diversité des styles qui permet plus large au spectacle dansé.

Ils se dont le style assimile modes et courants un pays vaincu de la Seconde Guerre Maurice Béjart prend la direction du de reconnaître tel ou tel chorégraphe rapprochent pour cela d'une conception de la jeunesse -livrent des prestations mondiale.

Là encore, la danse devient corps de ballet de l'Opéra de Lyon pour français.

du ballet où le résultat doit répondre musicales et scéniques où sont J'instrument et l'enjeu des idéologies l'orienter vers la danse contemporaine.

• Tandis que certains chorégraphes à certains codes préétablis.

intégrées des «sections dansées».. »

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