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Jean-Baptiste Lully

Publié le 02/03/2010

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Les légendes ne sont pas toujours mensongères : celle de Lulli fils d'un meunier de Florence s'est trouvée confirmée par l'acte de naissance de Gianbattista Lulli, né le 29 novembre 1632, de Lorenzo Lulli, et de Catarina del Sera, elle-même fille d'un meunier des bords de l'Arno. L'enfant avait onze ans lorsque le chevalier de Guise, Roger de Lorraine, revenant d'un voyage en Italie, le présenta à Mlle de Montpensier. La "grande Mademoiselle" avait prié le chevalier de lui ramener d'outre-monts un jeune "natif" avec lequel elle pût se perfectionner dans la langue italienne. Arrivé à Paris en avril 1644, Gianbattista ne fut pas, en dépit de la légende, envoyé aux cuisines ­ ce qui eût été pour la grande Mademoiselle une façon singulière de prendre des leçons d'italien ­, mais en réalité employé comme page et garçon de chambre, aux appointements de 150 livres tournois par an. Bien entendu, cela ne l'empêchait pas, comme Mozart plus tard, chez l'archevêque de Salzbourg, de prendre ses repas à la cuisine et de divertir les gens de l'hôtel avec son violon et ses facéties. Il resta huit ans chez Mlle de Montpensier et la quitta, dit-on, pour des couplets trop lestes à son adresse, ou plus simplement, parce qu'elle était dans une sorte d'exil, à Saint-Fargeau, depuis le retour du roi à Paris. Lully, dit-elle, "ne voulut pas demeurer à la campagne, il me demanda son congé, je le lui donnai et depuis il a fait fortune, car c'est un grand baladin".

« L'Oeuvre de Lully devint immédiatement populaire, le mot n'est pas trop fort ; la preuve en est qu'elle engendra sansretard l'Opéra-comique, qui n'en était que la parodie, sur les tréteaux de la Foire.

Grands seigneurs, artistes, poètes-sauf un La Fontaine ou un Boileau bourgeois, hommes du peuple, furent fascinés par le genre nouveau du spectaclecréé par le surintendant de la musique de Louis XIV.

Dans sa comédie des Opera, Saint-Evremond, vers 1680,dépeint les ravages produits par l'opéra dans la cervelle d'une jeune provinciale, et Lecerf de la Viéville affirme quele récit d'Armide : Amour, que veux-tu de moi ? était chanté par toutes les cuisinières du royaume. La Fontaine, qui avait failli collaborer avec lui, n'aimait pas le Florentin et préférait à l'opéra la musique de chambre,le clavecin, le luth, le théorbe.

Dans son épître au chanteur et luthiste de Nyert, tout en constatant, non sansamertume, que : Le François pour lui seul contraignant sa nature,N'a que pour l'Opéra de passion qui dure... il ajoutait : Il a l'or de l'abbé, du brave, du commis,La coquette s'y fait mener par ses amis,L'officier, le marchand, tout son rôti retranchePour y pouvoir porter tout son gain le dimanche. En effet, la tragédie en musique de Lully, dérivée à la fois de la tragédie classique et du ballet de cour, répondait àmerveille aux aspirations des contemporains de Corneille, de Mansart, de Le Nôtre, épris de noblesse héroïque et deraison non moins que de magnificence et de charme voluptueux.

"Elle était, a dit Henry Prunières, l'expression del'âme du Grand Siècle...

On fit dater de son apparition l'avènement de la musique en France, et l'on prétendaitqu'Armide était la plus belle Oeuvre qui eût vu le jour depuis la mort de Néron." Armide, qui est peut-être, pour nous, le chef-d'Oeuvre de Lully, devait être le dernier ouvrage issu de lacollaboration du Florentin et de son fidèle librettiste qui, pris de scrupules religieux, venait d'abandonner le théâtre.C'est alors que pour la composition de ses deux derniers ouvrages, Lully s'adresse à Campistron.

Campistron, avecles poètes Chaulieu et La Fare, faisait partie de la petite cour voluptueuse et libertine de MM.

de Vendôme, petits-fils de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées.

Le duc de Vendôme et son frère, le Grand Prieur, étaient fameux pour leurvie débauchée.

Ils donnaient dans leur hôtel du Temple, à Paris, des festins qui s'achevaient en orgie.

Lully y étaitassidu et se faisait gloire de s'enivrer en leur compagnie, malgré sa santé de jour en jour déclinante ; c'était unjoyeux convive et ses farces faisaient rire les princes et leurs amis. C'est en leur château d'Anet que fut représentée la pastorale d'Acis et Galathée (septembre 1686), devant leDauphin que la maladie du roi présentait à certains, dont Lully, comme l'héritier possible et très prochain de lacouronne.

Lully dédia néanmoins cette partition au roi, comme celle d'Armide, mais ni l'une ni l'autre ne futreprésentée à la cour. L'année 1686 avait été marquée, pour Louis XIV, par une suite d'indispositions, de maladies assez graves quinécessitèrent, le 18 novembre, la "grande opération" que subit le roi.

Lorsque, vers Noël, on apprit son heureuseconvalescence, on chanta par toute la France des Te Deum d'actions de grâce.

Lully, qui devait au souverain safortune extraordinaire, en composa un pour la circonstance et le fit exécuter aux Feuillants de la rue Saint-Honoré,le 6 janvier 1687, par cent cinquante artistes et musiciens de son opéra.

En dirigeant son Oeuvre, avec la lourdecanne qui lui servait de bâton de mesure, il se fit une blessure à l'orteil et, malgré des soins tardifs, il ne tarda pas àsuccomber, le 22 mars. Âgé de cinquante-quatre ans, il laissait une fortune de 800 000 livres au moins, qui représenterait peut-être 2 500000 francs-or, et fut enseveli à Notre-Dame-des-Victoires, où l'on voit encore aujourd'hui des fragments de sontombeau, surmontés du superbe buste en bronze attribué à Coysevox ou à G.

Collignon. Ayant fait venir son confesseur pendant sa dernière maladie, ce prêtre ne voulut lui donner l'absolution que s'ilrenonçait à écrire pour le théâtre.

Lully acquiesça, et fit jeter au feu sa dernière partition.

Comme un jeune princelui en faisait reproche : "Paix, Monseigneur, lui répondit Lully à l'oreille, je savais bien ce que je faisais ; j'en avaisune seconde copie !" "La mort inévitable, dit La Viéville, lui donna les plus beaux remords ; il eut les transports d'un pénitent de son pays.Il se fit mettre sur la cendre, la corde au cou, il fit amende honorable ; enfin marqua la douleur de ses fautes avecune édification admirable.

Lully avait le cOeur bon, dit encore La Viéville ; point de fourberie ni de rancune." Mais iln'admettait pas qu'on cherchât à lui disputer la suprématie musicale, et il sut défendre âprement son privilège del'Opéra, qui lui donnait la haute main sur tous les opéras de province et les petits spectacles de Paris. Il avait des mots qui, dans une autre bouche que la sienne, auraient pu avoir des conséquences terribles.

Un jourque Louis XIV lui envoyait dire de se hâter de commencer une représentation, Lully répondit, impatient : "Le roi estle maître, il peut attendre." Et de Louvois, qui ne pouvait souffrir un baladin qui ne servait qu'à la distraction du roi :"Qu'il en fasse donc autant !" dit-il.. »

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