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KOKOSCHKA

Publié le 05/09/2013

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kokoschka

KOKOSCHKA

1886

DANS l'art nouveau du XXe siècle qui s'éloigne de l'impressionnisme, Oskar Kokoschka, dès sa première apparition en 1900, fait figure d'artiste indépendant. Pourtant, si l'on veut comprendre l'art de Kokoschka, lequel ressemble beaucoup à l'art de la France par sa recherche de formes et de symboles nouveaux, mais en est très distant par sa fougue effrénée et son mode d'expression peu classique, il faut se rappeler combien Kokoschka doit à l'Autriche de cette époque, ou plutôt à Vienne, capitale d'un empire mourant. La jeunesse y était particulièrement influencée par des hommes comme Karl Kraus, le grand accusateur de l'âge de la machine, ou par le réformateur Adolf Loos, créateur de l'architecture moderne, qui menait une lutte acharnée contre la dégé-nérescence des ateliers viennois. Ces hommes furent, d'ailleurs, les premiers à prendre parti pour Kokoschka, lorsque l'orage éclata sur lui lors de ses premières expositions. N'oublions pas non plus que c'était alors l'époque où Gustav Mahler oeuvrait à Vienne, où la musique moderne entrait, avec Schônberg, dans une phase nouvelle, et où, surtout, les oeuvres du grand psychologue Freud et du philosophe Weininger faisaient la plus profonde impression sur la jeunesse. Tout cela permet de comprendre comment Kokoschka en vint à exécuter ses premiers portraits irréa¬listes, dont l'effet psychologique dépassait de beaucoup celui du portrait réaliste. Le seul parmi les artistes autrichiens sur lequel il pouvait prendre modèle était Gustav Klimt. Quels que soient le manque d'harmonie et l'intensité des lignes de Kokoschka, c'est Klimt qui lui a donné cette compréhension des contours sensibles et pleinement expressifs d'une forme, d'un corps de femme, et c'est à lui, avec raison, que Kokoschka a dédié son premier ouvrage imprimé : les Garçons rêveurs. Il n'en fut pas moins, à l'égard de Klimt, un rénovateur, un révolutionnaire dont les premiers portraits ne contenaient rien de la beauté propre aux oeuvres de Klimt, mais produi¬saient plutôt l'effet contraire et déchaînaient l'orage par leur manière de découvrir l'homme tel qu'il est. Il y a ici encore une série illustre d'ancêtres des modernes, de Munch à Van Gogh, dont Kokoschka a connu les oeuvres dans les musées de Vienne, dans des expositions ou en reproduction et qu'il s'est assimilées pour en tirer avec une puissance obstinée des formes nouvelles. Ce nouveau langage des formes est apparenté à bien des égards à l'art occidental moderne, comme, par exemple, la démoniaque représentation simultanée des figures de face et de profil, si efficacement utilisée par Picasso, avait été le fait avant lui de Kokoschka, dans le troublant autoportrait qu'est son Ecce Homo...

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