LA DÉPOSITION DE CROIX DE PONTORMO

« courbes.

Contrairement aux peintures du début de la Renaissance, les personnages ne sont pas disposés au premier plan du tableau, en avant d'un paysage , mais ils occupent la totalité de la surface peinte, à l'exception du petit espace réservé à la représentation du nuage , dans le haut.

Pourtant, cette accumulation ne crée pas une impression de désordre.

Depuis la femme qui, tout en haut du tableau, contemple la scène avec désolation , jusqu 'à l'ho mme qui porte les jam bes du Christ, en bas, les person­ nages se disposent en formant une sorte de •S•, ici inversé , que les historiens d'art appellent la •ligne serpentine•.

Cette ligne passe par le corps de saint Jean, suit le bras droit de la Vierge, change de direction avec les têtes superposées du Christ et d 'u ne Sainte Femme , et retourne vers la droite avec le corps du Christ, qui dessine lui-même un S.

Cette distribution des figures con tribue à donner un caractère de légèreté extrême à la scène.

Le peintre ne cherche pas à représenter l'effort physique : dans cette Déposition de croix, le cadavre du Christ paraît peser peu de poids, tellement peu que les porteurs semblent &ôler le sol, au lieu de s'appuyer sur toute la plante des pieds.

La Déposition de crotx, Pomom10 (Flo ren ce, Sama Felicità).

La Déposition de croix est une œuvre peinte à l'huile sur bois, haute de 313 cm et large de 192 cm.

Elle fut réalisée en 1526-1527 par Pontormo pour la chapelle Capponi de l'église Santa Felicità de Florence, où elle se trouve encore.

Dan s cette même chapelle , Pontormo peignit aussi, à fresque, une Annonciation et (au plafond) des médaillons contenant les images des quatre évangél iste s.

Des couleurs irréelles Cette particularité donne à la scène un carac­ tère d'irréalité : c'est une vision poétique que l'artiste donne de la Déposition de croix, et non l'image reconstituée d'un événement histo­ rique.

Les couleurs choisies pour cette scène nocturne, qui devrait être peinte dans des teintes sombres, contribuent à renforcer cet effet d'irréalité.

Les bleus et les roses très clairs dominent, associés par deux : robe bleue et voile rose de la femme de gauche, qui est peut-être Marie-Madeleine; vêtements bleus de Marie rappro chés de la robe rose d'une Sainte Femme vue de dos , à droite.

Dans le bas et dans le haut du tableau, seule­ ment, le peintre a plac é des couleurs plus vives et fortement contrastées : le rouge du manteau du porteur de gauche, l'orangé de la draperie de celui qui tient les pieds du Christ, et surtout le vert et le rouge-orangé - cou­ leurs complémentaires - de la tunique qui moule le corps de saint Jean , en haut.

L'art du peintre atteint ici une qualité d'intellectualité qui fait de cette Déposition un tableau presqu e abstrait, une œuvre qui, en tout cas, ne doit plus rien à l'art de la Renaissance, préoccupé d'imite r le réel plutôt que de l'interpréter.. »