La musique baroque

« a musique baroque ENTRE RENAISSANCE ET CLASSICISME Lebaroque est un style artistique postérieur à la Renaissance dont les manifestations les plus affirmées se sont présentées en Italieauxvii' siècle avant de se diffuser dans le reste de l'Europe. Artd'imagination, d'invention, desomptuosité, de contrastes,le baroque se distinguede la recherche d'équilibre et d'harmoniequiforme l'idéal classique. Iln'est pas aisé de délimiter les frontières de la musique baroque,entre les stylesde la Renaissance tardive (fin xvi'siècle) et de l'époque rococo {xviie siècle),tous deux à la fois proches du baroqueet différents delui.On désignecouramment aujourd'huisous le terme de « baroque » la musique européenne quicommence àl'extrême fin du xvi' siècle avec Monteverdi etmeurt aumilieu duxvin' siècle avec Jean-Sébastien Bach. UNE REVOLUTION STYLISTIQUE Denouvelles pratiques • La Renaissance introduit une pratique musicaleapplicable au styleenvigueur, lestyle ancien (suie antico) -c'est-à-dire polyphonique -, quelle que soit la destination de l'œuvremusicale, profaneet religieuse. • Le baroque, quant à lui, propose trois pratiques musicales- musique d'église, musique de chambre, musique de théâtre - qui se déclinentselon deux styles : le styleancienet le style nouveau(stile moderno) - lié à la monodie (une seule voix) accompagnée. • Au xvii' siècle, les compositeurs développent l'idée que l'origine de leurs œuvres dépasse le seul souci de représentation musicale : c'est l'incarnation d'un «état d'être ». L'ORIGINE DU MOT « BAROQUE » • On s'accordeà trouver l'origine du mot « baroque » dans le motportugais barroco, qui désigne la perle irrégulière dans la langue technique de la joaillerie auxvi'siècle. •Lesdictionnaires français (Furetière, 1690 ; Académiefrançaise, 1718) l'accueille avec ce sens ainsi que dans celui, figuré, d'« étrange », voire de « choquant ». • Dans le supplément de l'Encyclopédie de1776, Jean-Jacques Rousseau définit lamusique baroque comme celle « dont l'harmonie estconfuse, chargéede modulations et de dissonances ». • Maisjamais les artistes qui ontadopté ce style ne l'ont qualifiée de baroque ; ils ont même ignoré, pour la plupart, le mot et le sens qu'on lui prête aujourd'hui. Denouvelles formes • Dans le domainevocal, le soucid'intelligibilité, la primautédu texte et de sa prosodiesur l'organisation musicale abstraite entraîne une nouvelle organisation des voix. •Alors que les grandscompositeurs franco-flamands, deGuillaume Dufay àRoland deLassus, respectaient l'équilibre des voixdans la structure polyphonique, ce qui entraînait l'absence de récitatifet d'air, le stylenouveau, dans sa recherche d'uneexpression jugée plus naturelle, met en valeur les parties extrêmes - soprano et basse. L'air (chant) et le récitatif (récit) apparaissent. • Dans le domaine instrumental,lesclaviers etviolons, naguère réduitsà un rôle d'accompagnement,s'émancipent.

Un répertoire virtuoseàleur intention crée denouvelles formes : le ricercar, la fantaisie, la canzona, puis le concerto et la sonata. •Lescompositeurs italiens AndréaetGiovanni Gabrieli sont à l'origine duterme concerto - du latin concertare, «concourir » -, dontle premier usage date de 1587. • Autre évolution capitale, on associedésormaisl'instrumentation, le théâtreet le chant, multipliant ainsi leurs pouvoirs expressifs respectifs, ce qui donne naissance à l'opéra. • On peut distinguer trois périodes dans l'évolution du baroque musical : le premier baroque, de 1580 à1630 ; le baroque médian,jusqu'à la fin du xvue siècle; le dernier baroque enfin, s'achevant en 1750 à la mort de Bach. • Les compositeurs du premierbaroque, au premier rang desquelsfigure Claudio Monteverdi, s'emploient à mettre en valeur la monodie, labasse continue (accompagnement deviole et de clavecin), letempo rubato (varié, sans rigueur métrique), le souciconstant d'exprimerde lamanière la plus sensible le sens desparoles (madrigalisme) avec l'emploi dedissonances et de chromatismes. Ilconvient égalementde citer Carlo Gesualdo (1560-1614), auteur deplusieurs livres demadrigaux d'une grande intensité dramatique. ClaudioMonteverdi (1567-1641)• À la charnière de la Renaissance et de l'esprit baroque, Monteverdi, maîtrede chapelleàMantoue(1607) puisàVenise(1624), tisseà la fois des polyphoniessavantesetdes compositions d'une grande vocalité soliste expressive. •Il écrit de nombreux madrigaux (8 recueils entre les années 1580 et les années 1630) sur des poèmesgénéralement sentimentaux. Il en élargitles limites, notamment enintégrant des ballets ou en faisant intervenir labasse continue. • Pour structurer son art, il met aupointtrois types d'écriture- lestileconcitato (agité),le stile temperato (modéré) et le stilemolle(mou,doux)- qui coexistent dans l'opéra //combattimento di Tancredi e Clorinda (1624), d'aprèsla Jérusalem délivrée du Tasse.• Théoricien moderniste, Monteverdidistingue deux styles en musique : la prima etla seconda prattica. La prima représente la conception contrapuntique, savante, de la musique, illustréepar Josquin des Prés ; la seconda, la pensée moderne. Dansle premier style, le texte suit les contraintes musicales ;dans le second,c'est la musique qui suit les inflexions dutexte. • En 1607, il fait représenter l'Orfeo, son premieropéra, qui obtientunsuccès retentissant. Celui-ci sera suivi del'Arianna (1613), quicommémore le mariagede François deGonzague et de Marguerite deSavoie, et d'il Ritorno d'Ulisse inPatria (1640). • Lesouci que Monteverdi apporte à la personnification et au rôle des sentimentsdans la musique en fait l'initiateur de la tradition del'opéra. •Monteverdi renouvelle aussi lamusique religieuse enpubliant, en1610, une messe pour la Vierge dont le doubletitre (Missa dacapella etVespre) montre ladouble destination : pour les églises (Missa) et pour les chapelles privées desprinces (Vespre). LA NAISSANCE DE L'OPÉRA EnItalie•L'opéra naît à la fin du xvi'siècle en Italie lorsqu'une poignée d'intellectuels florentins entreprendde ressusciter les drames de la Grèce antique. Ils souhaitent mettre envaleur l'intelligibilité du texte en créant un chant proched'une déclamation naturelle. • Dans Euridice (1600), JacopoPéri (1561-1633) fait preuved'un sens dramatiquecertain, en brisant lamélodie enfonction des hésitations de ses héros. •Mais c'est l'Orfeo (1607) de Monteverdi qui marque la vraie naissance de l'opéra. L'intelligibilité du texte est rendue par des moyensplus strictement mélodiques que chez Péri, notamment grâceà un chantlibre etvirtuose, quiaffirme lasingularité du mode d'expressionde l'opéra. •L'opéra italiense diffuseen Europe decour en cour. EnFrance• Appeléà la cour de Versailles en 1652par Louis XIV, leFlorentin Jean-Baptiste Lully (1632-1687) - devenu français en 1661 - est nommé compositeur de la musique Va Musique & Danse instrumentale des ballets de cour,puissurintendantde la musiqueet compositeur de la musiquede la chambre. • Àpartir de1664, Lully collaboreavec Molière pour une série deonze comédies-ballets (dontleBourgeoisgentilhomme,1670) dontil compose la musique.

Cette conjonction de la comédie, de la musique et de la danse - qui tient beaucoupdu divertissement de cour -constitueune première étape vers l'opéra.• Lepremier opéra français, sans ballets,Cadmus etHermione, estreprésenté en 1673. Lully cherche à égaler le théâtre en approfondissantles sujetset les personnages,et enréduisant la coupure entre récitatifs et airs.

Avec la collaborationde son librettiste Philippe Quinault, iltente de trouver un ton sérieux, austère,inspiré par les règles de la tragédie telles que l'unitéde temps et d'action, qu'il appliqueà des sujetstirés de lamythologie. Ensemble, ils créent environ un opéra par an, dont>l/cerfe ou le triomphe d'Alcide (1674), Thésée (1675) eXArmide (1686). EnAngleterre• Comme la France, l'Angleterre préfère longtemps ledivertissement de cour à l'opéra àl'italienne. Destiné àcélébrer des événements particuliers, le divertissementmêle poésie, musique et danse pour constituer une allégorie. Né au début du xvue siècleet appelé mask, car il tientdu spectacle costuméoù priment le balletet les déguisements, ilconnaît un faste lié à l'absolutisme de Charles I", qui rêve de faire desa cour l'égale de cellede Louis XIV. • Le masque ne recherche pasl'homogénéité : la musique, séparée en trois groupes (instrumentale pour la musique de scène, chansons accompagnées au luth, orchestre de cordes pour les danses), est le plussouventl'œuvre de plusieurs compositeurs. • C'est dans la musique de scène, les semi-opéras (opéras avec dialogues parlés) et les œuvres de circonstance que Henry Purcell et John Blow,les plusfortespersonnalitésdeleurs générations, vont s'imposer. •Henry Purcell (1659-1695) est compositeurdelàchapelleroyale.Ilœuvredans tous les genres de l'époque - chansons,ouvertures, airs d'opéra, musique instrumentale. Il est l'auteurdes Fantaisies pour violes (1680), des Sonoresen trio (1682), deKing Arthur (1692), deThe Fairy Queen (1695) et du premier opéra anglais, Didon etînée (1689), qui se distingue de ses modèles italiens etfrançais par lacaractérisation des personnages, l'originalité mélodique, et le style musical mêlant chromatismes etmodalité. VIOLES ETVIOLONS •Lesvioles appartiennent à lafamille des instruments àcordes frottées qui sont en usage à la Renaissance et pendant l'ère baroque. Elles sedistinguent des violons par leurs formes, le nombre de leurs cordes(six), leurs accords et la présence defrettes sur le manche. • Cette famille comprendtrois instruments différents,afin de couvrirtoute la tessiture dugrave àl'aigu : la basse de viole, la viole ténoret la soprano ou dessus de viole. ——__;/ jMltf" Toutes se Itiennentverticalement, sur ( les genoux Ipour laplus petite, entre lesgenouxpour la plusgrande. • Les violons.

Au xvTsiècle,toujours en Italie, apparaissent les viole dabraccio (violes de bras) à quatre cordes, qui se tiennent sous lementon. Leur forme s'est fixée dans la première moitié du siècle, sous l'impulsionde luthiers de Crémone, notamment Nicolo Amati etAntonio Stradivari, ditStradivarius. 555Nombredesonates pour clavecincomposéespar DomenicoScarlatti 475Nombre de concertos composésparAntonio Vivaldi. 800NombredecantatescomposéesparAlessandroScarlatti. CeorgPhilippTelemann 6000n° d'opus EuridicedeJacopo Péri : 1600. »