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LA PEINTURE de 1920 à 1929 : Histoire

Publié le 01/01/2019

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histoire

Après les mutations et les novations du début du siècle, les années vingt constituent un moment de pause, voire d'essoufflement : les Années folles, qui verront tant de bouleversements de la sensibilité, des comportements et des mentalités, sont, dans le domaine des arts plastiques, les années d'un «retour (ou rappel) à l’ordre» qui ramène sur le devant de la scène tout un courant réaliste fondé sur l’observation de la nature et de l’homme. Les causes de cette réaction traditionaliste sont encore controversées; si, en URSS, la liquidation des milieux d’avant-garde se fait au nom de l'idéologie «prolétarienne», seuls des motifs plus complexes peuvent expliquer les tentatives de réhabilitation de la tradition menées en France ou en Italie : besoin d'images sécurisantes et facilement lisibles après le chaos de la guerre et, plus encore, réflexe de défense à l’encontre d’une modernité dont les manifestations les plus radicales n'ont pas été assimilées. Les œuvres directement inspirées par le «retour à l'ordre» sont, le plus souvent, d'un académisme confondant mais des figurations autres, ou plus exigeantes, viennent heureusement relever le niveau et témoignent de la vitalité paradoxale des Années folles : on assiste à une brillante floraison expressionniste (école de Paris, Belgique) et à l'éclosion d'un «réalisme magique» que son souci obsessionnel de précision des formes conduit parfois aux frontières du surréel (Allemagne, États-Unis).

 

Toujours est-il que les foyers d’innovation apparaissent un peu comme des citadelles assiégées. Avant-garde littéraire, philosophique et idéologique, le surréalisme célèbre les pionniers de la modernité (Picasso notamment) mais les peintres du mouvement, illustrateurs souvent inspirés, quelquefois laborieux, des profondeurs oniriques et psychiques, ne sont pas les acteurs d'un renouvellement du langage pictural. Aussi les avant-gardes plastiques se condensent-elles en des foyers brillants mais isolés (Bauhaus), de rayonnement restreint (B Esprit nouveau) voire provincial (le «second futurisme») quand elles ne sont pas le fait d’artistes travaillant dans la solitude tels Mondrian et Brancusi qui, dans le Montparnasse bigarré des années vingt, poursuivent sans concession un travail fondé sur la rigueur et l’approfondissement.

 

Une certaine «tradition française»

 

En France, l’après-guerre se place sous le signe d’une offensive contre la modernité et d'un repli sur les valeurs nationales. L’esprit «ancien combattant» inspire des critiques comme Bissière ou Camille Mauclair qui qualifient toute innovation de «boche» ou de «bolchevik». Les qualités de clarté, de grâce et d’harmonie, le souci du «beau métier» et d’un ordre plastique solidement affirmé sont prônés au nom d'une certaine tradition française qui, de Fouquet à Cézanne en passant par Poussin, Chardin et Corot, représente la quintessence du génie pictural autochtone que des «métèques» tentent indûment de corrompre. André Lhote veut récupérer le cubisme dans cette perspective en définissant un «cubisme français» (ou néo-cubisme) qui, loin des raffinements plastiques du Braque et du Picasso des années 1912-1914, se borne à une simple géométrisation des motifs traditionnels. Les toiles de Derain sont des illustrations parfaites de cette sensibilité traditionaliste et nationale de même que les paysages réalistes et les natures mortes solidement maçonnées d’André Dunoyer de Segonzac.

 

L’évolution des grands maîtres du début du siècle semble tributaire de cette ambiance néo-classique qui lorgne vers la culture des musées. Picasso, que son mariage avec la très bourgeoise Olga Kokhlova et sa réussite mondaine intègrent momentanément (jusqu’en 1925) au Paris euphorique et conservateur d'après-guerre, effectue en virtuose un retour à la figuration classique avec des Baigneuses monumentales, des dessins «ingresques» et des toiles d’inspiration pompéienne. Braque exécute des natures mortes au métier délicat que les commentateurs se plaisent à rapprocher de celles de Chardin. Matisse, installé à Nice en 1921, est, plus que jamais, le peintre de la douceur de vivre : est-ce le climat lénifiant de la Côte d’Azur qui lui inspire ses Odalisques dont le raffinement chromatique et décoratif semble également marquer une pause dans les recherches plastiques?

 

Le novecento italien

 

C’est aussi au nom de l’ordre qu’est lancée, en 1918, la revue italienne Valori plastici, relayée, en 1922, par le groupe des peintres du mouvement Novecento (xxe siècle) qui milite pour un retour à la tradition latine, au métier, aux valeurs glorieuses du passé

La période 1900-1920 est l’une des époques les plus inventives de l’histoire de l'art. Toutes les ruptures avec la tradition de représentation mimétique du monde visible, qui ont été esquissées à la fin du siècle dernier, sont alors consommées : fauvisme, expressionnisme, cubisme, naissance de l’abstraction et, en pleine guerre de 1914-1918, dada, entreprise sans précédent de démolition de la culture établie, ouvrent toutes les voies dans lesquelles peinture et sculpture s’engageront par la suite. Elles font de ce début du xxe siècle la période héroïque de la modernité.

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« Après les mutations et les novations du début du siècle, les années vingt constituent un moment de pause, voire d'essoufflement : les Années folles, qui verront tant de bouleversements de la sensibilité, des comportements et des mentalités, sont, dans le domaine des arts plastiques, les années d'un > sont, le plus souvent, d'un académisme confondant mais des figurations autres, ou plus exigeantes, viennent heureusement relever le niveau et té­ moignent de la vitalité paradoxale des Années folles : on assiste à une brillante floraison expressionniste (école de Paris, Belgique) et à l'éclosion d'un > tentent indûment de corrompre.

André Lhote veut récupérer le cubisme dans cette perspective en définissant un «cubisme français>> (ou néo-cubisme) qui, loin des raffinements plastiques du Braque et du Picasso des années 1912-1914, se borne à une simple géométrisa­ tion des motifs traditionnels.

Les toiles de Derain sont des illustra­ tions parfaites de cette sensibilité traditionaliste et nationale de même que les paysages réalistes et les natures mortes solidement maçonnées d'André Dunoyer de Segonzac.

L'évolution des grands maîtres du début du siècle semble tributaire de cette ambiance néo-classique qui lorgne vers la culture des musées.

Picasso, que son mariage avec la très bourgeoise Olga Kokhlova et sa réussite mondaine intègrent momentanément Uus­ qu'en 1925) au Paris euphorique et conservateur d'après-guerre, effec­ tue en virtuose un retour à la figuration classique avec des Baigneuses monumentales, des dessins «ingresques>> et des toiles d'inspiration pompéienne.

Braque exécute des natures mortes au métier délicat que les commentateurs se plaisent à rapprocher de celles de Chardin.

Matisse, installé à Nice en 1921, est, plus que jamais, le peintre de la douceur de vivre : est-ce le climat lénifiant de la Côte d'Azur qui lui inspire ses Odalisques dont le raffinement chromatique et décoratif semble également marquer une pause dans les recherches plastiques? LE NOVECENTO ITALIEN C'est aussi au nom de l'ordre qu'est lancée, en 1918, la revue italienne Va/ori plas tic i, relayée, en 1922, par le groupe des peintres du mouvement Novecento (xx• siècle) qui milite pour un retour à la tradition latine, au métier, aux valeurs glorieuses du passé italien (Giotto, Masaccio, Uccello.

Piero Della Francesca, Raphaël).

Ces prises de position s'intégreront sans peine aux desseins corpora­ tistes et nationalistes de Mussolini, lui aussi grand défenseur de l'ordre, qu'il soit moral ou plastique.

Sironi, Casorati, l'ancien futu­ riste Soffici pratiquent une figuration tantôt néo-classique, tantôt néo­ réaliste de même que De Chirico et Carrà, ex-maîtres de la «peinture métaphysique» : le premier opte pour une manière classicisante tan­ dis que le second se consacre à de laborieux pastiches des primitifs florentins ou siennois.

Malgré une adhésion fugitive à la .

La maquette du monument à la IW Internationale, réalisée par Tatline (1920), est l'œuvre embléma­ tique de cette période d'effervescence post-révolutionnaire : le dyna­ misme latent de cette spirale ascendante cristallise le rêve d'une révo­ lution permanente.

Cette vague moderniste est de courte durée : dès l'annonce de la Nouvelle Politique économique (NEP), durant l'été 1921, un coup d'arrêt est donné aux projets novateurs; le discours sur l'art se confond bientôt avec la pesante autorité de l'idéologie; une désagrégation des milieux d'avant-garde s'amorce, favorisée par les dissensions entre les artistes (constructivistes contre suprématistes; scission entre constructivistes et en 1920).

Le tableau de chevalet étant considéré comme un symbole d'individualisme bour­ geois, la peinture est particulièrement frappée d'ostracisme et les peintres doivent se réfug.ier dans la propagande, l'affiche ou le décor de théâtre sous peine d'être réduits au silence comme Malevitch; ceux qui entendent poursuivre leur travail en modernes n'ont d'autre choix que l'exil, tels, dès 1921-1922.

les sculpteurs Pevsner et Gabo ou Chagall; Kandinsky accepte un poste d'enseignant au Bauhaus, El Lissitzky part répandre les idées constructivistes en Allemagne ...

La promulgation du «réalisme socialiste>> comme esthétique officielle du régime soviétique, en 1934, ne fera qu'entériner un état de fait en place depuis longtemps.

TENDANCES EXPRESSIONNISTES Il n'y a pas de mouvement expressionniste français, tout au plus un courant, sans lien avec l'expressionnisme germanique, grou­ pant quelques indépendants préoccupés de l'humain et recherchant une express�on franche et brutale, tels, dans les années vingt, Marcel Gromaire, Edouard Goerg et Amédée de La Patellière.

Mais l'école de Paris s'est nourrie de l'apport de nombreux artistes étrangers, {d'Europe centrale surtout) qui, à Montmartre puis à Montparnasse, sont à l'origine d'une légende qui donnera lieu à de multiples récits romanesques.

C'est dans ce cosmopolitisme parisien que se développe une forme originale d'expressionnisme marquée par l'anxiété et le déracinement et représentée souvent par des artistes juifs.

Si l'univers poétique de Chagall, de retour à Paris en 1923, déborde la notion d'expressionnisme, l'érotisme triste du Bulgare Pascin, le pathétique convulsé du Lituanien Soutine, les figures fragiles et mélancoliques du Polonais Kisling en relèvent incontestablement.

Dans la Belgique ravagée par la guerre, s'affi rme, au cours des années vingt, un groupe qui, soutenu par la revue Sélectirm et par la galerie bruxelloise le Centaure, ose enfin se dire expressionniste, terme qui pourrait s'appliquer à une bonne part de l'art flamand.

Mais il s'agit d'un expressionnisme fort différent des antécédents germa­ niques ou de l'onirisme tragique d'Ensor : point de mysticisme ni de révolte, mais une inspiration terrienne et paysanne dont la robuste santé peut aller jusqu'à la truculence.

Constant Permeke, dont l'Étranger, peint en 1916, sera considéré plus tard comme un ma-. »

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