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MODE de 1920 à 1929 : Histoire

Publié le 01/01/2019

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histoire

1920. Deux ans à peine après la fin de la Grande Guerre, la plus meurtrière de tous les siècles, on oublie les morts, on cache les «gueules cassées». C’est le temps de la folie, des nouveaux riches, c’est aussi une explosion artistique sans pareille qui fait éclater les codes, les barrières, dans tous les domaines. C’est le temps de l’Art déco, de Picasso et des dadaïstes, le temps de Stravinski, du jazz et du tango, de l’art ncgre, du groupe des Six, avec Honegger, Darius Mil-haud, Cocteau; et Jouvet, Dullin, les Pitoëff. Le temps où le cinéma est devenu majeur et populaire, le temps de Marcel L’Herbier, Eiscns-tein, Griffith, Pabst, Chaplin, de Hollywood, la plus fabuleuse des usines à rêves.

 

Les années vingt, on les appelle les Années folles, elles sont le temps de toutes les extravagances. Tout est grand, y compris le krach qui, la dernière année de la décennie, fait dégringoler les utopies du plaisir, annonce le bruit des bottes : les années trente, l’entre-deux-guerres. Brecht et Kurt Weill présentent leur Opéra de quai' sous. Dans Berlin exsangue où l’inflation a balayé la dignité, où grouillent chômeurs et escrocs, il y a cette histoire où Macky le Suri-neur et le chef de la police ont fait la guerre ensemble, où le roi des clochards détient un pouvoir redoutable. C’est la fin des années vingt.

 

Mais la révolution irréversible de cette époque vient des femmes. Pendant les quatre ans de guerre, elles ont dû dans bien des tâches remplacer ces millions d’hommes qui ne sont pas revenus. Elles n’ont pas encore gagné la liberté, mais sont définitivement sorties du

 

xixc siècle. Les fortunes ont changé de mains, les modèles de comportement viennent du Nouveau Monde. Le corps féminin s’adapte aux conditions de la vie, à son rythme-rapide. Le temps c’est de l’argent, dit le slogan, la vitesse commence à devenir une obsession, les automobiles se démocratisent, on n’y monte pas avec des crinolines... Dans cette société sans hommes, voici le temps des androgynes, des garçonnes, telles que les a rendues célèbres le sulfureux succès du roman de Victor Margueritte.

 

On se débarrasse du corset à lacets qui creuse la taille, déploie la gorge, accentue les courbes callipyges. D’un coup, il prend une réputation malséante. Les gaines élastiques compriment poitrine et hanches, allongent la silhouette. Apparaissent les mannequins filiformes aux longues jambes. La Sainte Russie, ses ballets et ses aristocrates exilés inspirent encore les lourdes capes drapées, pantalons bouffants, aigrettes, pelisses, regard lourd enivré d’opium. Déjà pourtant, les femmes envient les saines sportives américano-anglo-scandi-naves. Les robes s’arrêtent au genou, dévoilent les jambes, laissent deviner le mouvement du corps plus que les formes, s’appuient sur les hanches sans marquer la taille...

 

Dans les années vingt, le style Chanel envoie le style Poiret dans les oubliettes de l’histoire. «Je veux décidément qu’en 1920 ma maison dépasse les espérances qu’elle donne, et se situe une fois pour toutes à la tête du peloton. 1920 doit être une année de progrès, 1921 une année de consécration définitive», écrit le fastueux génie de la fête. Sur des thèmes exotiques — Chine, Antilles, Équateur — il présente une collection magnifique, mais ses longues jupes évasées, sa ligne tulipe, ses ors, ses lamés, ses broderies hors de prix, sa préciosité orientaliste appartiennent déjà au passé. Au mieux on y voit des idées pour des costumes de scène. Poiret s’en va inexorablement vers son déclin, tandis que Chanel triomphe. Il lui reproche son «misérabilisme de luxe». Elle crée, répond-elle, pour démoder ce qui lui déplaît, c'est-à-dire ce qui la précède.

 

Chanel

 

En réaction aux bariolages, aux velours, aux immenses fourrures enroulées, Chanel impose la rigueur des lignes et des matières, la netteté des couleurs. «Les femmes pensent à toutes les couleurs sauf à leur absence. J’ai dit que le noir tenait tout. Le blanc aussi, ils sont d'une pureté absolue.» Pureté du noir profond pour la «petite robe» droite, aux genoux, encolure ronde près du cou. Le noir barré d’un rang de fausses perles blanches, et juste les bracelets qui soulignent au poignet les longues manches étroites. On retrouve la netteté géométrique de l’art industriel, des tableaux de Fernand Léger, les contrastes tranchants de l'Art déco.

 

Gabrielle, dite «Coco» Chanel utilise des tissus dont elle

histoire

« ·------------ ----·--·---- - MODE: INVENTER LA FEMME.

Coco Chanel associe luxe et simplicité.

Ci-dessus: tailleur et chapeau cloche en 1927.

© Seeberger frères · Bibliothèque nationale -Paris © SPADEM 1990 MODE: INVENTER LA FEMME.

Sport, pla ge , Côte-d'Azur: le maillot de bain est à la mode.

©1-L.

Charmer détourne les fonctions.

Sa trouvaille inépuisable est le jersey, lainage marin souple et lourd qui se prête aux coupes simples, se creuse d'ombres mouvantes, souligne le corps sans l'emprisonner.

Chanel aime la maille soyeuse, en opposition avec le tweed doux mais épais qu'elle travaille en tailleurs, en manteaux trois quarts légèrement évasés, laissant dépasser l'amorce d'une jupe coordonnée.

Chapeaux cloches sur cheveux courts, formes fonction­ nelles.

Pratique, oui, mais somptueux.

C'est l'essence de la haute couture, l'élégance qui frôle une orgueilleuse austérité.

Tout en res­ tant fidèle au concept de simplicité hautement sophistiquée, Chanel invente des robes asymétriques dans des mousselines de soie qui semblent glisser sur la peau, des crêpes qui s'envolent en pans accro­ chés aux épaules, en doubles jupes superposées, en franges soyeuses retenues à la taille, ouvertes aux genoux.

Pour le soir comme pour le jour, les couleurs sont franches, blanc, bleu, rouge, noir bien entendu.

Paillettes noires couvrant en­ tièrement les tailleurs, ou dessinant des nervures sur les robes aé­ riennes, irrégulières, ou se mêlant aux perles pour broder des fleurs sur des fourreaux dont le décolleté plonge loin et découvre le dos.

Chanel porte à son apogée la mode courte et droite.

Elle en déjoue les pièges, en maîtrise la coupe.

À cette mode devenue symbole, Chanel apporte des varia­ tions qui semblent infinies.

À la fin de la décennie, pourtant, les robes s'allongent.

La taille reprend sa place naturelle, des spirales de volants s'enroulent autour du corps avant de tomber en traîne.

l:arrivée des années trente annonce un certain classicisme, dû peut-être à la crise économique qui atteint l'Europe.

Juste un état d'esprit, rien de ration­ nel : les matières se font de plus en plus luxueuses, les fourrures s'accrochent aux vestes, Chanel s'inspire moins des distorsions de Picasso que des tissus précieux dont les peintres de la cour se sont plu jadis à reproduire la magnificence.

Chanel, comme beaucoup de couturiers, a aimé la peinture.

Elle s'est également mêlée à la vie théâtrale et musicale, en habillant les vedettes «à la scène comme à la ville», en dessinant des costumes, pour Cocteau notamment qui était son ami.

Il lui commande ceux de son adaptation d'Antigone -créée en 1922 -et elle interpète dans des lourds lainages de teintes neutres les drapés arrondis, figés pour l'éternité sur les statues antiques.

Elle n'a jamais trahi son idéal : la pureté des lignes.

PATOU Un homme a partagé avec Chanel ce goût, et de façon plus radicale encore : Jean Patou.. »

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