La tapisserie de la Renaissance
Publié le 07/05/2012
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La plupart des apôtres ne sont pas reconnaissables, à l'exception de saint Jean, le plus jeune d'entre eux, et de saint Pierre avec sa barbe grise. On reconnaît également Judas, car son nom a été marqué sur sa manche, et sur l'ourlet de son vêtement. Jésus lui tend le pain. L'année 1516 est inscrite au-dessus du baldaquin, on peut donc admettre que la tapisserie fut exécutée cette annéelà. L'oeuvre fut commandée par la confrérie du saint sacrement de la petite ville de Carnaiora, au nord de Carrare, célèbre pour son marbre. Elle y est toujours exposée, au Museo Sacro. On suppose que la confrérie avait commandé d'autres tapisseries ayant notamment la passion pour thème, et que la Dernière Cène n'est que la première de cette série. Quoi qu'il en soit, elles n'ont pas été conservées par le Museo Sacra de la petite cité.
«
Près.
d'un siècle plus tard, en 1960, le m].lsée fit construire
une
salle spéciale, dont l'éclairage venant du plafond met
particulièrement bien en valeur
ces chefs-d'œuvre.
On estime généralement que les modèles de ces tapisseries
sont dus
à Bernard van Orley, ou à l'un de ses élèves, Pie
ter Coecke van Aelst.
Bernard van
Orley (1488-1541) était fils de peintre .
ll se
forma à Bruxelles et frrt peut-être un séjour en Italie.
ll fut
peintre de la cour de Marguerite d'Autriche de
1518 à
1527.
Tout comme son maître, Pieter Coecke van Aelst
(1502-1550) était un fervent romaniste- il traduisit le traité
d'architecture de Serlio.
Outre des cartons de tapisseries
0' Histoire de saint Paul, Les Sept Péchés capitaux), il des
sina également
des cartons de vitraux.
n se peut que les deux artistes aient travaillé aux modèles
des tapisseries illustrant l'affaire de
Pavie.
Une telle colla
boration était fréquente
à l'époque.
Les dessins qui servi
rent aux tapisseries sont actuellement exposés au Louvre.
Les tapisseries sont de Jean Gheteels, tapissier bruxellois
qui déploya tout son talent.
Charles Quint lui avait proba
blement recommandé de n'épargner
ni les frais ni les
efforts.
On remarque, par exemple, que les bordures sont rouges,
et donc
d'un coût beaucoup plus élevé que les usuelles
bordures bleues.
Le pape Léon X
(1475-1521), grand amateur d'art,
s'entoura de nombreux artistes, auxquels
il commanda
diverses œuvres.
Parmi eux se trouvait Raphaël (1483-
1520).
En 1515, Léon X lui commanda de dessiner le modèle de
tapisseries murales destinées
à la chapelle Sixtine.
Elles
devaient représenter des scènes de la
vie des apôtres.
En
1516, Raphaël avait terminé ses cartons, qui furent con-
fiés pour le tissage à l'atelier de Pieter Coecke van Aelst, à
Bruxelles.
Ce travail dura trois ans, puis les tapisseries
furent apportées
à Rome.
A l'origine,
il s'agissait d'une série de onze tapisseries,
dont une disparut au cours
des siècles.
Les dix autres sont
encore suspendues dans la chapelle Sixtine, mais
elles ont
beaucoup souffert, notamment lorsque l'armée de Char
les Quint détruisit Rome en 1527.
En 1528, le duc Gonzague de Mantoue demanda à un
tapissier bruxellois, Jean van Tiegen, de faire des copies
de neuf de
ces tapisseries.
Cet artiste de talent utilisa
les cartons originaux pour
·effectuer le travail, mais, contrairement à Coecke van
Aelst,
il n'eut pas recours à des fils d'or et d'argent.
Les
copies de Van Tiegen firent la fierté du duc de Mantoue,
et sont encore conservées dans la
salle des tapisseries du
palais ducal, ayant supporté apparemment sans domma
ges les injures du temps.
La figure de la page 132 en mon
tre un fragment.
Raphaël, qui est souvent considéré comme
un des plus
grands artistes de tous
les temps, a réussi par ses cartons
de tapisseries
à conduire ce métier d'art vers un nouvel
épanouissement.
Les tapisseries exécutées d'après
ses cartons semblent
sereines en comparaison des œuvres gothiques surpeu
plées et mouvementées.
A l'époque gothique, de nombreuses scènes étaient repré
sentées sur une
seule tapisserie, mais Raphaël préféra
aborder cette technique d'une autre façon.
n estimait
qu'une tapisserie ne devait traiter
qu'un seul sujet, pour
parvenir
à des compositions équilibrées, dans lesquelles
les perspectives étaient particulièrement soignées.
Ces caractéristiques sont également perceptibles dans
La
pêche miraculeuse, où l'on voit le Christ installé à l'arrière
d'une barque surchargée de poissons.
On sait que cette
pêche surabondante est due au conseil de Jésus :
"Jetez
vos filets pour pêcher", alors que les apôtres "avaient tra
vaillé toute la nuit sans rien prendre".
L'étonnement des pêcheurs est particulièrement bien
rendu.
L'un d'eux, probablement Simon Pierre, s'est jeté
à genoux dans la barque pour implorer le pardon du
Christ, car il avait douté.
Les silhouettes des apôtres se reflètent dans l'eau calme du
lac.
L'étendue d'eau donne une impression d'espace.
La
transition entre le lac et le ciel se produit avec douceur.
Les
rives semblent toucher l'horizon : seuls les rayons du
soleil les séparent.
L'habillement
des personnages est assez remarquable.
Du
temps de Raphaël,
le brocart et le velours grenat étaient
très courants.
Or l'artiste a choisi des étoffes unies pour ses personna
ges, et a reproduit ce qu'on croyait être la manière de se
vêtir aux premiers siècles de notre ère.
Ce trait est caracté
ristique de la Renaissance.
Chaque élément d'une œuvre
devait
se rapprocher le plus possible de la réalité et de la
vérité historique.
De nombreuses copies de cette
série originale ont été faites
au cours des
siècles.
Quatre des premiers cartons se sont perdus.
Les sept
autres sont actuellement la propriété du
Victoria and.
»
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