LA VOIX DES AIRS de MAGRITTE

« I.A VOIX DES AIRS 1931 Peintr e b elge A n alyse ,.._ L 'œ uvre figur e un ciel limpid e e t, ! évitant au-dessus d'un vert paysage côtier, troi s globes énormes : une telle vision suscite en nou s un sen­ timent d'angois se, une impression de my stère , qui n'ont rien de fortuit.

Magritte s' est e n effe t ing é­ nié à élaborer ces émotions avec une précision calculée.

Sa v is ion nous piège évidemment ; nou s ignorons comment reg a rder le tableau , à quoi le raccorder exactement.

Magritte déclarait lui­ même dans une interview qu 'il ne fallait chercher aucune explication précise à sa toil e, aucune interprét a tion symbolique.

Le titre ne cherche pas dava ntage à é claircir le sen s de la représenta­ tion , mais plutôt à s ugg érer ce que la création pictural e a provoqué en lui : ce nom , La Voix des airs, fut par ailleur s soufflé au peintre par P a ul Éluard, l' un de ses plus proch es et fidèles amis.

Le peintr e et l' écrivain prônaient tou s deu x l 'es thétique de la «poésie visible.

» Cette création est tout à fait étonn ante, car ces sphères ne sont rien d'autre en réalité que des grelots agrandis par l 'imagination d e l'artiste.

Au-delà de l 'int é rê t théoriqu e de cette toil e e t des concepts esthétiques qui inspir ère nt Magritte e t Éluard, La Voix des airs suscite l'e nthou sias m e par ses grandes qualités pictur ales : l' artist e a su Su rréal isme Huile sur toile 72 ,7 x 54 , 2 cm modeler avec une sûre t é parfaite le gris des gre­ lot s pour rendre encore plus vrai l'aspect volumé ­ trique.

L'azur du cie l gris qui s'é claircit vers l e bas est éga l e m e nt admirable , tout comme le choix et le traitem e nt des ver ts brillants qui habill ent le paysage irréel tout en bas.

L'œu vre [1 Signé en haut à gauche « magritte », le tabl eau porte éga lemen t une inscripti on d 'un bleu très clair, au crayon: « La Voix des airs /1932 /MAGRITTE » ; sans doute est-elle apocryphe.

La fortu n e qu'a connue la toile mérite éga le m ent quelques exp licat ions.

Il existe quatre vers ion s de ce tab leau : la premiè re , intitulée Les Fleurs de l'abî m e et exéc utée en 1928 , se trouve dans une col­ lection privée bruxelloise.

La seco nde est abritée à l'Albr ight-Knox Art Gallery de Buffalo , qui a cédé en contrepar tie une autre œuvre au Museum of Modern Art (Marna) de New York .

La version pré­ sentée ici fait partie de la collect ion Peggy Gug­ genheim , conservée au musée d'Art mode rne de Venise.

L a quatrième , peinte vraise mblabl eme nt en 1935, appar tient à un collect ionn eur privé italien .

La pro venance curieu se du tableau + Le collectionne u r Cla ude Spaak acquit La un ami commun .

La collectionneuse, croyant à Voix des airs directement auprès de l' artiste en une rencontre fortuite et appréciant en experte la 1932.

Huit ans plus tard , alors que les Allemands qua lité de l'œ uvre , paya le tab leau sur le champ.

s'apprêtaient à occupe r Paris ( 4 juin 1940), le Magritte partit aussitôt pour Carcassonne où il peintre, confronté à de graves difficu ltés finan- arriva , selon les documents , le 23 mai 1940 .

La cières, demanda à Spaak de lui restituer son fin des hostilités venue, il offrit à Claude Spaak œuvre.

Le peintre se présenta alors , sa toile sous un autre de ses tableaux , en dédommagement de le bras , à Peggy Guggenheim , qui se trouv ait c hez La Voix des airs.

Du même pei n tre : PICTO 992 à 994 Pho to The Salomon R.

Guggenhein Foun dations.

© Nardini Editore.

1994.

Liriade pour l"èdit. »