Voix DU SILENCE (les), d'André Malraux

Voix DU SILENCE (les), ouvrage de philosophie de l'art d'André Malraux (1951). Avec Saturne, essai sur Goya (1950), le Musée imaginaire de la sculpture mondiale (3 vol., 1952-1955) et la Métamorphose des dieux (3 vol., 1957-1976), les Voix du silence composent l'essentiel de la réflexion esthétique de Malraux. Dépourvus d'appareil do-

cumentaire, tissus d'affirmations parfois péremptoires, ces ouvrages ne constituent pas des travaux à caractère scientifique ; il s'agit plutôt d'essais, de spéculations, à la fois sur la nature de l'art et sa signification ontologique. Les Voix du silence présentent ainsi une esthétique et une métaphysique. L'art, selon Malraux, n'est pas imitation ; il naît non de la reproduction du réel, mais d'un conflit avec les formes antérieures qu'il s'efforce de dépasser. D'autre part, et l'on retrouve ici la problématique qui est au centre de toute l'œuvre de Malraux, l'art constitue un « antidestin » ; il est moyen d'affronter, et de dominer en lui donnant forme, ce qui est « extérieur à l'homme » et lui donne « conscience de

sa condition » : la mort, le mal, le temps, l'indifférence cosmique. Cet argument est illustré par une riche iconographie,

où des œuvres venant d'espaces géogra-

phiques et temporels différents sont juxtaposées de manière à manifester ce qu'elles ont d'universel et d'étemel : la capacité de l'homme à figurer ce qui pourrait l'anéantir.