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L’art dans l'Égypte antique

Publié le 15/11/2018

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LA COMPÉTENCE DE L'ARTISAN
• L'artiste égyptien, ou plutôt l'artisan, doit avant tout être un expert comme l'explique Irtysen sur la stèle funéraire qu'il se fit ériger à Abydos au début du Moyen Empire : « Je connais le secret des hiéroglyphes et le contenu des rites. J’ai appris à connaître la totalité des formules magiques [...]. Je suis de plus un artisan qui excelle dans sa pratique [...]. Je sais évaluer les dimensions, modeler un corps. Je connais l'aspect d'une statue d'homme et celle de la statue de femme, [...] comment rendre la peur sur le visage des adversaires du pharaon [...]. Je sais fabriquer les pigments [...]. Mais je ne révélerai cela à personne excepté à moi-même et à mon fils aîné. »
LES DIFFÉRENTS ARTS
L'art et l'artisanat égyptiens sous l'égide de Ptah, dieu des artisans, s'expriment à travers diverses pratiques et techniques:
• L'architecture monumentale. Apparue avec l'État égyptien, elle est surtout créative dans le domaine funéraire et religieux (l'architecture profane en brique, moins connue, est aussi ingénieuse, comme l'attestent les forts nubiens du Moyen Empire.

LA MISSION SPIRITUELLE DE L'ART L’art tenait une place de premier plan dans l'Égypte antique. Durant les trois millénaires que dura la civilisation pharaonique, il eut une importance telle qu'il régissait toute forme de vie sur terre. Mais, au-delà de cette finalité spirituelle, l'art était aussi présent au quotidien dans l'architecture, le mobilier et les objets de tous les jours. C'est grâce à lui et à l'écriture que l'on sait tant de choses sur cette civilisation modèle.
QU'EST-CE QUE L'ART ÉGYPTIEN ?
• Le but de l'art égyptien n'est pas la production du beau. « L'art pour l'art » n'existe pas.
 
• C'est une forme d'expression au service d'une vision du monde et du maintien de l'ordre cosmique et social (maât) établi par le dieu créateur.
 
• Une belle œuvre (néfer) est donc une œuvre efficace (ménekh), c'est-à-dire remplissant bien sa fonction dans la renaissance du défunt (art funéraire), la régénération du dieu (art religieux) ou la glorification du pharaon (art officiel).
 
• L'art égyptien s'apparente donc à la magie et au culte. Le même terme akhou s'applique d'ailleurs aussi bien au pouvoir magique du dieu créateur qu'au talent de l'écrivain et à la compétence de l’artisan.
 
• Représenter une chose, c’est la faire vivre.
LES CONVENTIONS
• L'art égyptien se conforme à des conventions précises, dont le respect garantit son efficacité.
 
• Le monde n'est pas représenté tel qu'il paraît, mais tel qu'il est. La perspective, qui en est une reconstruction mentale imparfaite, n'a donc pas droit de cité. On parle pour cet art d'« aspectivité » (néologisme allemand).
• Un jardin sera figuré en deux dimensions par la juxtaposition des angles de vue : le bassin vu de dessus et les arbres qui le bordent de profil. Exemple de cette méthode, dite « perspective rabattue » : une scène de la tombe de Rekhmirê (XVIIIe dynastie).
 
■ La volonté de coller à la réalité pousse aussi les artistes à ne pas dessiner un coffre sans en représenter le contenu pourtant invisible. C'est ainsi qu'il faut comprendre les objets figurés au- dessus des coffres dans les scènes de procession funéraire.
 
• La curieuse façon de représenter l'homme, le visage et les jambes de profil, l'œil et les épaules de face, répond au même impératif. Cette multiplication des points de vue correspond au désir de reproduire chaque motif sous son angle le plus reconnaissable.

« nain et sa famille, l'artiste a placé les deux jeunes enfants au pied de leur père.

Celui-ci étant assis à côté de sa femme, on a l'illusion qu'il est de la même taille.

• La peinture affiche aussi une sophistication extrême comme le analogues (porteurs, offrandes, vie agricole, etc.).

Le moyen d'expression est moins coûteux et le résultat plus fruste mais souvent plus vivant.

Cet art se perpétue jusque sous la Xli' dynastie.

• La statuaire privée révèle en général un désintérêt pour la norme memphite l!ll.ll'l!llllle'!...,.'"""!'""""""' � rigide.

prouvent les oies du tombeau de Néfermaat à Meïdoum (IV' dynastie).

Elles témoignent d'un grand savoir-faire dans le rendu réaliste et d'une grand sens de l'observation.

Les imposants mastabas des V' et VI' dynasties présentent quant à eux de vastes scènes peintes ou en relief sur la vie quotidienne (Mérérouka) • Les rois de la v• dynastie inaugurent un nouveau type de temples : le temple solaire axé sur une cour à ciel ouvert au centre de laquelle trône le benben (ancêtre de l'obélisque), représentation du tertre primordial où naquit le premier soleil.

(Abousir) • Si les parois intérieures des pyramides sont au départ nues, certaines parties du complexe funéraire sont décorées, notamment la chaussée montante qui relie le temple bas au temple haut.

A partir du règne d'Ounas, dernier roi de la V' dynastie, et jusqu'à la fin de la VI', les Textes des pyramides recouvrent les parois des pyramides de rois puis celles de certaines reines.

Les hiéroglyphes gravés et peints d'un vert turquoise y sont magnifiques.

PREMIÈRE PÉRIODE INTERMÉDIAIRE (2100-2000) : • L'art de l'Ancien Empire était avant tout un art officiel de cour dont le roi avait le monopole.

Le centre artistique en était la capitale Memphis.

• Sous la VI' dynastie, des foyers artistiques provinciaux prennent de l'importance.

Avec l'affaiblissement de l'État à la fin de la dynastie puis les troubles sociaux mal connus de la Première Période intermédiaire, ce processus s'accentue.

• L'art se développe en province sous une forme plus expressive.

L'architecture et la grande sculpture, trop coûteuses, sont délaissées au profit de la peinture, qui orne parfois les tombes rupestres des particuliers, et surtout d'un nouveau genre de statues : les modèles en bois.

• Ces modèles, figurés dans des attitudes de la vie quotidienne, sont déposés dans les tombes où ils remplacent les grandes scènes en relief des mastabas.

On y trouve des thèmes RETOUR À UN CERTAIN CLASSICISME : LE MOYEN EMPIRE (2000·1700) • A la fin de la Xl' dynastie, avec la restauration de l'État par Montouhotep Il et l'émergence de la Xli' dynastie, un retour au classicisme s'opère.

L'État reprend une politique active de production artistique.

• Si Montouhotep Il avait innové avec son complexe funéraire en terrasses à Deir ei-Bahari, les rois de la Xli' dynastie se posent comme les continuateurs de l'Ancien Empire.

lis transfèrent la capitale de Thèbes à Licht, au nord du Fayoum, et se font bâtir, comme leurs prédécesseurs, des pyramides.

• Ils donnent priorité à la formation de nouveaux fonctionnaires, nécessaires à la reconstruction d'un État fort et encouragent la production de textes littéraires qui deviendront des classiques.

• La grande statuaire réapparaît, caractérisée par des traits plus expressifs et un plus grand réalisme, même dans la statuaire royale.

Amenemhat li/ se fait ainsi figurer sous les traits d'un homme jeune puis vieillissant.

• La statuaire privée traduit un esprit similaire avec parfois plus d'exagération.

Les expressions sont souvent sévères, et de nouvelles attitudes voient le jour : on ne se limite plus la station debout ou assise.

Les sujets peuvent être accroupis et sont souvent figurés en famille, et tous à la même échelle.

• Des formes de plus en plus géométriques apparaissent.

Elles vont du rendu stylisé des corps enveloppés dans de grands manteaux � de véritables « statues-cubes » préfigurant celles du Nouvel Empire.

• La statuaire en bronze, qui sera en vogue à la Basse Époque, fait son apparition à cette période.

• L'orfèvrerie, très raffinée, atteint son apogée dans l'art du cloisonnement.

• La technique du bas-relief.

quoique peu employée dans les tombes des particuliers au profit du décor peint, atteint néanmoins un raffinement exceptionnel dans les productions royales comme la Chapelle blanche de Sésostris 1", à Karnak.

·Le décor peint se développe aussi dans les sarcophages des particuliers, coffres de bois ornés à l'intérieur et à l'extérieur de frises d'objets et des hiéroglyphes cursifs des nouveaux Textes des sarcophages.

A hauteur du visage de la momie, une fausse porte est généralement peinte et la paroi extérieure décorée de deux DEUXIÈME PÉRIODE INTERMWIAIRE (1780-1550) • Cette deuxième période obscure mêle désagrégation du pouvoir royal et occupation étrangère (Hyksos) dans le nord.

Le morcellement du pays est peu favorable à l'essor de l'art, mais les souverains hyksos créent malgré tout une effervescence intellectuelle en faisant notamment copier les textes égyptiens.

Certaines œuvres du Moyen Empire ne sont connues que par ces copies.

• La principale activité artistique est la production de scarabées décorés d'entrelacs d'inspiration orientale.

L'Égypte s'ouvre d'ailleurs beaucoup plus aux influences orientales : elle adopte le cheval, le char de guerre ...

NOUVEL EMPIRE (1550-1069) • Cette période connaît un essor artistique inégalé.

Le pays est prospère et domine un empire de type colonial dans la région de l'Euphrate à l'est et au Soudan au sud.

Les richesses affluent ; l'art de cour s'épanouit.

• Le contact avec l'Orient influence la vie quotidienne de l'élite.

Des thèmes décoratifs sont empruntés à la civilisation minoenne : griffons ou acrobates sautant au-dessus du taureau (Avaris).

Un goût prononcé pour le raffinement émerge peu à peu et culmine sous le règne d'Aménophis Ill (XVIII' dynastie).

• La politique de grande construction reprend, à Karnak, mais aussi dans toute 1 'Égypte et en Basse­ Nubie.

·Les souverains abandonnent la pyramide.

A Deir ei­ Bahari, Hatchepsout s'inspire du tem ple de Montouhotep Il, mais les autres rois se font désormais enterrer dans des hypogées dans la vallée des Rois à Thèbes.

La tombe est désormais séparée du temple funéraire (« temple de millions d'années ») bâti un peu plus loin, à proximité du Nil.

• Les statues divines et royales sont abondantes.

Aménophis Ill fait à lui seul sculpter 365 Sekhmet de pierre.

• La géométrisation amorcée au Moyen Empire dans la statuaire des particuliers s'exprime avec la création de nouveaux types : statues-cubes, stéléphores (personnages présentant une stèle), naophores (personnages présentant un naos), etc.

• La parure des femmes comme des hommes devient sophistiquée.

Tous portent de larges colliers et des boucles d'oreilles nouvellement importées de l'Est.

Les étoffes se superposent et se font plus délicates.

• Le raffinement culmine avec Akhénaton.

Sa révolution religieuse impose de nouvelles normes artistiques : plus d'expressivité et une exagération de certaines déformations physiques qui, parce que opposée à !Idéal ancien, a pu passer pour du réalisme.

Il ne s'agit en fait que de nouveaux canons.

Une plus grande liberté se rencontre dans l'expression des sentiments, avec l'apparition de scènes intimes représentant le roi en famille.

• Le souverain inaugure aussi une nouvelle technique de construction : les talatates, petits blocs de pierre récupérés sur d'autres monuments, qui permettent d'ériger dans l'urgence les nouveaux temples pour le dieu Aton.

• À la mort d'Akhénaton, le jeune Toutânkhamon rompt avec la révolution amarnienne.

Il quitte la capitale Amarna et renoue avec la tradition thébaine.

L'influence amarnienne sur l'art restera pourtant visible, notamment dans le caractère plus spontané des scènes.

Le plus bel exemple de cet art postamarnien étant les reliefs de la tombe du général et futur pharaon Horemheb.

La statuaire privée atteint aussi des sommets avec le groupe de Maya et Mérit (Leyde).

• L'époque ramesside est marquée par une activité artistique intense.

On l'a souvent qualifiée de « baroque » ou de « romantique » en raison de ses grandes fresques exaltant le courage et la force du souverain (bataille de Qadesh à Abou Simbel) • La communauté des artisans royaux de Deir ei-Médineh, très active sous les XIX' et XX' dynasties, offre des œuvres originales où le savoir-faire de l'art officiel s'applique à des motifs de la religion populaire, comme dans les bustes laraires, qui servaient au culte domestique des ancêtres récents.

TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE ET BASSE ÉPOQUE (1070-323) • À la fin de l'ère ramesside, alors que des phases d'instabilité politique et des invasions étrangères alternent avec des périodes plus prospères, l'art garde une certaine qualité.

• La production varie suivant l'origine des dynasties et le contexte politique.

• A Tanis, capitale des souverains de la XXI' dynastie, Pierre Montet découvrira les tombes inviolées de plusieurs rois des XXI' et XXII' dynasties, contenant des richesses comparables à celles de Toutânkhamon et, comme elles, exposées au musée du Caire.

• La XXV' dynastie nubienne, qui se veut le champion des valeurs pharaoniques, renoue avec l'idéal de l'Ancien et du Moyen Empire, et se nourrit de l'art de la XVIII' dynastie.

• La XXVI' dynastie, originaire de Saïs dans le Delta,renforce ses liens avec les Grecs, mais opère aussi un retour à l'art de l'Ancien Empire :elle reprend les Textes des pyramides, copie les reliefs des mastabas memphites et s'inspire de la sobriété des statues.

Parallèlement se développe la production de statues votives en bronze (par exemple les chats dédiés à la déesse Baste!), qui, grâce au moulage, peuvent être réalisées en grand nombre pour être vendues aux fidèles.

·La dernière domination perse et la conquête d'Alexandre le Grand sont marquées à la fois par une volonté certaine de conserver la tradition et un désir d'innovation.

En témoigne le tombeau de Pétosiris, grand prêtre de Th ot, à Hermopolis, où des scènes du plus pur style pharaonique côtoient des reliefs dlnspiration grecque.

PÉRIODE S PTOLÉMAIQUE (332-30 AV.

J.-(_) ET ROMAINE • Une nouvelle phase de l'histoire égyptienne s'ouvre avec l'arrivée au pouvoir des Ptolémées.

Alexandrie, fondée par Alexandre dans le Delta, devient la capitale d'un monde nouveau.

Il y règne une grande émulation intellectuelle et artistique.

Les mondes grec et égyptien s'y mêlent, donnant naissance à des formes originales dont l'archétype est le dieu Sérapis.

• Les temples égyptiens sont encore bâtis et entretenus.

Beaucoup ne sont connus aujourd'hui que grâce aux politiques de construction hellénistique et romaine (Edfou, Dendéra).

• La sculpture prend parfois une tournure sévère (tête verte de Berlin).

• L'art du portrait se développe et trouve son expression la plus aboutie dans les portraits du Fayoum (Il' siècle apr.

J.-C) ·L'art égyptien survit à l'époque romaine jusqu'à ce que, en 391 apr.

J.-C..

l'empereur Théodose interdise les cultes païens et ferme les temples.

Derniers gardiens de l'esprit égyptien, leur disparition signe l'arrêt de mort de la civilisation pharaonique.

liiM!&Wî!!'l • L'art égyptien connaîtra un regain d'intérêt au XVIII' siècle.

Si l'expédition de Bonaparte est la cause directe de cette vogue, l'Occident était sensible à cet art depuis la Renaissance.

Les Romains, appréciés à cette époque, avaient en effet un goût profond pour l'art égyptien.

Les empereurs firent ainsi transporter à Rome des objets égyptiens et faisaient même déjà exécuter des œuvres égyptisantes.

·Au XVIII' siècle, des œuvres égyptisantes sont aussi produites.

L'égyptomanie de l'époque se nourrit d'ailleurs plus de la vision romaine de la culture égyptienne que de l'art pharaonique lui-même.

C'est à cette époque qu'on restaure par exemple une statue en alb�tre brisée au torse de Ramsès Il.

On la complète avec un buste plus inspiré des statues romaines à la mode égyptienne d'Antinoüs (amant de l'empereur Hadrien) que par la véritab le statuaire de Ramsès Il.. »

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