LE CHRIST EN CROIX de Simon VOUET

« I g VOUET Simon LE CHRIST EN CROIX 1644 Peintre français Analyse ♦'La scène se situe peu avant la mort du Christ.

Sans doute celui-ci vient-il tout juste d'êtrecrucifié et la Croix est-elle hissée depuis peu sur le Golgotha : c'est du moins ce que laisse supposer la vivacité avec laquelle Jésus tord tout son corps, faisant saillir les muscles de son thorax et de ses bras.

Le drame compte moins ici que la tension, traduite notamment par l'atmosphère nocturne, le grand espace vide situé derrière la Croix et la disposition en diagonale des personna ges.

La Croix n'occupe pas exactement le centre de la composition : elle est décalée très légère ment à gauche ; les figures de Marie et de Jean convergent, elles, vers le Christ, en formant une diagonale opposée à celle marquéepar Made leine, agenouillée.

Tous les protagonistes accep tent l'événement avec courage, stoïques et conscients que ce qui arrive là est dicté par la volonté divine.

Jean, le profil souligné par un rai de lumière, porte la main à son cœur et lève les yeux vers le Messie.

Marie épanche sa douleuren ouvrant les bras, dans un mouvement de résigna tion.

Madeleine, enfin, s'agenouille au pied de la Croix et s'abîme, inconsolable mais digne, dans la prière. picto MUSEE DU LOUVRE 345 PARIS XVIIe siècle Huile sur toile 195 x122 cm  Cette représentation de laCrucifixion corres pond bien à l'image que voulaient transmettre les théoriciens de la Contre-Réforme. Ils avaient répliqué à la critique destructrice des protestants en confirmant lanécessité de la mort duChrist, indispensable au salut de l'humanité pécheresse : la Crucifixion ne pouvait être que positive, puis que l'homme y trouvait la rédemption. L'œuvre U Le Christ en Croix, qui provient de l'ancienne église de l'Oratoire, rue Saint-Honoré, à Paris (affectée depuis au culte protestant) a été par le passé maintes et maintes fois déplacé. Confisquée sous la Révolution, latoile fut expédiée à la manu facture de Sèvres le 16 septembre 1816, avant de rejoindre le Louvre puis, en 1912, le château de Maisons-Laffitte. Ce dernier déménagement expli que l'absence de l'œuvre dans le catalogue du Lou vre rédigé par Brière : Le Christ en Croix ne fut en effet définitivement restitué au musée qu'en 1944. Le tableau présente de nombreuses ressemblan ces avec laCrucifixion de l'église de Croissy, exécu tée vers 1644. Ces analogies ont fait penser que les deux toiles avaient pu être peintes lamême année. Vouet, portraitistede la cour royale ♦ Le peintre français reçut, peu après son retour d'Italie, une commande deLouis XIII : il s'agissait d'une série de portraits au pastel des courtisans.

Felibienrapporte que le roi aimait beaucoup regarder œuvrer l'artiste et qu'il s'es sayait même parfois à le copier.

« Vouet ne laisse pas d'employer un tempsconsidérable à faire des portraits, parce que le Roy, prenant plaisir à le voir travailler, lui faisait faire ceux de plusieurs Du même peintre :PICTO 340 à344 @ Nardini Editore, 1994. VPC Larousse-Laffont pour l'édition française, 1994. seigneurs de la Cour, et des officiersde sa Mai son, lesquels il représentait au pastel.

Cette sorte de travail étant propre et assez prompte, Sa Majesté voulut que Vouet lui apprît à dessiner et à peindre de cette manière afin de pouvoir se divertir à faire les portraits de ses plus familiers courtisans.

Le Roy s'y appliqua quelque temps et y réussit si bien qu'on en voit qu'il a faits, qui sont fort ressemblants. » Photo R.M.N.. »