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LE DOMAINE DES BEAUX-ARTS

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

   1° Par l'activité complexe de l'homme-artiste (dont une large psychologie peut rendre compte);    2° par une étude, en particulier, du rapport du sujet et de l'objet dans la création et la perception esthétiques ;    3° par la recherche des lois propres de l'objet d'art, dressant, sur des thèmes variés et selon les techniques employées, comme un éventail de la signification esthétique...    ...peut se trouver indiqué un domaine propre des beaux-arts, un monde qui participe du réel, mais ne se confond pas avec lui. Ce monde doit quelque chose au jeu et au rêve, baigne dans le milieu social, mais ne se limite pas là ; il se conforme à notre sensibilité en brassant les éléments de la vie affective, mais l'intelligence s'y trouve intéressée. Bref, il s'agit du monde des formes, dont l'étendue s'affirme en un système des beaux-arts, couvrant toutes nos possibilités de ressentir et d'exprimer le beau. L'attention se trouve ainsi reportée maintenant sur la création elle-même, que l'artiste réalise et à laquelle il convie le public en lui donnant à admirer.    Avant d'étudier les éléments techniques, nécessaires à la compréhension de chacune des expressions artistiques, il convient donc de considérer la matière dont l'existence des beaux-arts implique la mise en œuvre.    C'est dans ce qu'on appelle communément l'imagination créatrice, qu'on peut trouver à la fois ce donné massif et les premières modalités de transformation, le mécanisme mental essentiel à l'œuvre d'art.   

« réduit aux mouvements et aux intentions qui leur donnent naissance.

L'imagination se fixe alors dans les objets issusde ces mouvements ou de ces intentions.

Ce qu'il convient donc de rappeler, c'est comment les images mobiles seproduisent à un niveau caractérisé, celui de l'activité esthétique. Or, Bachelard, étudiant ce qu'il nomme l'imagination de la matière montre comment la présence de la matière (air,feu, terre, eau) et celle des objets usuels eux-mêmes, impriment à nos pensées un certain mouvement orienté quise traduit par des rêveries-types, s'épanouit en des états évocateurs et en des associations que l'on peutrépertorier.

Cela se produit par l'intermédiaire d'une série de réactions, d'un rythme (le balancement de l'eau, parexemple) communiqué à nos activités élémentaires.

S'éveillent alors en nous toutes sortes de liaisonsantérieurement établies et représentées par nos états affectifs complexes.

(C'est ainsi que le balancement de l'eausous une barque peut rappeler le bercement maternel.) De là, les sources d'inspiration propres à chaque artiste, lechoix qu'il fait plus volontiers d'un lieu, d'une saison, d'une heure de la journée, d'un souvenir, d'un assemblaged'objets qui favorisent ses moments créateurs et dont la connaissance permet à l'esthéticien ou au public unemeilleure intelligence de l'œuvre créée.

Par là aussi, on peut expliquer cet appel de la matière qui fait le sculpteur oule musicien plutôt que le peintre ou le poète. Inversement, l'imagination est encore ce par quoi nous saisissons la signification de la représentation esthétique.J'appelle imagination, écrit Joubert, la faculté de rendre sensible ce qui est intellectuel, d'incorporer ce qui est esprit; en un mot de mettre au jour, sans le dénaturer, ce qui est de soi-même invisible.

Il s'agit alors d'une fonctionessentiellement artistique et technique qui permet, à l'artiste comme au public, de trouver l'idée dans l'image, lesigne dans l'objet.

C'est une imagination proprement expressive, créatrice de symboles. Le jeu de l'imagination, par lequel nous découvrons le domaine des beaux-arts, nous permet donc de lier l'expressionà l'impression.

Si bien que l'univers artistique apparaît déjà dans les modes de la création, puis dans l'ordre manifestépar les œuvres d'art.

Celles-ci s'organisent, en effet, en elles-mêmes et les unes par rapport aux autres, selon deslois propres, dont l'artiste est amené à prendre conscience et qui vont, à leur tour, diriger les impulsions créatrices. On peut, dès lors, parler d'imagination créatrice.

C'est qu'en tous ses sens pris ensemble, l'imagination, utiliséeprécisément sur le plan esthétique, est bien le transformateur grâce auquel le monde des formes tient à la fois à lanature et au moi, au singulier et à l'universel.

C'est le mécanisme par lequel s'ouvre un domaine, amorcé parl'impression et qui prend un sens par l'expression : celui du symbole. Si l'on évoque l'étude du langage, qui présente le cas le plus typique de la symbolisation, on constate qu'en sonévolution, le langage est d'abord émotionnel et gesticulé, avant d'être articulé.

Il est, en somme, une manifestationexpansive et réactionnelle avant d'être, à proprement parler, une fonction de relation. Or, les arts réalisent au contraire, avec les moyens propres à chacun d'eux, un système symbolique qui n'a pas envue l'utilité, parce que la teneur émotionnelle persiste à en exclure le sens pratique. De là vient que, même lorsqu'il évolue vers l'abstraction, l'art garde le ton émotionnel et expansif qui est sa marque.Il n'a pas pour objet l'accord des esprits en vue d'un classement commun des objets usuels.

S'il prépare l'action, il lefait par une communion spontanée des êtres.

Dans un éveil collectif de l'émotion, il crée le droit reconnu d'uneexpansion subjective.

Aussi est-ce en considérant les arts, plus qu'en étudiant le langage, qu'on peut admettre quel'homme est une machine à créer des symboles.

En effet, un objet quelconque peut devenir un signe; il est mêmetoujours significatif en tant qu'il éveille un comportement adapté.

Mais ce n'est pas encore à ce niveau l'objet de lasubstitution en tant qu'il définit le symbole, appelant le jeu de l'imagination, pour mêler à la nature le moi et l'idéal.Au contraire, c'est l'objet d'art qui joue indéfiniment ce rôle, par quoi le domaine des beaux-arts se trouve êtrecomme le lieu du symbolisme, c'est-à-dire des opérations magiques. C'est sans doute ce qu'il faut retenir de ce texte où Lecomte du Nouy présente la naissance d'un nouveau monde, àun moment capital de l'évolution humaine : Et tout d'un coup, c'est la libération.

L'être nouveau change de maître ; il échappe à l'étreinte des loisphysicochimiques et biologiques qui passent au second plan.

En lui naissent des désirs et des idées esthétiques queses mains lui permettent de réaliser.

La satisfaction de ses appétits ne lui suffit plus : il regarde son univers commeautrefois mais maintenant il le voit.

Il pense, il copie, il apprend.

Le sens de la beauté lui apparaît.

Il se pare ; ilrecherche et combine ]es couleurs.

Ses armes, ses outils doivent être plus que des instruments utilitaires : ilsdoivent être beaux ; il les polit, il les sculpte.

Les objets les plus courants symbolisent ainsi sa double raison d'être :perpétuer la race, et contribuer à son évolution véritable dans le domaine exclusivement humain de l'Esprit. La pittura é cosa mentale, écrit Léonard de Vinci.

De tous les beaux-arts on peut ainsi dire, et en un double sens,qu'ils sont choses mentales, créations de l'esprit. Leur domaine est, en effet, celui de l'esprit dans sa perpétuelle naissance : par le sort fait à la poussée de toutesles impulsions qui sollicitent l'esprit, et par les créations selon lesquelles celui-ci affirme son existence. Les thèmes artistiques.

Mais, à un autre point de vue, il y a comme un registre des thèmes, une expression limitéepar les possibilités matérielles propres à chacun des arts.. »

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