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Le renouveau du paysage artistique français à la fin des années quatre-vingt

Publié le 14/05/2014

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À peine achevées, les années quatre-vingt ont fait l'objet de bilans et de 

manifestations comme s'il s'agissait d'une période qui avait marqué d'un sceau particulier le 

cours de l'histoire. Le débat autour du concept de postmodernité, qui a tant agité les esprits 

toujours prompts à étiqueter l'histoire, n'est pas le moindre des signes d'une telle prise de 

conscience. 

Sur le terrain particulier de l'art, les années quatre-vingt sont synonymes en France 

de renouveau : un remodelage complet du paysage artistique a été opéré, qui a mis en 

valeur l'éclectisme de la production, la décentralisation des manifestations et la 

médiatisation du système. D'une extrémité à l'autre de la décennie, les données ont 

radicalement changé, tant sur le plan structurel que sur celui d'une certaine perception de la 

création contemporaine. 

Le mélange des genres 

Jusque dans leur désignation, les séculaires et académiques beaux-arts ont laissé la 

place à l'appellation, plus contingente, d'arts plastiques. Très tôt prise en compte par les 

pouvoirs publics au sein d'une délégation ministérielle correspondante (Délégation aux arts 

plastiques), cette expression regroupe des disciplines aussi différentes que la peinture, la 

sculpture, la photographie, les installations dans l'espace, la bande dessinée, la mode, le 

design, la vidéo, les métiers d'art... Si l'émergence de cette expression fait écho a posteriori 

au concept d'interdisciplinarité prôné en 1968, elle illustre parfaitement toutes les 

mutations que le paysage artistique a connues au cours des années quatre-vingt. S'il est 

indéniable que cette transformation procède de la volonté d'une politique, révélée par les « 

soixante-douze mesures pour les arts plastiques « du discours de Lille - Le Cateau prononcé 

par Jack Lang en 1982, celle-ci n'en découle cependant pas exclusivement. 

« On peut dire des années quatre -vingt qu'elles furent éclecti ques, au sens étymologique du mot, car elles ont engendré une production d'une rare diversité, laissant au regardeur l'entière liberté de son choix.

Rarement la scène artistique a -t-elle été aussi largement ouverte à tous les modes, voire à toutes les modes.

De ce point de vue, les années quatre -vingt lui ont permis de retrouver sa capacité intrinsèque à jouer de son espace et de ses différences.

Depuis plus d'un millénaire, la France est au carrefour de courants et de flux extrêmement variés et ce qui l'a historiquement constituée est davantage un réseau d'interférences que l'univocité d'un propos.

Ce qui a caractérisé la création artistique au cours de la décennie est l'expression au gran d jour de ce qui l'a toujour s distinguée dans ce pays et l'un des traits qui la signent est d'avoir rendu possible la coexistence — la cohabitation ? — d'autant de registres formels. Comment expliquer les succès extrêmes, et cependant simul tanés, d'un Comb as et d'un Buren, d'un Blais et d'un Garouste ? Au moment où perçait la Figuration libre, on récapitulait l'histoire de l'Arte povera pour l'ancrer définitivement dans nos habitudes culturelles ! Hervé Di Rosa illustrait la couverture du catalogue de la No uvelle Biennale de Paris en 1985, tandis que Beaubourg célébrait enfin Viallat et que le Nouveau Réalisme fêtait ses vingt -cinq ans et son historicisation ! Un Le Gac, un Debré, un Klossowski, associés à un Alberola, à un Bouillon et à un Lavier, se retrou vaient côte à côte dans des expositions de représentation diplomatique à l'étranger ! Comment compren dre en effet tous ces événements à moins de penser que dans ces rassemblements pour le moins hybrides surgissent les qualités fondamentales de notre ident ité, telle que Fernand Braudel l'a définie : «...

la France se nomme diversité » .

Peintures sur châssis ou sur toile libr e, à l'huile ou à l'acrylique ; sculptures en ronde bosse, assemblages, installations ou véritables mises en scène que le visiteur doi t traverser ; manipulations du médium photographique ; utilisation de la bande son, de l'écran vidéo ; images nouvelles de synthèse...

le catalogue de la production artistique des années quatre - vingt est illimité ! L'éclatement provincial Deux événements parisiens constituent une préface specta culaire à ce catalogue — l'exposition Finir en beauté, organisée par le critique d'art Bernard Lamarche -Vadel en juin 1981 dans son appartement et les fameux Ateliers réunis par Suzanne Pagé à l'A.R.C.

au musée d'Ar t moderne de la Ville de Paris durant l'hiver 1981 -1982.

Mais il faut rappeler aussi le très important mouvement d'associations dont on vit la floraison un peu partout en France dès lors que tout redevenait possible.

L'organisation d'une biennale « off » à l'automne de 1982 au Centre Pompidou, où chaque jour un groupe ou un lieu était invité à présenter l'éventail de ses activités, permit au public de découvrir un monde d'artistes aux travaux très différents.

La Biennale rendit compte surtout de la réalité d'une décentralisation que, très rapidement, les pouvoirs publics décidèrent de favoriser. Les années quatre -vingt resteront dans l'histoire de l'art contemporain comme celles d'une atomisation du milieu de l'art, lequel n'avait jusqu'alors de siège que vé ritablement parisien — exception faite de quelques rares institutions comme le C.A.P.C.

(Centre d'arts plastiques contemporains) de Bordeaux ou le musée d'Art et d'Industrie de Saint -Étienne.

L'apparition des Fonds régionaux d'art contemporain (les F.R.A.C .) en juin 1982 a été à cet égard essentielle.

Créées à l'initiative de Claude Mollard, alors délégué aux arts plastiques, ces institutions, établies budgétairement sur un mode paritaire entre État et région, ont joué un rôle primordial de diffusion et de promotion.

Très tôt reconnus par les politiques comme un instrument de faire -valoir culturel, les F.R.A.C.

sont devenus, en l'espace de quelques. »

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