LES PAYSAGISTES ANGLAIS
Publié le 06/02/2019
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sont jamais identiques, deux heures non plus ; il n’existe pas deux feuilles identiques dans le monde depuis sa création», écrivait le peintre.
Bien qu’encore très présent, le sujet recule au profit de l’effet, du rendu: la perspective et surtout la lumière constituent désormais l’origine et l’aboutissement de l’œuvre. Les variations provoquées dans le ciel par le passage d’amas nuageux sont ainsi la matrice de la Baie de Weymouth (1816) et du Phare de Harwich (1815-1820). Ces changements lumineux se traduisent le plus souvent par de petites touches blanches, la fameuse «neige» de Constable qui donne à tous ses tableaux ce frémissement si particulier.
Les visions cosmiques
Sommaires et agitées, les compositions de William Turner (1775-1851) abolissent le sujet. Cet ancien élève des Royal Academy Schools, admirateur de Lorrain et de Gainsborough, préfère le diktat de l’imagination à celui du réel. Ses paysages, pris sur le vif, sont retravaillés et agrémentés de figures inventées ou reproduites de mémoire. Ses peintures à l’huile comme ses aquarelles révèlent, sinon un désintérêt, du moins un éloignement volontaire du réel.
Dotés d’une puissance supérieure, ses arbres et ses rochers donnent l’impression d’un monde effervescent, animé par des forces souterraines
Le talent de Constable apparaît dans sa perception aiguë du détail et sa capacité à fixer l’instant, c’est-à-dire l’éphémère.
Très soignée, cette vue de Dedham Vale atteste un art réfléchi et une exécution parfaite.
inhumaines. L’univers aquatique de Turner est encore plus tumultueux. Sa fameuse Tempête de neige: vapeur au large d'un port (1842) a des accents particulièrement sauvages. Aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre, ce tableau a été éreinté par la critique lors de sa présentation officielle : des couleurs «de cuisine», s’indigna-t-on. «Un cuisinier affligé de la manie du curry», s’écriait, quinze ans plus tôt, la presse à propos de la Vue de Mortlake Terrace, soir d’été.
La nostalgie victorienne
Loin de suivre l’abstraction de William Turner, James Whistler (1834-1903) opère, avec ses Vues de la Tamise, un curieux retour au réalisme. L’ère victorienne marque par ailleurs le triomphe des préraphaélites, cette confrérie de peintres anglais qui puise son inspiration chez les primitifs italiens et dans les sujets historiques et bibliques. Si, par leur intensité, l'Ophélie de John Everett Millais (1829-1896) et le Berger stipendié de William Holman Hunt (1827-1910) sont d’éclatantes réussites, beaucoup d’autres compositions souffrent d’un excès de symbolisme et d’artifice.
Il faudra attendre le XXe siècle et des artistes comme Graham Sutherland et Paul Nash, tous deux influencés par le postimpressionnisme et le surréalisme, pour revenir à un art moins nostalgique. Ni pittoresque ni ornemental, le paysage retrouve sous leur impulsion le rôle que lui avait dévolu Turner: un tremplin à des visions personnelles et authentiques.
Constable peignit La baie de Weymouth en 1816, durant sa lune de miel avec Maria Bicknell. Son style, très dramatique, évoque les deux capricieux et obscurs de Turner.
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Les
paysagistes anglais
sont jamais identiques, deux heures non plus; il
n'existe pas deux feuilles identiques dans le
monde depuis sa créatio n>>, écrivait le peintre.
Bien qu'encore très présent, le sujet recule au
profit de l'effet, du rendu: la perspective et surtout
la lumière constituent désormais l'origine et
l'aboutissement de l'œuvre.
Les variations provo
quées dans le ciel par le passage d'amas nuageux
sont ainsi la matrice de la Baie de Weym outh
(1816) et du Phare de Harwich (1815-1820).
Ces
changements lumineux se traduisent le plus sou
vent par de petites touches blanches, la fameuse
«ne ige» de Constable qui donne à tous ses
tableaux ce frémissement si particulier.
Les visions cosmiques
Sommaires et agitées, les compositions de
William Turner (1775-1851) abolissent le sujet.
Cet ancien élève des Royal Academy Schools,
admirateur de Lorrain et de Gainsborough, pré
fère le diktat de l'imagination à celui du réel.
Ses
paysages, pris sur le vif, sont retravaillés et agré
mentés de figures inventées ou reproduites de
mémoire.
Ses peintures à l'huile comme ses
aquarelles révèlent, sinon un désint érêt, du
moins un éloignement volontaire du réel.
Dotés d'une puissance supérieure, ses arbres et
ses rochers donnent l'impression d'un monde
effervescent, animé par des forces souterraines
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LeCoucher
de soleil,
Rouen de Turner
annonce évidemment
Monet.
Les couleurs
très vives de cette
aquarelle ont valu
au peintre de
féroces critiques.
De nos jours,
cette audace est
louée unanimement.
1 Le talent de Constable apparaît dans A sa perception aiguë du détail et sa capacité
à fixer l'instant, c'est-à-dire l'éphémère.
Très soignée, cette vue de Dedham Vale atteste
un art réfléchi et une exécution parfaite.
inhumaines.
L'univers aquatique de Turner est
encore plus tumultueux.
Sa fameuse Tempête de
neige: vapeur au large d'un port (1842) a des
accents particulièrement sauvages.
Aujourd'hui
considéré comme un chef.> ,
s'écriait, quinze ans plus tôt, la presse à propos
de la vue de Mortlake Terrace, soir d'été.
La nostalgie victorienne
Loin de suivre l'abstraction de William Turner,
James Whistler (1834-1903) opère, avec ses vues
de la Tamise, un curieux retour au réalisme.
L'ère
victorienne marque par ailleurs le triomphe des
préraphaélites, cette confrérie de peintres anglais
qui puise son inspiration chez les primitifs italiens
et dans les sujets historiques et bibliques.
Si, par
leur intensité, l'Ophélie de John Everett Millais
(1829-1896) et le Berger stipendié de William
Holman Hunt (1827-1910) sont d'éclatantes réus
sites, beaucoup d'autres compositions souffrent
d'un excès de symbol isme et d'artifice.
Il faudra attendre le xx• siècle et des artistes
comme Graham Sutherland et Paul Nash, tous
deux influencés par le postimpressionnisme et le
surréalisme, pour revenir à un art moins nostal-
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Ni pittoresque ni ornemental, le paysage
� retrouve sous leur impulsion le rôle que lui avait
]l dévolu Turner: un tremplin à des visions person
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Constable peignit La baie de Weymouth
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Son style, très dramatique,
� évoque les cieux capricieux et obscurs de Turner..
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