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L'EXPRESSIONNISME ALLEMAND

Publié le 14/09/2014

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L'expressionnisme et la guerre

Sur le front. Pour l'expression­nisme allemand, 1914 est une date terrible. Dès la déclaration de guerre, le mouvement se défait. La plupart de ses membres sont en âge d'être mobilisés et quelques-uns des autres poussent le zèle patriotique jusqu'à devancer l'appel. Der Blaue Reiter est bientôt décapité : August Macke est tué dès 1914 et Franz Marc disparaît à Verdun en 1916. Quant à Kandinsky et Jawlensky, sujets russes et donc ennemis, ils doivent quitter l'Allemagne. Kirchner est dans l'artillerie, mais il doit bien­tôt être hospitalisé dans un sanato­rium pour des troubles psychiques. Schmidt-Rottluff et Heckel accom­plissent chacun trois ans au front sans dommage, mais ils sont à leur libération des hommes usés. Quant à l'Autrichien Kokoschka, rallié à l'expressionnisme, il est grièvement blessé sur le front russe en 1915.

La fin d'une histoire. Quelques artistes, pourtant, tels Max Beckmann et Otto Dix, trouvent dans l'horreur des tranchées le sujet d'oeuvres dramatiques. Les eaux-fortes du premier, gravées dès 1915, et les toiles du second don­nent de la Première Guerre mon­diale ses représentations les plus éloquentes. Cela ne suffira pas : en 1918, ni Die Brücke ni Der Blaue Reiter ne se reforment. D'une géné­ration qui s'est montrée si créative il ne reste que des artistes désespé­rés dans un pays ruiné et traversé d'émeutes et de révoltes.

 

 

« incisent des fonnes élémentaires et découpées .

À l'impression, les lignes de force apparaissent en noir et contrasten t avec le blanc du papier.

Des références primitives nourrissent cette démarche : Heckel et Kirchner s'inspir ent de la gravure allemande médiévale et de s on gra­ phisme rudimentaire , dépourvu de nuances mais d'une grande efficacité.

Ils fréquentent aussi les salles océanienne s du musée d'Ethnographie de Dresde, riche d'objets en provenance de Nouvelle-Guinée et des Nouvelles-Hébrides, idoles et masques violem ­ ment polychromes.

On imagine la stupeur des amateurs de Dresde face à des peintures si complètement étrangères au •bon goût• de l'époque ...

Un écho en Bavière L'étonnement du public munichois n'est pas mo ins grand quand il découvre , en décembre 1911 , dans une galerie, une exposition appe­ lée étrangement : •Première exposition de la rédaction du Cavalier Bleu •.

Le •Cavalier Bleu •, Der Blaue Reit er, en allemand , est la dénomination du groupe organisé trois ans auparavant autour de deux peintres, l'un alle­ mand, Franz Ma rc (1880-1916) , l'autre d'ori ­ gine russe, Wassily Kandinsky (1866-1944).

Avec eux exposent également August Mac k e ( 1887-1914), la compagne de Kandinsky Gabrielle Münter, le compositeur Arn old Schônberg et un Français , Robert Delaunay.

Comme en écho aux expressionnistes de Dresde, les tableaux présentés montrent des couleurs extraordina irement vives et parfois dissonantes.

L'in fluence en est auss i française : les artistes qui exposent à Munich ont médité la leçon du coloriste Matisse , que Kandinsky et son compatriote le peintre Alexej von Jawlensky (1864-1941 ) ont fré­ quenté à Paris.

A partir de 1908 , tantôt à Munich , tantôt à Murnau , dans les Alpes bavaroises , Kandinsky réunit autour de lui des peintres , allemands et russes, réso lus eux aussi à «révo ­ l utionner • les beaux-ar ts.

Les jeunes gens rêvent d'une grande confrérie artistique, sorte de phalanstère de la création.

En 1909 , ils s'organisent en une première union d 'artistes , la NKVM, qui invite Braque , Picasso , Derain et Van Dongen à exposer à Munich.

Le grou­ pement éclate dès décembre 1912 , en raison de divergences esthétiques - parce que Kand insky et Marc inquiè tent par leurs ten­ dances de plus en plus abstraites.

Tous deux ont en effet déjà •sauté le pas • et peint leurs premiers tableaux et aquarelles non-figuratifs ou à peine figuratifs, affrontements de masses colorées et constructions de lignes .

À partir du printemps de 1912 , cependant, les aspirations uni versalistes du Cavalier b l eu, de nouveau isolé , s' expriment dans un Almana ch ayant pou r titr e le nom du mouve­ ment (Blaue Reiter ) .

La publication , illus trée de gravures sur bois archaïsantes très proches de celles qu'exécutent au même moment les artiste s de Dresde , veut rassembler •les aspi­ rations de ceux dont l'a s piration fondamen­ tale est d'élargir les frontières qui limitaient jusqu 'ici le pouvoi r expressif de l'art •.

hé, Karl Schmidt-Rottluff, 1913 (Hanovre , Spr e ngel Mu seum).

L'Allemagne de Guillaume Il Le mouvement expressionniste allemand naît au sein de l'empire wilhelmien - le régime de Guillaume Il -, dans un pays dominé par une élite conservatrice et protestante , sûre de se s valeurs et prête à les exporter en Europe .

Ce pays a triomphé en 1870 de la France , qu'il continue à considé ­ rer comme un adver saire , politique ­ ment et militairement abaissé.

Les artistes de Die Brücke et de Der Blaue Reiter - les courants expressionnistes de Dresde et de Mun ich -choquent donc à un doub le titre le public bourgeois allemand : ils entendent révolutionner les prin­ cipes de l'art , faute de pouvo ir trans­ former ceux qui fondent la socié té; ils prennent pour modèle s, notamment , des artistes contemporains fran ­ ç ai s, de Gauguin aux cubistes en pa ssa nt par les fau ves et les nab is.

Max Pechstein , Affiche pour l'exposition de •Die Brücke •, en 1 909, à Dresde.

D e gau ch e à droite , on reconnait : Heck el et Pechstein (en haut) , Schm1dt ­ Rottluff et Kirchner (en bas) .. »

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