MANON LESCAUT de Giacomo PUCCINI

« théâtre qui tient du miracle. Madame Butterfly (1904) est du faux Japon, et la navrante aventure de la petite "mousmé" (David Belasco, États-Unis), est, on me l'accordera, un peu invraisemblable.

Expliquez alors, si vous le pouvez, pourquoi tous lesspectateurs, et même les plus endurcis, quittent le théâtre, cachant à peine leur gêne d'avoir été forcés aux larmes?... Le fille du Farwest (1910) (également de Belasco, dramaturge américain), ne vaut pas moins que cette sottehistoire ; elle vaut même beaucoup plus, car c'est dans cette Oeuvre que Puccini montre à quel point sa techniqued'harmoniste et d'orchestrateur était arrivée, grâce à sa magnifique ferveur de musicien passionné de connaître etde se documenter : à la différence de ses collègues italiens, il voyageait sans cesse, et se faisait un trésor desdécouvertes de Claude Debussy et d'autres compositeurs qui venaient de se révéler.

La Rondine (1917) fut un demi-échec, tandis que Il Trittico (Le Triptyque) : Il Tabarro, suor Angelica, Gianni Schicchi, qui suivit quelques annéesaprès, apporta à Puccini le succès.

Le dernier volet de ce triptyque, Gianni Schicchi, est un chef-d'Oeuvred'humour, de goût, de finesse, et il est orchestré de main de maître.

Turandot (1923) fut peut-être une erreur dejugement de la part d'un artiste qui pourtant se connaissait parfaitement, et n'aurait pas dû ignorer qu'il n'était pasfait pour la fantaisie d'un livret farci de "chinoiseries", avec des prétentions de "grand opéra"... La mort le frappa dans une clinique de Bruxelles d'une façon brutale, mais l'on peut affirmer que sa mémoire restedans les cOeurs de ceux qui ont chéri ses mélodies spontanées et passionnées d'Italien intégral, et de ceux qui l'ontconnu. On dira donc de Giacomo Puccini, qu'il fut un artiste dans le sens le plus large du terme, titre qu'il mérite, quoi qu'ondise, pour avoir su rester toujours lui-même, sincère et honnête dans son art.

Refusons-nous à vilipender desartistes comme lui, Massenet, ou Grieg, seulement parce qu'ils eurent la chance de plaire, tout en restantd'excellents musiciens. l'héritier génial de Verdi Issu d'une dynastie de musiciens et formé à la musique religieuse dès son plus jeune âge, Giacomo Puccini décida desa vocation le soir où il assista à une représentation d'Aïda de Verdi.

Puccini incarne le vérisme italien avecMascagni (Cavalleria Rusticana) et Leoncavallo (Paillasse), mais à un tout autre niveau.

L'objectif de Puccini estd'atteindre la vérité : «Ce que je veux, c'est être sincère, être vrai ; c'est donner de toutes mes forces, et par tousles moyens, le sens de la vie.» Ses opéras nous plongent dans un univers qui n'est plus épique ou légendaire, maisquotidien : «Je ne suis pas fait pour les actions héroïques.

J'aime les êtres qui ont un coeur comme le nôtre, quisont faits d'espérances et d'illusions, qui ont des élans de joie et des heures de mélancolie, qui pleurent sans hurleret souffrent avec une amertume tout intérieure.» Mais le vérisme puccinien est une recréation théâtrale etmusicale, un réalisme poétique.

Puccini excelle à créer des ambiances et à traduire les nuances des sentiments.Cependant sa popularité l'a parfois desservi et certains l'ont accusé de vulgarité et de complaisance.

En réalité, sonécriture, toujours suave et raffinée, parfois très audacieuse, n'a cessé de mûrir et d'évoluer.

L'écrivain anglaisBernard Shaw écrivit que Puccini était «l'héritier de Verdi» : héritier génial, qui a su concilier le lyrisme verdien et lesymphonisme wagnérien, en une synthèse d'une éclatante originalité.

En fait, Puccini est un poète, comme lesuggérait un autre poète, Oscar Wilde : «Puccini est un Alfred de Musset qui écrit des notes.» Parmi ses douzeopéras, outre Manon Lescaut, La Bohème, Tosca, Madame Butterfly et Turandot, on trouve des oeuvres moinsconnues mais admirables telles que La Rondine , La Fanciulla del West, Tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi. ORIGINE ET ACCUEIL Troisième opéra de Puccini, Manon Lescaut fut représenté la même année que le Falstaff de Verdi.

Il connutimmédiatement un immense succès en Italie et à l'étranger.

Aujourd'hui, en France, il reste injustement éclipsé parla Manon de Massenet. RESUME histoire d'amour romanesque et tragique Au XVIIIeme siècle, à Amiens, puis à Paris, au Havre, et en Amérique Acte I : A Amiens, sur la grande place, une foule d'étudiants et de jeunes filles flânent et bavardent.

Parmi eux setrouve un jeune noble, Des Grieux (t).

Arrive un coche, dans lequel se trouvent une jeune fille, Manon Lescaut(sop), son frère (bar), et Géronte (b),fermier général.

Des Grieux tombe amoureux de Manon.. »