PEDRO BERRUGUETE
Publié le 17/04/2012
Extrait du document
? -av. 1504
LA Castille est restée longtemps réfractaire au renouveau de la peinture toscane, que les provinces orientales de la péninsule ibérique avaient accepté, au contraire, tout de suite. Toute gothique encore au XVe siècle, elle s'ouvre largement aux apports nordiques: le voyage de Jean van Eyck, les relations commerciales et politiques, des affinités profondes et un engouement extraordinaire font alors de l'Espagne une véritable province de l'art flamand. Mais ces HispanoFlamands sont médiocres, il leur manque le sens de la beauté.
«
breuse d'œuvres religieuses a pu être ajoutée à celle-là.
Plusieurs portraits anonymes sont dignes
d'être attribués à l'auteur des portraits, imaginaires ou réels, du « studio» d'Urbin.
Le plus
beau,
en dépit d'une conservation médiocre, est celui de la collection Lazaro de Madrid, qui
passe assez vraisemblablement pour nous donner l'image du peintre.
En Italie, Berruguete n'avait pas connu seulement l'art d'Antonello.
A la cour d'Urbin,
il a dû rencontrer Piero della Francesca; il a copié deux fois son beau portrait de Federigo (au
jourd'hui aux Offices); sans doute le duc n'en voulait-il pas d'autres; peut-être, à la fin de son
séjour, a-t-il travaillé avec Melozzo
da Forli.
Grâce à eux, son sentiment de la forme et de l'at
mosphère s'est épuré et surtout son style a acquis une grandeur monumentale.
Mais une fois
rentré en Espagne, sans oublier les leçons italiennes, il reprendra un certain nombre d'habitudes
locales: les fonds décoratifs
d'or ou d'étoffes brochées, le décor gothique qu'il n'a jamais oublié
et qu'il mêle au décor de la Renaissance, quelques maladresses qui persistent à côté de grandes
habiletés,
un certain mépris des proportions entre les personnages et même l'emploi de la pers
pective inverse, tout cela distingue
ses œuvres de celles d'un Italien.
Mais elles se séparent bien
plus nettement des tableaux hispano-flamands
du XVe siècle, dont les figures sont souvent dif
formes,
les compositions heurtées, les images anecdotiques, tandis que l'art de Berruguete est
grave, noble, paisible, son sentiment religieux austère et profondément espagnol.
Les prophètes ou
les évangélistes, représentés à mi-corps ou en entier sur la prédelle ou
sur
les grands panneaux des retables, dans des attitudes variées toujours grandioses, ont les traits
accusés, le teint bronzé, le regard prqfond, une vie intérieure intense.
Les compositions
montrent
volontiers des groupes aérés qui s'ouvrent vers le spectateur; quelques-unes, plus symétriques,
se souviennent de Fra Angelico ou évoquent même Fouquet.
Dans les intérieurs (l'Annonciation
de la chartreuse de Miraflores par exemple), en arrière d'une chambre baignée par une lumière
douce, s'ouvre souvent une galerie plus vivement éclairée.
La lumière, l'atmosphère jouent tou
jours un rôle aussi important que la forme et le relief.
Le chef-d'œuvre le plus connu de Pedro Berruguete est la série des
panneaux provenant
du couvent de Saint- Thomas à A vila, aujourd'hui démontés et conservés au Prado.
Peints pour
le grand-inquisiteur Fray Tomas de Torquemada, ils groupent autour de l'effigie des grands
saints de
l'Ordre quelques épisodes de leur histoire: saint Dominique présidant un autodafé,
saint Pierre
martyr priant devant le crucifix, l'apparition de la Vierge aux religieux, comptent
parmi les images religieuses les plus fortes et les plus simplement vraies que nous ait données
la peinture espagnole.
GEORGES GAILLARD
Professeur à l'Université
Lille.
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