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Richard Wagner

Publié le 14/03/2010

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L'an 1813 ­ l'année de la bataille des nations ­ qui marque un tournant si important dans l'histoire de l'Europe au double point de vue politique et militaire, fut aussi d'une importance capitale pour l'art de la musique. Cette année donna à l'Italie son grand compositeur d'opéras, éminemment national, alors que, sous un ciel moins clément, elle produisait un génie dont l'Oeuvre artistique allait personnifier avec fierté et magnificence la pensée germanique. Dans l'ascension de Richard Wagner, nous admirons l'énergie qu'il déploya pour atteindre son but et la manière exclusive dont le jeune Saxon (né le 22 mai 1813 à Leipzig) se lança dans l'art dramatique. Plusieurs Oeuvres de jeunesse, inspirées par Shakespeare et par la tragédie antique, témoignent de cette obsession du théâtre, qui l'incita à vivre lui-même sur un plan héroïque. De très bonne heure aussi s'éveille en Wagner le poète-musicien, et cette idée fixe ne l'abandonnera jamais plus, que la parole et le son ne devraient faire qu'un et que, par là même, le genre d'art le plus parfait est celui dans lequel ces deux facteurs se fondent complètement. L'ascendance légitime de Wagner a été et sera toujours discutée. Lui-même a donné prise à la supposition que son père fut, non pas le greffier amateur d'art, Charles Frédéric Guillaume Wagner (qui mourut quand Richard n'avait qu'un an), mais plutôt l'ami de ce dernier, le peintre et comédien Louis Geyer, avec lequel sa mère (Jeanne Rosine Bertz) contracta peu après un second mariage. Quoi qu'il en soit, c'est ce beau-père qui éveilla dans le jeune garçon, "délicat, pâle, hanté par la terreur des revenants", l'enthousiasme pour le théâtre ; c'est lui aussi qui élabora à son intention un plan d'études, en recommandant à ce jeune talent, si vif et si sensible, une formation universitaire générale.

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« nature, le nationalisme et le culte de la libération.

De cette mentalité si fortement enracinée dans la sensualiténaquirent Tannhaüser et Lohengrin, qui représentent la dernière réalisation, la plus pure, par le texte et par lamusique, du romantisme allemand dans l'opéra.

C'est là aussi qu'on peut saisir de la façon la plus évidente combienle problème du texte était aisé, du moment que poète et compositeur ne faisaient qu'un. Wagner, qui considérait, non pas seulement l'organisation du théâtre, mais le monde entier, comme mûrs pour unerupture avec le passé, accueillait avidement toutes les idées révolutionnaires, et il ne fut pas difficile de le gagner àl'insurrection saxonne de mai 1849.

Le fait d'être mêlé à cette aventure politique provoqua toutefois une brusquerupture de son activité à Dresde, de cette activité commencée sous de si heureux auspices et qui offrait tant depossibilités d'influence au génial organisateur, épris de théories sociales, et au chef d'orchestre (réorganisation del'orchestre, représentations des Oeuvres de Gluck et de la IXe Symphonie de Beethoven).

C'est là encore que futcomposée la cantate biblique de la Sainte Cène, son unique Oeuvre chorale. L'intervention de la police signifiait l'exil pour le maître.

Il ne restait plus à Wagner qu'une seule issue pour se mettreà l'abri : la fuite en Suisse, que Liszt lui facilita Liszt qui, un an après, allait faire représenter Lohengrin pour lapremière fois à Weimar.

C'est ainsi que dans sa carrière artistique Wagner parvenait, pour la seconde fois, à untournant de son destin. A Zurich, où il pouvait avoir confiance dans le dévouement d'amis éprouvés et dans l'accueil de ceux quipartageaient ses opinions politiques, où une élite d'artistes, de savants, d'hommes d'avant-garde l'entoura bientôt(rappelons ici ses rapports amicaux avec Jacob Sulzer, Georges Herwegh, Gottfried Semper, Wilhelm Baumgartner,Ignace Heim et Théodore Kirchner), Wagner se vit au début privé de tout moyen de faire du théâtre de grand style.Ce fut là pourtant que mûrirent ses plans de grande envergure, qui ne devaient aboutir qu'un quart de siècle plustard, à Bayreuth, par la fondation d'un théâtre exclusivement réservé à des Oeuvres d'une haute inspiration.

Cethéâtre, Wagner y avait songé à l'origine pour l'accueillante Zurich, au développement de laquelle, comme centremusical, il avait donné la première et décisive impulsion. Wagner, toujours débordant de projets et d'espoir de libération, consacra aux lettres ce temps d'arrêt obligatoiredans son activité théâtrale.

De cette période de tension et de préparation datent ses essais, qui jettent une viveclarté sur les rapports entre l'artiste, d'une part, l'art et l'humanité de l'autre ; ainsi, thèse après thèse, parurent Artet climat, Opéra et drame, de même que l'ébauche autobiographique Une communication à mes amis, complétée plustard, à Triebschen, avec l'aide de Cosima, sous forme de mémoires, qui évoluent librement entre la fiction et lavérité. Mais tous ces travaux théoriques et spéculatifs n'eurent pas le pouvoir d'affaiblir en Wagner le goût de l'inventionpersonnelle, ni d'éteindre en lui les joies de la création artistique.

De plus en plus conscient, le poète commandait etle musicien le secondait.

Wagner se sentait appelé à rendre actuel le vieux mythe germanique des dieux et deshéros, à le pénétrer et le dramatiser par la musique, l'offrant en quelque sorte à son pays.

Ainsi s'explique lacréation, en diverses étapes et souvent interrompue, de la puissante Tétralogie, L'Anneau des Nibelungen, à laquelleson auteur travailla, usant de la lime, pendant près de deux décades, jusqu'à une réussite telle qu'unereprésentation intégrale de ce monument put être réalisée à Bayreuth en 1876. Dans une lettre à Liszt, Wagner définit L'Anneau comme étant "le poème de ma vie et de tout ce que je suis etéprouve".

En réalité, il s'agit ici d'un double drame dont le héros, à l'origine, fut Siegfried, tandis que, finalement,c'est Wotan qui en devient la figure centrale, mais son rôle, à vrai dire, fut repoussé dans l'ombre au cours dutravail, et la chute des maîtres du Walhalla, Le Crépuscule des dieux, nous est moins sensible que la fin tragique deSiegfried et de Brunhilde.

A mesure que se crée la Tétralogie, le contenu symbolique de la musique wagnériennedevient plus profond, et les leitmotivs, qu'ils se rapportent à des personnes et à leurs sentiments, ou aux chosesprésentes ou passées, ne sont nulle part plus évidents qu'ici.

En dépit du texte, doctrinaire et lourdementphilosophique par endroits, la musique suit sa propre voie et, avec l'appui de l'orchestre porté à son maximumd'intensité, elle met toujours plus en valeur l'élément coloré et le son pur. La pensée fondamentale de la malédiction de l'or dans le drame de Siegfried, la délivrance du monde par lacompassion, l'amour et le renoncement sont nettement influencés par Schopenhauer ; en effet, Wagner, cet hommesi ardemment sensuel, se sentait pourtant de plus en plus attiré vers la doctrine du renoncement à la volonté devivre.

Sa rencontre avec le fanatique du pessimisme compte d'ailleurs parmi les événements de sa vie les plussignificatifs par leurs conséquences.

Aux résultats négatifs qui en découlèrent succéda une expérience quibouleversa l'âme de Wagner en son tréfonds, excitant son imagination jusqu'à un état quasi pathologique pourl'élever au sommet de l'extase amoureuse.

Ce fut l'embrasement sensuel par la rencontre de Mathilde Wesendonk,mêlant l'apparence et la réalité, la vie et la mort en une ardeur, une ivresse qui le consumaient. Afin de se libérer par l'art du poids de ces émotions ambivalentes, "rêveries funestes dans des espaces illimités",Wagner, ivre de bonheur et de souffrance, ne trouva pas d'autre solution que celle de s'identifier avec Tristan,créant à nouveau la vieille épopée de l'amour sous l'aspect, symboliquement amplifié, d'une expérience personnelle.En quittant "l'asile" de Zurich sur "la colline verte", Wagner, dans un renoncement héroïque, emportait sur lui cetestament, le plus fier et le plus personnel qui fût.

Le perfectionnement de la partition de Tristan et Yseult s'achevaà Venise et à Lucerne.

Avant la première représentation (1865, sous la direction de Bülow), plusieurs annéess'écoulèrent.. »

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