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Rubens : L'ENLÈVEMENT DES FILLES DE LEUCIPPE

Publié le 14/09/2014

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Depuis les premières années jusqu'aux dernières, un type tenace semble logé dans le coeur de Rubens; un idéal fixe a hanté son amoureuse et constante imagination; il le poursuit en quelque sorte en ses deux mariages, comme il ne cesse de le répéter à tra­vers ses œuvres.- Ainsi le peintre et cri­tique Eugène Fromentin parle-t-il des femmes de Rubens, dans un ouvrage fondamental de la critique romantique, les Maîtres d'autrefois.

Isabelle. Isabelle Brant est la pre­mière femme de Rubens. Il l'épouse le 8 octobre 1609: il a 32 ans, elle 18. Le mariage est raisonnable : la femme qu'il choisit appartient à la bonne société d'Anvers, et elle est unie par des liens familiaux à Pierre Paul Rubens, c'est la nièce de sa belle-sceur, l'épouse de son frère Philippe. De nombreux portraits la représentent, seule ou avec Rubens. Ils montrent un visage avenant, avec de très grands yeux et un nez délicat. Lorsqu'elle meurt, en 1626, lors d'une épidémie de peste, Rubens juge ainsi sa première épouse : «J'ai perdu en vérité une très bonne compagne [...] Elle n'avait aucun des défauts de son sexe...‑

 

Hélène... Hélène Fourment, la seconde épouse du peintre, est son véri­table coup de coeur. Le mariage a lieu le 6 décembre 1630. quatre ans après la

« Rubens , détail de !'A utopo rtrait au chapeau (Florence , musée des Offices).

Le plaisir des contrastes La véhémence du mouvement est rendue par une composition où dominent les obliques.

Les têtes de Cas to r et de Pollux, et celle d'une des femmes, créent une première diagonale qui traverse le tableau, de l'angle supérieur gauche vers l'angle inférieur droit, renforcée par le tracé de l'encolure du cheval.

Une autre diagonale, orientée en sens inverse, sép are les corps des femmes et crée dans le tableau une zébrure que prolongent la main levée de Phœbé et les jambes du cheval.

Dans le détail, les obliques dom inent aussi.

Le mouvement interdit toute pose, toute direction stable; les corps s'arquent ou se penchent, les bras sont projetés en tous sens, les cheveux, les crinières, les vêteme nts s'envolent.

Les vertica l es, les horizontales son t absentes.

JI n'en va pas de même pour le fond du tablea u.

Là, un paysage est esquissé, cam­ pagne aux ond ulations à peine sensibles, sous un ciel où les i:uages s'étalent en traînées horizontales.

A droite, au premier plan, quelques herbes et des plantes , immobiles, dessinent une nature morte.

Rubens joue de cette opposition : le calme du lieu fait paraître plus véhémente encore la gesticula ­ tion des acteurs.

Cela constitue le contraste le plus évident.

Mais d'autres oppositions, dans la toile, ser­ vent le langage pictural : chairs pâles contre peaux brunes, derme lisse des femmes contre Peint à l ' huile sur une toile de 222 cm de haut sur 209 cm de large, /'E nlèvement des filles de Leucippe est conservé à l'Alte Pinakothek de Mun ich.

Le tableau a été exécuté en 1616 - 1617 .

Les femmes de Rubens "Depuis les premières années jusqu 'aux dernière s, un type tenace semble logé dans le cœur de Rubens ; un idé al fixe a hanté son amoureuse et constante imagination ; il le poursuit en quelqu e sorte en ses deux mariages , comme il ne cesse de le répéter à tra­ vers ses œuvres .» Ainsi le peintre et cri­ tique Eugène Fromentin parle -t-i l des femmes de Rub ens, dans un ouvrage fondamental de la critique romantique , les Maîtres d'autrefois .

Isabelle.

Isabelle Brant est la pre ­ mière femme de Rub ens.

Il l'épouse le 8 octobre 1609 : il a 32 ans, elle 18.

Le mariage est raisonnable : la femme qu'il choisit appartient à la bonne société d 'Anvers , et elle est unie par des liens familiaux à Pierre Paul Ruben s, c'est la nièce de sa belle-sœ ur, l'épouse de son frère Philippe .

De nombreux portraits la représentent , seule ou avec Rubens .

Ils montrent un visage avenant, avec de très grands yeux et un nez délicat.

Lorsqu 'elle meurt , en 1626 , lors d'une épidémie de peste, Rubens juge ainsi sa première épouse : «J'ai pe r du en vérité une très bonne compagne [ ...

] Elle n'avait aucun des défauts de son sexe ...

" Hélène...

Hél ène Fourment , la seconde épouse du peintre , est son véri­ table coup de cœur.

Le mariage a li eu le 6 décembre 1630 , quatre ans après la éclat d'une cuirasse ou aspect velouté des robes des chevaux.

Les couleurs, au premier plan, forment un bouquet ardent fait de rose , d'argent, de rouge flamboyant et d'ocre foncé.

Le fond est rapidement brossé dans des teintes bleues et vertes.

«Oreiller de cha ir fraîche » Ces oppositions , la nouveauté radicale de trai­ tement d' un thème abordé dans la peinture classique, l'importance du mouvement , des obliques , tout cela crée une peinture au style neuf : le baroque.

Participant à cette défini­ tion du baroque , le travail des corps , dans le sens d 'une sensualité forte , est aussi d'inspira­ tion n ouvelle.

•Rubens , fleuve d'oubli, jardin de la paresse , Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer , Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse, Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer », écrivait Baudelaire dans les Phares , en 1861.

La représentation des chairs , et surtout des chairs féminines , est une des grandes particularités mort d'Isabelle .

Rubens a 53 ans, il lui en reste cin q à vivre.

C'est une des plus riches h éritières de la ville -mais le peintre est alors si célèbre qu'il pourra it préte ndre à épouser même une aristo­ crate -et une tou te jeune et très belle fille : «j'a ima is t rop la libe rté pour l ' échanger contre les embrasse ments d 'u ne vieille femme ", confess e alor s Rubens .

Et il prend sa jeune femme pour mod èle, dans plu sieurs de ses tableaux .

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..

e t le s autr es.

Amoureux du plaisir , Rubens le vit ainsi pleinement , mais seu­ lement dans le mariage.

L'hom me qui a peint les femm es les plus sensuelles de la peinture reste appa ram ment fidè le à ses épou ses, et on ne lui conna ît aucune l iaison , avant son premier mariage ou pendant son veuvage.

Il semble même qu'il ait exclu de son atelier les modèles féminins dévêtus , et les nus qu'il rep ré­ sente seraient donc imaginaires ...

Il dut pourtant être touché par la beauté de Suzanne, la sœur d 'Isab elle.

On pos­ sède, en effet, sept port raits de la belle ­ sœur du pein tre, plus que celui-ci n'en fit j ama is de sa seconde épouse.

Mais le peintre vit dans une époque chaste, dans un pay s très catholique : l'adultère y est interdit, et péna leme nt censuré .

La sensualité de Rubens trouve donc son lieu d'élection dans la peinture : pour le plus grand bonheur de génération s d 'ama teurs.

de Rubens, et l' une de ses grandes réussites.

Les nus , nombreux dans ses tableaux, suivent des types précis.

Les hommes sont minces, musculeux , de complexion sanguine, ils ont la peau hâlée, l es cheveux bruns ou roux.

Les femmes sont tout le contraire : chevelures b londes, souvent défaites, la carnation pâle.

Surtout, la chair des femmes est invariable ­ ment molle et leu r corps est dominé par la courbe et le cercle.

Dans leur anatomie, nulle articulation visible , mais chevilles, épaules ...

sont empâtées , dissimulées, comme les ventres , sous une avalanche de plis, de fos­ settes et de courbes.

Leurs attitudes mêmes sont lascives : les femmes de Rubens sont le plus souvent tendres, faib les et voluptueuses.

Elles enlacent , gémissent , elles lèvent les yeux au ciel, bougent leur corps de toutes les façons poss ibles, touchent la peau des autres ou sont touchées par eux.

Le corps de la femme est son triomphe , et celui de Rubens , un objet de désir , offert à l'admiration du spectateur.. »

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