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Signac, Antibes le soir

Publié le 23/02/2011

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L'oeuvre que nous allons étudier est celle de Paul SIGNAC, Antibes le soir, 1914, huile sur toile, 73 cm par 92 cm, Strasbourg, musée d'art moderne, acquise en 1920. Né à Paris en 1863 et décédé en 1935, Paul Signac est un peintre français issu d'une famille bourgeoise. Influencé par Monet, il sera l'un des fondateurs de la Société des Artistes Indépendants en 1884 et, rejoint par Georges Seurat, donnera naissance à une nouvelle génération d'artistes « néo-impressionnistes «, qui initierons le style dit « divisionniste « ou encore « pointilliste «.

« Signac peignit cette toile sur place.

Nous ne trouverons pas d'innovations technologiques dans le support, les dimensions ouencore les pigments par rapport à la période antérieure.Les dimensions de la toile (73 cm par 92 cm), qui se révèlent classiques de l'héritage impressionniste, répondent néanmoins aurapport de proportionnalité du « nombre d'or », ce qui fait du tableau un rectangle harmonique contenant deux carrés, de 71 cmde côtés, option fréquemment retenue par Georges Seurat.Comme nombre d'autres néo-impressionnistes, tels que Cross, Dubois-Pillet ou Pissaro, Paul Signac fut un grand dessinateur, iln'est dès lors pas étonnant que la composition du plan du tableau, Antibes le soir obéisse à certaines règles élémentairesd'optique.En effet, l'oeil chez le spectateur droitier se dirige vers la droite avant de s'aventurer sur la partie gauche du tableau.

Le bateauentrant au port, à droite presque dans la périphérie de la toile, représente plusieurs points essentiels de la composition.

Il est d'uneforme géométrique simple, que l'oeil n'a aucun mal à identifier à un pentagone.

Le spectateur trouve, dans le navire, le point dedépart du sens de lecture, et l'historien de l'art décèle, sur l'avant de la coque, le point de fuite.

Comme ce navire entrant au port,Signac invite le spectateur à entrer dans la toile, où son regard sera porté dans les directions qu'il lui indiquera.Le rapport haut-bas, dans cette oeuvre n'est pas essentiel pour sa lecture.

Faisant l'objet de l'étude de la lumière d'un soleilcouchant sur une vue maritime d'Antibes, la toile ne cherche pas à établir une césure entre le ciel et la mer.

Au contraire, le soleil,source générale de lumière, se meut avec la mer derrière laquelle il se couche.

Le ciel nuageux, dont les tons froids d'un dégradédoux de violet et de bleu, se confond pratiquement avec les massifs enneigés.

Privé de l'astre solaire, ce ciel n'est plus source delumière, les nuages engloutissent les derniers rayons du soleil.

Les petites touches de jaunes tentent de percer l'ambiance demauves, cette dualité entre les couleurs donne le thème général de l'oeuvre : les nuances du crépuscule.L'ambiance évolue lorsque le peintre traite le paysage urbain, créé par l'homme et non par la nature.

Les couleurs sont plusprononcées, plus fortes et plus contrastées quand notre oeil regarde l'architecture, le bateau et le rempart.

La mer, autre élémentnaturel phare de l'ouvre, ne reflète pratiquement que les couleurs de la lumière renvoyées par les créations humaines.

Signacmontre une différence fondamentale entre l'élément naturel qui a été préservé de la main de l'homme, le ciel, et la mer, l'autreélément naturel qui ne reflète pas sa propre lumière, mais celle que lui renvoient les constructions humaines.

Ainsi, le seul sujetdont émanerait réellement une lumière pure, serait le ciel nuageux.

Néanmoins, la place prépondérante accordée au paysagemodifié par la main de l'homme et la lumière qu'il reflète semble indiquer pour Signac, une seconde source de lumière qui méritequ'on lui attache de l'importance.D'un point de vue technique, les couleurs pures sur la palette ne sont ni mélangées sur celle-ci ni sur la toile mais apposées sousforme de petites touches juxtaposées.

Le mélange des couleurs s'effectue alors, à distance, par un effet d'optique, dans l'oeil duspectateur.

Cette technique se révèle parfaitement identifiable dans l'oeuvre Antibes le Soir où l'on observe que les lignes desvolumes géométriques des bâtiments de la ville, les membrures du navire, les lignes de crêtes des collines et des Alpes, le ciel etl'ensemble des sujets du tableau sont constituées de ces petites tâches de couleur monochrome juxtaposées.

Seul échappe à cetterègle le mât de la barque de pêche.La surface de la toile est orientée par des directions _ le haut, le bas, la droite, la gauche, le centre et la périphérie ; elle eststructurée par des éléments géométriques comme les points et les lignes.

Dans la dimension spatiale, un rapport de symétrie secréer entre les différents composantes du tableau.

Ceux-ci s'ordonnent à partir du navire qui, se dirigeant vers le port, enpériphérie droite de la toile répond, sur un plan géométrique longitudinal, au rempart située dans la périphérie gauche du tableau.L'emploi des couleurs bleues et vertes, accentue ce phénomène symétrique entre les deux éléments, qui se répondent.Sur le plan de la perspective, le bateau entrant dans le port suit une fuyante descendante dont la direction conduit l'oeil vers lapetite embarcation de pêcheur hors cadre, en bas à gauche de la toile.

Son unique voile relevée, déjà ou presque amarrée auport, le petit bateau se confond pratiquement avec un environnement naturel, baigné dans l'ombre du soir.

Là encore, le rapportde symétrie se vérifie avec les couleurs utilisées.

La barque, dans l'ombre, aux teintes froides de vert et de bleu durcissant lestouches de rouge, préfigure le destin du grand navire dans son accès au repos par l'arrivée imminente du soir et appel les teinteschaudes de jaune nuancées par un orangé, signature de crépuscule, dont la coque est encore éclairée.La seule activité humaine incarnée, à première vue, par quelques pécheurs encore présents sur la barque, est confinée dans lapartie sombre de l'oeuvre, pour rappeler que le soir n'est pas exclusif de la vie.

Cette image d'avant plan répond directement auxchaudes touches rouges et magentas qui teintent la colline et la ville d'Antibes, espace dans lequel la vie existe mais n'est quesuggérée par l'emploi de couleurs chaudes.

Paul Signac, dans Antibes le Soir, met ainsi en scène les nuances de teintes ducrépuscule en les magnifiant grâce à des zones de teinte magenta en contraste des couleurs froides. Dans le contexte historique effervescent, le divisionnisme de Paul Signac et de Georges Seurat, apparaît au départ comme unprolongement de l'impressionnisme ou une variante picturale, bien qu'elle suscite des moqueries, de la part d'autres artistes telsque Gauguin, ou attise les haines, principalement du côtés des hommes de lettres comme Octave Mirbeau, journaliste français etfervent partisan de Monet, ou d'Émile Verhaeren, poète belge flamand.

Les thèmes demeurent les mêmes que ceux des. »

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