SIGNORELLI Luca : LES DAMNÉS

« SIGNORELLI Luca LES DAMNÉS 1499-1502 Peintre italien Analyse ♦'Cet épisode du cycle picturald'Orvieto occupe à lui seul les grandes parois de la chapelle San Brizio.

On y voit des diables aux larges ailes de chauve-souris précipiter trois êtres humains au-dessus d'une foule d'hommes et de femmes. Tassés les uns sur les autres,lesdamnés s'écar tent,paniques, pour échapper aux tortures infli gées par les démons, personnages à l'apparence humaine mais à la peau verdâtre.

Leurs visages sont désespérés et leurs regards terrorisés ; cer tains d'entre eux, déjà morts, sont poussés ail leurs.

Un vent incendiaire soufflant de la gauche assaille les personnages les plus proches. Luca Signorelli s'affirme une nouvelle fois non seulement comme un grand décorateur— on se souvient du cycle du Monte Oliveto Maggiore — mais comme un immense narrateur.

L'emphase expressive, la monumentalité de la composition, la gestualité presque théâtraledes personnages placent cette fresque, et quelques autres épisodes du cycle d'Orvieto, parmi les chefs-d'œuvre du peintre.

La sévérité des tableaux précédents a définitivement disparu : le style est désormais nerveux, la respiration, large. ptcTo CATHEDRALE (CHAPELLE 98b SAN BRIZIO) - ORVIETO Xv*-XvTe siècles Fresque  L'œuvre U Le programme iconographique des fresques de la chapelle San Brizio se distingue par sa complexité. Les épisodes principaux dépeignent, outre les Patriarches, les Apôtres, les Anges, les Théologiens, les Martyrs et les Vierges, l'Antéchrist, la Fin du monde, la Résurrection de la chair, la Récompense des élus et le Châtiment des damnés, ainsi que des scènes inspirées de poèmes antiques ou deLa Divine Comédie.

Le propos de ce cycle, qui se réfère à des sources aussi diverses que leTe Deum de saint Ambroise, le Dies Irae,la théorie de l'Antéchrist défendue par Savonarole ou encore /Apologie de Marsile Ficin, était par conséquent extrêmement ambitieux :imaginé par des théolo giens orviétans, leprogramme iconographique fut également supervisé par eux pendant l'exécution. Lecontrat du peintre ?Les premières fresques des plafonds de la chapelle San Brizio — un édifice de plan rectan gulaire avec des voûtes d'arêtes, érigé vers 1408 — sont de Fra Angelico ; Le Pérugin et Antonio da Viterbo prirent probablement la suite, à la fin du XVe siècle.

Le contratfut clos le 5 avril 1499, avec Luca Signorelli,comme l'attestent divers documents : le salaire réclamé par le peintre est Du même peintre : PICTO ï 0Nardini Editore, 1995. Liriade Iet98a our l'édition français d'ailleurs le plus modeste de tous.

Les textes nous renseignent également sur les paiements versés à l'artiste.

Lorsqu'il commença à s'atteler à son cycle, Signorelli demanda une augmentation: celle-ci lui fut accordée,mais en vivres, non en argent.

Le peintre ne toucha ses premiers florins qu'en 1503, un an après la fin des travaux;le solde lui fut versé en 1504. Photo Scala, Florence 36-04. »