Three Flags [Jasper Johns] - étude du tableau.
Publié le 16/05/2013
Extrait du document
«
Ja
sper Johns
Flag, 1954
En 1954, une déflagration radicale prend à contre-pied « l'angoisse existentielle» de l'expressionnisme
abstrait et de sa subje ctivité, de son émotion portées en sautoir.
Cette bombe se nomme Jasper Johns.
Il a peint le drapeau américain ...
sur un drapeau américain.
Eisenhower est encore au pouvoir .
Kennedy sera président dans six ans.
Le pop art est à venir ,
mais il est là, déjà, avec toutes ses composantes, toutes ses carac téristiques.
Son impersonnalité aff irmée.
Warhol comprend-il qu'en 1954 Jasper Johns, avec ses Dra peaux et ses Cibles , réin vente autrement
ce que le ready-made a défait ? Est-il sensible au fait que, là où Duchamp aurait choisi de montrer
un drapeau tel quel -ready-made -, Jasper Johns le peint minutieusement, presque laborieusement,
que le déplacement est fondamental, qu'il n'est plus, là, question d'une peinture iconique mais d'une
pein ture-objet qui n'a plus une fonction de représen tation mais de présen tation ?
Sans doute.
En tout cas le message, d'une façon ou d'une autre, est reçu et il est fondamental :
non pas trava iller la peinture contre Duchamp mais grâce à lui.
L'œuvre de Jasper Johns se constitue dans un écart : chez lui c'est la su rface même du tableau qui
devient le lieu de la représent ation et non pas un hypothétique plan ou espace marqué par l'illusion
de la profondeur .
Le dépôt de la couleur à l'encaustique, par petites touches serrées, en respectant
le dessin et la couleur du drapeau ou des cibles, est le seul indice qui nous donne la certitude -de près -
d'être devant une fiction de drapeau ou de cible.
Là où les cubistes rabattent les plans de l'objet en trois dimensions au plan de la toile, Jasper Johns
s' interdit d'utiliser autre chose que ce qui existe en deux dimensions (dr apeaux, cibles, cartes, chiffres).
Ainsi, ce qui nous est montré n'est pas un travail de transformation ou d'aplatissement du volume au
plan mais, tout simplem ent, la copie conforme d'un objet réel.
La différence est de taille.
Dans un entretien à la BBC, en 1965, David Sylvester demande à Jasper Johns d'où lui est venue l'idée
de prendre pour point de départ des drapeaux, des cibles, des chiffres.
Jasper Johns répond :
« C' étaient à mes yeux des éléments extérieurs préformés, conventionnels, dépersonnalisés et factuels ».
Il précise, en réponse à une autre question : «J e m'intéresse au monde réel plutôt qu'à la personnalité.
Je m'in téresse aux choses qui évoquent ce qui est, et non aux jugements.
La chose la plus conven tionnelle,
la chose la plus ordinaire ...
il me semble qu'on peut aborder ces choses-là sans avoir à les juger ;
il me semble qu'elles existent en tant que faits palpa bles, en dehors de toute hiérarchie esthétique ».
Le tableau enthousiasme les uns, consterne les autres, essentiellement en raison de son sujet.
Rien d'aussi ennuyeux, estiment-ils n'avait été peint auparavant, rien d'aussi banal.
Bien vu, mais mal interprété : la banalité avec Jasper Johns va devenir passionnante.
Jasper Johns, né à Augusta en 1g 30.
États-Unis.
F/ag, encaustique, huile el collage sur tissu monté sur contreplaq ué, 107,3 x 153,8 cm.
1954.
Conservé au Museum of Modern Art, New York.
États-U nis.
Don de Philip Johnson en l'honneur de Alfred H.
Barr..
»
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