VAN DER WEYDEN
Publié le 24/06/2012
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Du maquis de l'érudition fuyons les embûches... Ce qui est établi, c'est que Roger van der Weyden est né à Tournai, ville alors française, en 1399 ou 1400 au plus tard; qu'il fut nommé peintre de la ville de Bruxelles en l'an 1436; qu'il visita l'Italie en 1450; qu'il mourut à Bruxelles le 18 juin 1464. Il n'a signé aucune de ses oeuvres. Son catalogue toutefois, fondé sur d'anciens témoignages et des présomptions qui équivalent à des certitudes, est abondant, cohérent quoique varié. Faut-il y adjoindre la douzaine de panneaux admirables...
«
groupe des peintures « flémalliennes » qui nous met sous les yeux comme les prototypes des
inventions narratives et dramatiques
du célèbre Tournaisien.
Il s'y accuse, avec quelque lourdeur parfois, une plasticité robuste, une sorte de qualité
:sculpturale qui va de pair tantôt avec l'expression d'un pathétique intérieur qui marque notam
ment les douloureuses figures de Francfort, tantôt avec une exquise propension à la descrip
tion pittoresque,
au récit circonstancié.
Avec son coloris un peu froid, ses touchants archaïsmes,
l'étonnante précision de son paysage pré-brueghelien, la Nativité de Dijon est le chef-d'œuvre
d'un conteur qui serre la forme et qui fait saillir le volume, sans réussir d'ailleurs à évoquer au
tour, comme le fait
l'auteur de l'Agneau mystique, la subtile réalité de l'atmosphère et la lumière
du soleil.
ON range d'ordinaire dans le groupe « flémallien » plusieurs Madones (Ermitage, Berlin),
un curieux Mariage de la Vierge (Prado) où le décor d'architecture est développé jusqu'à l'ex
cès,
et quelques portraits, dont celui de Robert de Masmines (Berlin), d'un puissant relief et d'un
caractère frisant la caricature.
A la Vierge de l'Annonciation de Mérode s'apparente étroitement
la
Madeleine lisant de la National Gallery de Londres, image du recueillement et du repliement
sur soi-même, dont la silhouette se retrouve dans le retable des Sept Sacrements, au Musée d'Anvers.
L'Annonciation du Louvre, qui est certainement de Roger, et de Roger jeune, semble une
version plus évoluée, pl'us suave, de l'Annonciation de Mérode.
Il se vérifie qu'il est impossible
de
tracer une nette ligne de démarcation entre la production tardive du présumé Campin et
celle des débuts de Van der Weyden.
Si l'on se refuse, au surplus, à inscrire la totalité des œuvres
·:< flémalliennes » à l'actif de Roger, d'un Roger qui cherche son style, on est forcé d'admettre
cette invraisemblance que Van der Weyden aurait, pour ainsi dire, débuté par son ouvrage
le plus grandiose: la
Descente de croix de l'Escurial, peinte vers 1435 pour les Arbalétriers de Lou
vain.
C'est une composition poignante et meryeilleusement équilibrée, une espèce de bas-relief
sur fond
d'or.
Deux diagonales parallèles la traversent: le cadavre du Christ, d'une beauté
« classique» apparentée à celle du Larron de Francfort, et le corps de la Vierge au visage mar
moréen.
Le groupement idéal, supérieur à toute crédibilité spatiale ou scénique, procède du
souci d'établir des correspondances formelles et de souligner des rapports sentimentaux.
Ainsi
le parallélisme des figures de
Marie et de Jésus illustre-t-il l'idée de la« Compassion» de la Mère
associée à la Passion du Fils.
Roger, ici, ressuscite
l'humanité, la monumentalité, la vigoureuse poésie de la statuaire
françai~e des XIIIe et XIVe siècles.
L'Agneau mystique apparaissait une« Somme théologique»
aux multiples compartiments, aux physionomies individuelles, aux épisodes gracieusement
détaillés.
La Descente de croix est une tragédie, le lieu d'un conflit qui se noue et qui se dénoue,
dans
une formidable tension psychologique et presque sur le plan de l'abstrait et de l'absolu.
Nous sommes plus près
du «gothique» que du Triptyque, partie centrale ( Musle Royal des Beaux-Arts, Bruxelles.).
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