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Zingaro, un théâtre équestre et philosophique

Publié le 04/12/2018

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Les cavalcades guerrières, les performances acrobatiques et un culte du « mauvais goût » - que symbolisa par exemple un char à bœufs surmonté d’une immense cloche -furent durablement l’apanage de Bartabas, maître du grand frisson qui, aimant à inverser les rôles, se faisait poursuivre sur la piste par son corpulent frison noir pour mieux s’effondrer au milieu de spectateurs effrayés mais enchantés. Ces spectacles, sarcastiques et magnifiques, établirent la réputation mondiale de Zingaro. Faussement brouillons, entre cabaret et cour de ferme (des oies ne quittaient jamais la piste), ils témoignaient du génie de « l’homme-cheval » : Bartabas pratiquait déjà le galop arrière, une performance qui nécessite trois années d’entraînement avec le cheval ! Mais, depuis, il a rencontré d’autres civilisations. Dans Opéra équestre, il a opposé cavaliers maghrébins et cavaliers slaves. Dans Chimère, il a réglé le pas de ses chevaux sur des musiques du Rajastan. Un philosophe du spectacle naissait en lui, attiré par un univers pacifié par l’homme et un monde archaïque et originel. « J’ai vu parfois dans le regard du cheval la beauté inhumaine d’un monde d’avant le passage des hommes », écrit-il en postface du livre consacré à Éclipse.

Longtemps, les cavaliers et les chevaux de Zingaro ont fait triompher une forme de théâtre abrupt et ardent, qui provoquait chez le public un double sentiment de peur et d’admiration. Le nouveau spectacle de la troupe, Eclipse, dont Bartabas est à la fois l’auteur, le metteur en scène et l’un des acteurs, confirme une évolution - déjà esquissée dans Chimère, présenté en 1994 - vers une esthétique plus méditative, où la quête de l’harmonie remplace la recherche de l’exploit.

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