Andrée Chedid

viendra son époux, elle se range à son côté après l'avoir écouté parler pendant des heures et des heures, pres-sentant qu'elle aura souvent l'occasion de le soutenir. Dieu unique, Aton porte en lui par sa représentation même sous la forme de disque solaire, l'égalité et l'universalité, ce qui séduit totalement le pha-raon : « "Qui a contemplé un dieu à face humaine ou ani-male ? Mais chacun a vu le so¬leil, le voit, le verra. Le soleil est souffle de vie. Le soleil nous habite. Le soleil défie la mort et ressuscite. Le soleil se lève pour tous." Il répéta : Pour tous. » Le dieu existe depuis long-temps en Égypte, mais Akhé- naton veut l'imposer par la douceur. Il y a en effet chez lui une dimension indénia-blement christique, bien loin toutefois d'un éventuel pro-sélytisme chrétien dont An-drée Chedid se ferait discrè-tement le chantre. Le pha-raon et son épouse rêvent d'une cité idéale où régne-raient l'égalité et l'amour. Ils quittent donc Thèbes et par-tent à la recherche de ce lieu d'où émergera la Cité d'hori-zon. Ils trouvent un large hé-micycle fertile (Tell el-Amar-na), et les travaux commen-cent. Des années de paix et d'harmonie s'annoncent, les époux quittent leur dimen-sion divine comme on se dé-barrasse d'une vieille dé Avec « Néfertiti et le rê¬ve d'Akhnaton », publié en 1974, Andrée Chedid redonne vie au singulier pharaon Aménophis IV, devenu Akhénaton. Après la mort de son époux, puis les règnes de Tout-ânkhamon et d'Horem-heb, après la destruction D'Akhet-Aton, la « Cité d'horizon », parmi les rui¬nes deux voix s'élèvent : celles de la reine Néfer¬titi et de Boubastos, le scribe nain, témoins en¬doloris d'un beau rêve que le saccage a brisé.