AUTEUR: COLETTE

« 534 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE Colette ( 1873-1954) L'œuvre de Colette demeure apparemment marginale par rapport aux courants littéraires qui lui sont contemporains ; elle s'est développée, de plus, à partir d'un sous-genre romanesque (les « Claudine » 1900-1903) longtemps négligé par la critique ; elle tend par conséquent à être occultée par le personnage de l'écrivain et par la légende entretenue sciemment autour de lui par Willy, et plus subtilement par Colette elle-même jusque dans son grand âge.

Si bien que, sauf en 1954, où quelques questions fondamentales ont été soulevées par Cocteau, Aragon, Mauriac, entre autres.

personne ne s'est vraiment interrogé sur une œuvre conduite au cours de plus d'un demi-siècle, couvrant toute notre histoire de 1900 à 1954, et qui a connu, bon an, mal an, un très grand succès.

Ainsi nous sommes confrontés souvent soit à des biographies naïves (sauf celle de Madeleine Raaphort-Rousseau) qui prennent à la lettre ce que dit d'elle-même la romancière et restituent donc pour véridique un « portrait » qui est le produit de la fiction littéraire (Robert Phelps), soit à des analyses où tout au contraire l'œuvre de Colette est traduite en des termes si généraux, voire si philosophiques qu'on a du mal à l'identifier.

Il semble bien qu'il faille analyser autrement le «portrait de l'artiste» que Colette Willy, Colette de Jouvenel, puis Colette, élabora par petites touches au long de cinquante années.

Partie de l'exploitation romanesque de souvenirs d'enfance (Claudine à l'école, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s'en va), Colette ne se détache pas de cette mise en scène de soi dans La Retraite sentimentale, La Vagabonde ( 191 0).

L'Entrave et L'Envers du music-hall ( 1913) ; Mitsou ( 1919), puis surtout Chéri ( 1920) semblent rompre avec cette habitude (mais elle dira qu'elle anticipa sur elle-même avec Léa).

La Maison de Claudine ( 1922).

puis Sida ( 1929).

La Naissance du jour ( 1928).

Le Pur et l'Impur. »