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Bergson, Henri

Publié le 16/04/2012

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bergson

Philosophe français né et mort à Paris (1859-1941). Sa mère était Anglaise, son père Juif polonais. Elevé d'abord à Londres, il vient à Paris en 1868 et opte pour la nationalité française, en même temps qu'il entre à l'Ecole normale supérieure (1878). A trente ans, il soutient une thèse remarquée, Essai sur les Données immédiates de la Conscience. La révolution bergsonienne, qui n'est pas sans rapport avec la rébellion barré-sienne, se fonde sur une critique de l'intelligence comme moyen d'appréhension du réel. La métaphysique, contrairement à ce qu'enseigne le rationalisme officiel, ne peut emprunter à la physique son objet et ses procédés. Il s'agit en effet de « coïncider avec ce que chaque chose a d'unique et d'irremplaçable«. Les trois maîtres mots sont l'intuition, la durée, l'impulsion créatrice. Cette philosophie n'influence pas seulement les philosophes, le « mythe « sorélien, le temps proustien, capté par la conscience de l'écrivain, sont des concepts bergsoniens, peut-être mal compris. Professeur au Collège de France (1900), académicien (1914) Pria Nobel (1927), Bergson devient célèbre malgré lui, bien que sa doctrine soit contestée par les marxistes, tel Politzer, ou les thomistes, comme Maritain. La fin de sa vie est assombrie par la paralysie et l'occupation allemande. Solidaire des Juifs persécutés, il meurt en laissant un testament émouvant. Quatre personnes assistent à ses obsèques: sa femme, sa fille, Edouard Le Roy et Paul Valéry.

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« pas.

Or la philosophie n'a jamais répondu que de deux manières à une telle question, sans doute parce qu'il n'y a que deux réponses possibles : une fois dit que la science nous donne une connais­ sance des choses, qu'elle est donc dans un certain rapport avec elles, la philosophie peut renoncer à rivaliser avec la science, elle peut lui laisser les choses, et se présenter seulement d'une manière critique comme une réflexion sur cette connaissance que nous en avons.

Ou bien, au contraire, la philosophie prétend instaurer, ou plutôt restaurer, une autre relation avec les choses, donc une autre connaissance, connaissance et relation que la science précisément nous cachait, dont elle nous privait, parce qu'elle nous permettait seulement de conclure et d'inférer sans jamais nous présenter, nous donner la chose en elle-même.

C'est dans cette deuxième voie que Bergson s'engage en répudiant les philosophies critiques, quand il nous montre dans la science, et aussi dans l'activité technique, dans l'intelligence, dans le langage quotidien, dans la vie sociale et dans le besoin pratique, enfin et surtout dans l'espace, autant de formes et de relations qui nous séparent des choses et de leur intériorité.

Mais l'intuition a un second caractère : ainsi comprise elle se présente elle-même comme un retour.

La relation philosophique, en effet, qui nous met dans les choses au lieu de nous laisser au-dehors, est restaurée par la philosophie plutôt qu'instaurée, retrouvée plutôt qu'inventée.

Nous sommes séparés des choses, la donnée immédiate n'est donc pas immédiatement donnée; mais nous ne pouvons pas être séparés par un simple accident, par une médiation qui viendrait de nous, qui ne concernerait que nous : il faut que, dans les choses mêmes soit fondé le mouvement qui les dénature, il faut que les choses commencent par se perdre pour que nous finissions par les perdre, il faut qu'un oubli soit fondé dans l'être.

La matière est justement dans l'être ce qui prépare et accompagne l'espace, l'intelligence et la science.

C'est par là que Bergson fait tout autre chose qu'une psychologie, puisque la matière est plus un principe ontologique de l'intelli­ gence que la simple intelligence n'est un principe psychologique de la matière elle-même et de l'espace ( 1 ).

C'est par là aussi qu'il ne refuse aucun droit à la connaissance scientifique, nous disant qu'elle ne nous sépare pas simplement des choses et de leur vraie nature, mais qu'elle saisit au moins l'une des deux moitiés de l'être, l'un des deux côtés de l'absolu, l'un des deux mouvements de la nature, celui où la nature se détend et se met à l'extérieur de soi (2).

Bergson ira même plus loin, puisque dims certaines conditions la science peut s'unir à la philosophie, c'est-à-dire accéder avec elle à une compréhension totale (3).

Quoi qu'il en soit, nous pouvons dire déjà qu'il n'y aura pas chez Bergson la moindre distinction de deux mondes, l'un sensible et l'autre intelli­ gible, mais seulement deux mouvements ou plutôt même deux sens d'un seul et même mouvement, l'un tel que le mouvement tend à se figer dans son produit, dans son résultat qui l'interrompt, l'autre qui rebrousse chemin, qui retrouve dans le produit le mouvement dont il résulte.

Aussi bien les deux sens sont-ils naturels, chacun à sa manière : celui-là se fait selon la nature, mais elle risque de s'y perdre à chaque repos, à chaque respiration; celui-ci se fait contre nature, mais elle s'y retrouve, elle se reprend dans la tension.

Celui-ci ne peut être trouvé que sous celui-là, c'est ainsi que toujours il est retrouvé.

Nous retrouvons l'immédiat parce qu'il faut nous retourner pour le trouver.

En philosophie la première fois, c'est déjà la seconde, telle est la notion de fonde­ ment.

Sans doute, c'est le produit qui est, d'une certaine manière, et le mouvement qui n'est pas, qui n'est plus.

Mais ce n'est pas dans ces termes que doit se poser le problème de l'être.

Le mouve­ ment n'est plus à chaque instant, mais précisément parce qu'il ne se compose pas avec des instants, parce que les instants sont seulement ses arrêts réels ou virtuels, son produit et l'ombre de son produit.

L'être ne se compose pas avec des présents.

D'une autre manière, donc, c'est le produit qui n'est pas et le mouvement qui était déjà.

Dans un pas d'Achille, les instants et les points ne sont pas découpés.

Bergson nous montre ceci, dans son livre le plus difficile : ce n'est pas le présent qui est, et le passé qui n'est plus, mais le présent est utile, l'être est le passé, l'être était (4) - (1) L'Evolution Créatrice III.

(2) PM II.

(3) PM VI, (4) MM III.. »

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