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BOSSUET

Publié le 02/09/2013

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bossuet
 
1627-1704
ACQUES-BÉNIGNE BOSSUET naît le 27 septembre 1627 à Dijon. Il est fils d'un avocat au Parlement, fort pieux lui-même et qui mourut diacre. A huit ans, le petit Jacques est tonsuré. Encore enfant, il prend la parole pour la première fois dans une cérémonie universitaire. Il y dit : « Craignez Dieu, honorez le Roi. « Il le répétera toute sa vie. Son éloquence est déjà remarquée. A seize ans, on le produit à l'Hôtel de Rambouillet et à l'Hôtel de Vendôme, où fréquente l'élite intellec¬tuelle. Il suit les cours du collège de Navarre dont il sort en 1652, reçu brillamment docteur en théologie. Ses maîtres eussent désiré le garder auprès d'eux. Nicolas Cornet, grand-maître du collège, entrevoit en lui son successeur. Bossuet refuse. Il veut remplir ses fonctions sacerdotales et part aussitôt pour Metz où ses parents l'ont pourvu, dès l'âge de treize ans, d'un canonicat. Il reste sept ans dans cette ville. Sa première tâche est de négocier une trève avec des bandes espa¬gnoles et lorraines qui dévastent la contrée. Il ne borne pas son activité au domaine proprement ecclésiastique. Il inscrit les bourgeois récalcitrants sur le rôle des contributions, surveille la recons¬truction d'une digue, vérifie les comptes d'entrepreneurs de travaux publics. Il combat l'hérésie et réfute le catéchisme de Paul Ferry, ministre protestant. Surtout, il prêche. Il étudie aussi : la Bible, les Pères de l'Église, saint Bernard. Ses préférences vont à Tertullien et à saint Augustin. Dans son Sermon sur la loi de Dieu, il proclame l'incompatibilité de la Révélation et de la philo¬sophie naturelle. Il découvre d'autre part dans la religion l'explication de l'histoire : il distingue déjà dans les événements passés l'intervention continuelle et ordonnatrice de la Providence.
En 1659, âgé de trente-deux ans, Bossuet s'installe à Paris. Là encore, il prêche. Il prêche durant dix ans, aux Minimes, aux Carmélites, au Louvre, à Saint-Germain, c'est-à-dire dans les couvents les plus aristocratiques de la ville, et à la cour, devant Louis XIV. On le charge de prononcer l'oraison funèbre des plus grands personnages et d'abord celles de deux reines, d'Anne d'Autriche, reine de France, et d'Henriette de France, reine d'Angleterre. Sa gloire, son succès sont alors considérables. Cependant il ne semble pas avoir été placé par ses contemporains au premier rang des prédicateurs. C'est que son éloquence abstraite, hautaine, dédaigneuse des subtilités et les sacrifiant toujours aux idées générales, sinon aux lieux communs de la piété, ne s'embarrassait pas assez des analyses psychologiques qui plaisaient au siècle.


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__ _ Au contraire, Bossuet se servit comme d'armes de ses nouvelles connaissances et entreprit avec une ardeur redoublée la défense de l'orthodoxie catholique et la persécution de l'erreur.

Dès avant son préceptorat, il avait commencé une longue dispute avec les protestants.

Il essaie d'abord de les persuader.

Il va au-devant d'eux, il fait effort pour atténuer les différences qui séparent leur doctrine des dogmes de l'Église : tel est l'objet de !'Exposition de lafoi catholique sur les matières de controverse, rédigée en 1668, pour l'édification de Turenne et de Dangeau, et publiée en 1671.

Il comprit bientôt cependant que l'important n'était pas dans les croyances, mais dans le fait de la séparation d'avec l'Église.

Aussi s'efforce-t-il d'amener ses adversaires à reconnaître l'autorité de celle-ci et à quitter pour un indispensable esprit de soumission leur vieil esprit d'indépendance et de libre examen.

C'est le point de vue qu'il défend en l 678 dans la controverse avec le ministre Claude, où il fait reposer la foi du chrétien, non sur la raison ni sur la croyance naïve à l'Evangile, mais sur l'appartenance à l'Église et sur la grâce qui en découle par l'entremise du baptême : l'Église est tout; et hors de l'Église, il ne saurait y avoir de vraie foi, c'est-à-dire de foi impertur­ bable, soustraite aux caprices, aux erreurs, aux faiblesses de la conscience individuelle.

A partir de 1690, l'activité intellectuelle de Bossuet est presque tout entière occupée par la polémique : contre Jurieu, avec les Six Avertissements aux Protestants; contre le Père Caffaro, dans une lettre personnelle, puis dans les Maximes et Rifftexions sur la Comédie; contre Fénelon, enfin, dans l' Instruction sur les états d'oraison, et dans la Relation sur le quiétisme.

En l 669, il triomphe de ce dernier adversaire : Rome condamne le livre de Fénelon.

Mais le vainqueur est déjà près de la tombe.

Il a soixante-quinze ans.

Son activité, cependant, est toujours égale.

Il entretient avec Leibniz une longue correspondance sur la possibilité d'une rentrée des luthériens dans l'Église romaine.

Il dénonce à Rome les théories du cardinal Sfondrata sur le salut des enfants morts sans baptême.

Il s'indigne des concessions que font les Jésuites aux rites païens dans l'Inde et dans la Chine.

Il termine contre Richard Simon la Défense de la Tra­ dition.

Il fait condamner, par l'Assemblée du Clergé, cent vingt-sept propositions relâchées des casuistes.

Il combat à la fois les Jésuites et ses anciens amis, les Jansénistes.

Il est sans cesse sur la brèche, mais ne suffit plus à la tâche.

Les ennemis de l'orthodoxie sont toujours plus nombreux, plus divers, plus audacieux.

Il n'a plus l'appui du gouvernement, ni de l'opinion.

Sa sévérité augmente, comme sa rigueur et son étroitesse.

Plus il sent le terrain céder sous ses pas et plus il se montre intransigeant et dur.

C'est au point qu'il s'effraie peut-être lui-même de son intolérance.

Le 12 avril 1704, il meurt des suites d'une douloureuse maladie, qui ne l'empêcha jamais pourtant de travailler encore et toujours.

Il ne s'était pas décidé, semble-t-il, à publier ce terrible Traité de la Concupiscence, complément des Maximes sur la Comédie, où, déclarant que Dieu exige tout, il en vient à condamner ambition et gloire, raison, science et poésie, aussi bien les plaisirs de l'esprit que ceux des sens, en un mot tout ce qui est de la chair et du monde.

Mais on le publia pour lui, de sorte qu'il continua son sacerdoce au-delà de la tombe avec plus de rudesse que jamais.

ETRANGE carrière d'écrivain : il dévoua sa vie à la défense de sa foi et maintenant que sont mortes les circonstances qui rendaient nécessaire la défense de cette foi, maintenant que cette foi elle-même, affaiblie ou transformée, ne saurait plus être défendue par les arguments qu'il employa, ses œuvres restent, à cause de la seule beauté de leur style et de la joie qu'on en retire, incontestablement une des voluptés mensongères qu'il trouva jusqu'au bout des forces et des raisons pour condamner.

ROGER CAILLOIS. »

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