Carl Gustav Emil Mannerheim

« Mannerheim, conscient de la faiblesse de son pays, plaida un compromis.

Staline déclara en 1939 à une délégation finnoise: "Je com­ prends très bien que vous désiriez rester neu­ tres, mais je puis vous assurer que ce n'est pas possible.

Les grandes puissances ne le permettront pas." Il souligna encore cet avertissement lorsque Hitler et lui signèrent le pacte de non-agression en août 1939.

En décembre 1939, les troupes soviétiques atta­ quèrent et menacèrent toute la frontière fin­ landaise, longue de 1 300 km.

La Finlande fit de nouveau appel à son héros national et, à l'âge de soixante-douze ans, Mannerheim devint général en chef.

Ce fut sa plus belle heure.

Lors du combat acharné de cette guerre hivernale, neuf malheureuses divisions finlandaises combattirent vingt­ sept divisions soviétiques, munies d'artillerie lourde et de chars d'assaut.

La ligne Manner­ heim tint bon, en une défense héroïque.

De petites unités finlandaises montées sur skis, et bien camouflées par leurs vêtements blancs, attaquaient les colonnes soviétiques dans le nord, ce qui retarda considérable­ ment leur marche.

Les défenseurs finlandais abattirent près de mille avions russes, venus bombarder les villes.

Mannerheim lui-même fut étonné: "Je ne sàvais pas que mes hom­ mes pouvaient être aussi bons, ou que les So­ viétiques pouvaient être aussi mauvais." Mais, la puissance du nombre commença à peser lourd, et la ligne Mannerheim com­ mença à faiblir.

Les Finlandais avaient espé­ ré en février que 1 'Angleterre et la France · toutes deux en guerre avec l'Allemagne, al­ liée de l'U.R.S.S .

-leur viendraient en aide.

Mais, en une tentative désespérée de rester neutres, la Suède et la Norvège refusèrent le libre passage aux troupes alliées pour attein­ dre la Finlande.

La ligne Mannerheim fut Ci-dessous, à gauche: La capitale finnoise Helsinki se remet d'une attaque aérienne soviétique le 12 décembre 1939.

La puissance de l'artillerie finit par procurer la victoire à l'Union soviétique .

Ci-dessus: Un Finlandais coupe des barbelés pour ménager un passage à ses camarades.

La guer­ re contre la petite Finlande coQta un million d'hommes à l'Union soviétique .

percée et, le 13 mars 1940, la Finlande dut ac­ cepter l'occupation des territoires exigés par les Soviétiques.

Malgré sa défaite, la Finlande pouvait être fière.

Khrouchtchev avoua plus tard qu'un million de Soviétiques avaient succombé dans la guerre contre ce petit pays, et Chur­ chill déclara: "La Finlande, isolée, nous montre ce que peuvent réaliser des hommes libres.

Le service que la Finlande a rendu à 1 'humanité est immense." .

Les suites de la défense courageuse de la Fin­ lande furent lourdes de conséquences.

Ainsi, l'occupation soviétique lui fut épargnée.

Ce­ pendant, Hitler attaqua le Danemark et la Norvège en 1940, par crainte de l'influence soviétique en Scandinavie, mais il avait sous­ estimé la puissance de l'armée soviétique, à cause du "Général Hiver".

Il àttaqua donc son ancien allié en juin 1941; décision dé­ sastreuse, comme il apparaîtrait plus tard.

En 1941, la Finlande, devenue l'alliée de l'Allemagne, attaqua la Russie, dans l'espoir de reconquérir les territoires cédés.

Manner­ heim, toujours chef de l'armée, marqua des points au début.

Mais la guerre se déplaçait vers l'est et les Soviétiques gagnaient du ter­ rain.

En septembre 1944, Mannerheim fut con­ traint de signer un armistice avec Staline.

Lors du traité de paix qui suivit, la Finlande dut encore céder un peu plus de territoires et payer une lourde d~tte de guerre.

Manner- .

heim demeura encQre deux ans président, puis sa santé l'obligea à se retirer.. »