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COMMENT VIVAIT DESCARTES ? SES HABITUDES - SON CARACTÈRE - SES RELATIONS

Publié le 04/04/2011

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descartes

     Un simple coup d'oeil jeté sur sa vie nous montre en Descartes non pas un pur intellectuel, enfermé dans sa pensée, mais un homme singulièrement vivant et dont la personnalité n'est pas moins attachante que la doctrine.

   Son emploi du temps. Descartes est loin de consacrer tout son temps aux spéculations philosophiques et scientifiques.    Il nous en donne lui-même un témoignage qui n'est pas sans surprendre, quand on songe à l'importance et à la grandeur de son œuvre : Je puis dire avec vérité que la principale règle que j'ai toujours observée en mes études et celle que je crois m'avoir le plus servi pour acquérir quelque connaissance, a été que je n'ai jamais employé que fort peu d'heures par jour aux pensées qui occupent l'imagination et fort peu d'heures par an à celles qui occupent l'entendement seul et que j'ai donné tout le reste de mon temps au relâche des sens et au repos de l'esprit ; même je compte entre les exercices de l'imagination toutes les conversations sérieuses et tout ce à quoi il faut avoir de l'attention Une telle vie cependant n'est pas oisive, sinon d'une oisiveté « pleine de pouvoir «.

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« supporter mal la contradiction.

Mais c'est qu'il a l'orgueil de son génie et qu'il lui faut se défendre avec vigueurcontre des attaques dont plusieurs ne laissent pas d'être tendancieuses ou perfides.

Il a un vrai talent de polémisteà la dent dure, à l'ironie cinglante.

Son caractère altier et son dogmatisme l'empêchent parfois de reconnaître seserreurs.

Sinon il accueille et même sollicite les objections, donne complaisamment tous les éclaircissements qu'il jugeutiles sur sa doctrine.

Au jeune Burman qui vient le consulter en 1648, il n'hésite pas à livrer sa pensée la plus intimedans ce que nous appellerions de nos jours un interview à cœur ouvert. Ses amitiés féminines.

Descartes est resté célibataire.

Pressenti pour le mariage en 1625, il déclare que sa propreexpérience lui faisait mettre une belle femme, un bon livre et un parfait prédicateur au nombre des choses les plusdifficiles à trouver de ce monde, ajoutant qu'il ne trouvait point de beauté comparable à celle de la vérité.

C'est direoù vont ses préférences profondes.

Pourtant il est loin d'être insensible au charme féminin et se conduit toujours enparfait galant homme.

Témoin cette brève aventure dont Baillet nous fait le récit.

« Mme du Rosay, qui se faisaithonneur d'avoir été la seule qu'il eût recherchée, était toujours fort curieuse de raconter dans toutes les bonnescompagnies une aventure où son serviteur, qui n'était encore qu'un jeune cavalier, s'était signalé pour l'amour d'elle.Elle prétendait que M.

Descartes, retournant un jour de Paris où il l'avait accompagnée avec d'autres dames, avaitété attaqué par un rival sur le chemin d'Orléans, et que, l'ayant désarmé, il lui rendit son épée, disant qu'il devait lavie à cette dame pour laquelle il venait d'exposer lui-même la sienne ».

C'était vers 1625.

Plus tard, Descartesdevait connaître encore la passion amoureuse.

C'était à Amsterdam aux environs de 1632-34.

Il y rencontre unejeune servante, Hélène Jans, dont on ne sait presque rien, sinon qu'il eut d'elle une fille baptisée le 7 août 1635 àl'église protestante de Deventer sous le nom de Fransintge, Francinette, sans doute par nostalgie du pays natal.Descartes aima beaucoup Francine qui mourut à l'âge de six ans le 7 septembre 1640.

Mais il semble qu'il se détachabientôt d'Hélène, à qui il fit assurer une pension.

Au dire de Baillet, il rétablit très vite son célibat dans sa premièreperfection avant même qu'il eût acquis la qualité de père, et il confie à Clerselier en 1644 qu'il y a près de dix ansque Dieu l'a retiré de ce dangereux égarement, le préservant de la récidive. Les amitiés féminines les plus sûres furent pour Descartes d'ordre littéraire ou intellectuel, tant il désavouait lepréjugé d'une époque qui tenait les femmes pour inférieures dans les choses de l'esprit.

Sa correspondance avec laprincesse Elisabeth de Bohême1 est justement célèbre.

C'est pour elle qu'il écrit ses plus belles lettres, n'hésitantpas à lui exposer sa morale, qu'il ne divulgue pas d'ordinaire.

Leur commerce épistolaire, commencé en 1643, devaitse poursuivre pendant près de sept ans.

Dès le début, Descartes fait compliment à la princesse de son esprit et desa beauté, dont la renommée l'a entretenu.

S'excusant de ne point la connaître encore, il écrit : J'aurais eu trop demerveilles à admirer en même temps ; et voyant sortir des discours plus qu'humains d'un corps si semblable à ceuxque les peintres donnent aux anges> j'eusse été ravi de la même façon que me semblent le devoir être ceux qui,venant de la terre, entrent nouvellement dans le ciel.

C'est à elle qu'il dédie les Principes de Philosophie.

Il aremarqué dans son altesse des qualités si rares et si estimables que je crois que c'est rendre service au public deles proposer à la postérité pour exemple.

Enfin, après avoir souligné son égale aptitude aux mathématiques et à lamétaphysique, rencontre fort rare, il écrit : Mais ce qui augmente le plus mon admiration, c'est qu'une si parfaite etsi diverse connaissance de toutes les sciences n'est point en quelque vieux docteur qui ait employé beaucoupd'années à s'instruire, mais en une princesse encore jeune et dont le visage représente mieux celui que les poètesattribuent aux Grâces que celui qu'ils attribuent aux Muses ou à la savante Minerve.De la reine Christine, Descartes admire le génie polyvalent et la curiosité intellectuelle.

Cette princesse est bien pluscréée à l'image de Dieu que le reste des hommes, d'autant plus qu'elle peut étendre ses soins à un plus grandnombre de diverses occupations en même temps.

Il considère comme un devoir d'aller lui faire sa révérence; et c'estpourquoi, lorsque la Reine lui dépêche l'amiral Flemming pour le convier à passer en Suède, il ne met point le voyageen délibération mais se résout seulement à obéir malgré son appréhension du climat.

Elle lui réserve d'ailleurs unexcellent accueil : elle veut se l'attacher définitivement en le faisant naturaliser et en l'incorporant à la noblessesuédoise, honneur que Descartes décline sans doute pour la raison qu'il confie à un autre : Je ne désire que latranquillité et le repos qui sont des biens que les plus puissants rois de la terre ne peuvent donner à ceux qui ne lessavent pas prendre d'eux-mêmes.

A l'occasion des fêtes de la paix de Munster, elle obtient de lui qu'il compose desvers français pour le bal et une comédie en français également.

Il s'en acquitte avec enjouement; mais il lui sembleque la reine ne l'a fait venir que pour le divertir et qu'elle n'est pas assez attentive à sa philosophie.

Enfin c'est pourlui être agréable qu'il sort dans l'aube glacée de l'hiver suédois et qu'il s'expose à une mort prématurée. Son sentiment patriotique.

Descartes est le type même de l'humaniste qui pense sous le signe de l'universel. Rien qui rappelle en lui cet esprit nationaliste si fréquent, au contraire, chez les philosophes allemands.

Il estéminemment représentatif de cette universalité humaine que l'on accorde généralement au génie français.

D'autrepart, les voyages qu'il entreprit dans sa jeunesse eussent suffi à le dégager de tout particularisme national.

Ce n'estpas à dire qu'il oublie sa qualité de Français.

S'il se fixe en Hollande, il prend soin d'indiquer que l'amour du repos etde la solitude est la seule raison qui lui a fait préférer ce pays au sien.

En allant présenter ses respects auxambassadeurs, il s'enquiert des affaires de son pays.

La philosophie que j'étudie ne m'enseigne point à rejeterl'usage des passions ; et il avoue en avoir de violentes pour souhaiter le retour de la paix civile en sa patrie.

Il atoujours désiré avec ardeur que s'apaisent les orages de France pour pouvoir s'y établir enfin.

Je prie Dieu que lafortune de la France surmonte les efforts de tous ceux qui ont dessein de lui nuire.

A l'annonce que les troubles dela Fronde sont finis, il s'écrie: L'aise que j'ai de savoir que la France a évité le naufrage en une très grande tempêteemporte mon esprit.

Enfin, sur son lit de mort à Stockholm, il lance au médecin étranger qui veut le saigner :Messieurs, épargnez le sang français.. »

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