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EDMOND HUMEAU

Publié le 05/09/2012

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Edmond Humeau a longtemps donné l'impression qu'il travaillait à fermer toutes les issues de son monde, en pratiquant une diction métaphorique, portée à son extrême point de densité, qu'il chargeait d'exprimer aussi bien sa pensée - fort subtile - que les images (inopinées ou savamment élaborées) qui lui appartiennent en propre, reconnaissables à leur grain tellurique, voire paysan...

« POÈTES FRANÇAIS D'ArJOt'RD'IIUI 213 cette consolation-là et, dans un important recueil paru en 1957 : Le neuf du cœur, il a fait quelques trous dans la couche d'obscurité qui le séparait de son lecteur.

Cette dialectique, qu'est-elle ? On peut s'en faire une idée si l'on se rappelle certaine étrange proposition de Lautréamont : « C'est un homme ou une pierre ou un arbre qui va commencer le quatrième chant.

» Les attitudes figées du Jp.inéral, ou, mouvantes, de la flamme et de la bête, sont autant d'inflexions et de mutations d'un verhe universel qui n'en aura jamais fini de retentir ; il en va des métamorphoses naturelles comme il en va des phases de la pensée : ce sont avatars d\me parole en constante évolution vers la lucidité suprême, le maître-mot.

Dès lors la torsion et la tension excessives de cette poésie apparaissent consubstantielles à l'ambition qui la nour• rit : on ne saurait épouser les contours du rocher, les convulsions de la vague, les arabesques de l'alouette, on ne saurait flamber avec le feu, rugir avec les fauves, dan• ser avec l'averse, sans se départir du respect des propor~ tions, des clauses de style, de la mesure et du « bon goût ».

La personnalité d'Edmond Humeau échappe, en vérité, à ces critères ; elle s'impose comme un fait, dans sa configu• ration tout ensemble brutale et complexe ; s'il faut à tout prix la référencer, disons qu'elle fait tour à tour penser à Lucrèce, aux baroques du XVIIe siècle, au Rimbaud qui « trinque avec un moignon vieux » ; sans oublier la part d'humour et de surréalité qui s'y conjugue avec une minu­ tie d'entomologiste et une bonne grosse saveur campa• gnarde: Aux paroles que pressentent les bêtes Accordons an moins notre frénésie Un cou de cheral allonge un peu d'âme Une peau de chat grésille d'ennui La tête d'un chien vous répondra rite Faut-il aussi ~·ous approcher des lions Pour qu'à leurs pattes vous écoutiez t•it:re La métamorphose des dieux bénins Je demande que nous les écoutions. »

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