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Friedrich Hölderlin

Publié le 22/04/2012

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Élevé à Nürtingen, Hölderlin fit des études de théologie et de philosophie avec Hegel, au séminaire protestant de Tübingen. En dépit de cette préparation religieuse, le jeune Hölderlin ne devint jamais pasteur, mal à l'aise avec le dogme chrétien qui entrait en contradiction avec sa vénération pour les anciens mythes grecs. Il en garda une profonde spiritualité, concevant son rôle comme celui d'un poète, médiateur entre les dieux et les hommes. En 1793, il rencontra le dramaturge Schiller qui l'influença, publia son œuvre de jeunesse dans sa revue Nuee Thalia  et l'aida à obtenir des emplois de précepteur. En poste à Francfort chez le riche banquier Gontard, il s'éprit d'une passion partagée pour la mère de ses élèves, Susette Gontard, amour qui le contraignit à quitter la ville en 1798, chassé par le mari. Il se réfugia dans l'écriture d'Odes  et d'Élégies, mais sa grande productivité ne lui permettait pas d'en vivre. Il reprit ses habits de précepteur chez un consul allemand à Bordeaux. Lorsqu'il apprit la mort de Susette en 1802, il partit à pied vers Nürtingen, où il arriva dans une grande détresse financière et mentale. Son ami Sinclair le recueillit et lui procura une place de bibliothécaire et une modeste pension. Mais le poète sombrait dans une folie sans espoir de retour. Sa mère le fit interner dans une clinique de Tübingen, où il mourut en laissant derrière lui une œuvre immense et méconnue dont le génie ne sera découvert qu'au XXe siècle.      

 

« sans issue pour Diotima, ses rapports amicaux avec ses contemporains, tels que Hegel et Schelling, sa rencontre respectueuse avec Schiller et Fichte, ses rapports avec la cour du landgrave de Hesse-Hombourg : tout cela prouve bien que nous n'avons pas affaire à un rêveur passant, inconscient, à côté de la vie réelle, mais à un homme connaissant le prix de chacune de ses expériences.

Lorsqu'il naquit, en 1770, à Lauffen sur le Neckar, la bourgeoisie souabe, à laquelle appartenaient ses parents, était entièrement dominée par des traditions familiales rigides et une morale protestante sévère, auxquelles s'opposait l'absolutisme territorial du prince Charles-Eugène.

Destiné à la carrière théologique, Holderlin fréquenta, dès 1785, les écoles monacales protestantes de Denkendorf et Maulbronn.

Mais lorsque, en automne 1788, il commença au couvent de Tubingue ses études de théologie proprement dites, il apparut bientôt qu'il était incapable d'enserrer son esprit entre les bornes des articles de foi ecclésiastiques et que l'étude de la philosophie grecque, d'Homère et de Platon, de Pindare et de Sophocle, lui était aussi nécessaire que l'assimilation des grandes créations intellectuelles de son temps.

Klopstock et Schiller servirent de modèle à ses premiers essais poétiques; Rousseau et Kant orientèrent sa pensée; la querelle qui sévissait alors autour de Spinoza le contraignit à confronter à son tour la légitimité de la foi en la révélation avec celle en l'intelligence panthéiste du monde.

Il sc vit ainsi de plus en plus entraîné dans les grands débats spirituels.

Partagé entre la poésie et la philosophie, il était naturel qu'il essayât, ses études achevées en 1793, de se rendre à l'Université d'Iéna, où enseignait Fichte et qui était alors le foyer de la philosophie idéaliste.

A vrai dire, cette nouvelle période d'études devait seulement le précipjter, au cours des années suivantes, en des crises de plus en plus graves; une vie errante allait même le mener, pour quelques mois, comme précepteur jusqu'à Bordeaux, sans qu'il ne parvînt, cependant, à assurer l'équilibre de sa vie matérielle.

Mais il ne faut voir dans tout cela que son inflexible détermination d'harmoniser ses expériences spirituelles, jusqu'au jour où la maladie mentale, qui n'avait cessé de s'aggraver depuis 1803, le condamne enfin au silence.

On ne saurait, en quelques mots, caractériser l'œuvre poétique de Holderlin.

Seules, une lecture patiente et une interprétation minutieuse peuvent faire saisir de quelle manière un homme acculé aux limites de l'être y retrouve, par sa foi dans la nature, la possibilité d'une nouvelle pitié, nourrie de l'expérience de la souffrance et des déchirements de la séparation; Le premier groupe de poèmes, encore écrit à Tubingue et communément appelé H_ymnes aux idéaux de l'humanité, célèbre simplement une vie supérieure d'amour, d'amitié, de vérité et de beauté; la langue, malgré son intensité d'expression, y sacrifie encore trop à une rhétorique abstraite pour permettre une forme lyrique nettement définie.

Elle gagnera en fermeté dans la première ébauche du roman d' Hypérion en mettant l'accent sur les liens qui rattachent l'homme aux puissances élémentaires de la nature.

Il serait aisé de montrer comment, dans les essais suivants, Holderlin s'éloigne de plus en plus d'une conception purement matérielle et objective de la nature et comment il puise dans les poètes grecs, et notamment dans le monologue où l'Ajax de Sophocle évoque l'île natale, le courage de la déclamation exaltée.

Aussi sa langue, dans la version définitive du roman, aura-t-elle acquis une solennité et une plénitude nouvelles.

De même les diverses rédactions du drame d'Empédocle mettront constamment à l'épreuve la puissance et l'impuissance de la parole, qui, par l'invocation, s'assure de la présence des dieux, tout en menaçant de les abolir.

Ainsi, roman et drame préparent le terrain sur lequel le poème lyrique pourra s'épanouir, selon les lois de sa liberté propre.

Dans les grandes compositions telles que la Plainte de Ménon sur la perte de Diotima, l'Archipel, l'hymne au Rhin, les strophes sur Pathmos, le langage devient unique et incomparable : son libre mouvement permet au poète d'exorciser, par la parole rythmée et mélodique, la souffrance de l'homme.

Plus Holderlin- tout controversé qu'il est- nous est apparu comme un sage qui, loin de ~'obstiner à résoudre les insolubles problèmes de l'existence humaine, les surmonte par le pouvoir de la poésie, plus sa présence nous est devenue sensible et plus son œuvre atteste à nos yeux l'unité poésie-pensée-foi si typique pour ce temps et dont elle nous apporte un nouvel et émouvant témoignage.. »

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